Communication de l’Honorable Mamadou Thug à la plénière d’adoption de quatre lois majeures relatives à la culture

Communication de l’Honorable Mamadou Thug à la plénière d’adoption de quatre lois majeures relatives à la culture

1 novembre 2025 Non Par Doura

 

 

Honorable Président du Conseil National de la Transition, Dr Dansa Kourouma,
Honorables Présidents de Commissions,
Messieurs les membres du Gouvernement,
Chers collègues Conseillers Nationaux,
Mesdames et Messieurs, tout protocole observé,

Permettez-moi, avant tout, d’exprimer ma profonde gratitude à Son Excellence le Général Mamadi Doumbouya, Président de la République, pour sa vision éclairée et son engagement constant en faveur de la refondation nationale.

Je rends également grâce à Allah, le Tout-Puissant, de m’avoir permis de participer à cette noble mission, sous le leadership éclairé du Dr Dansa Kourouma, artisan infatigable du renouveau institutionnel de notre pays.

Je tiens à saluer le professionnalisme et la rigueur de l’Honorable Professeur Hassane Bah, Président de la Commission Santé, Éducation, Affaires Sociales et Culturelles, ainsi que le travail remarquable de notre rapporteur, l’Honorable Sékou Doré, dont je viens ici appuyer les propos à travers cette brève communication explicative sur les quatre projets de loi soumis à notre adoption en ce vendredi de prière.

Avant d’entrer dans le détail de ces textes, permettez-moi de rappeler que je suis Mamadou Thug, artiste dans l’âme, et que ces lois traduisent en quelque sorte le parcours et les aspirations de toute une génération d’acteurs culturels de notre pays. À travers quelques exemples personnels, je voudrais illustrer l’importance de chacune d’elles.

I. Projet de loi portant organisation des métiers du cinéma en République de Guinée

Dès les premières heures de notre indépendance, en 1958, la Guinée s’est imposée comme un berceau du 7ᵉ art africain.
Sous la vision du Président Ahmed Sékou Touré, l’État créa des institutions majeures telles que le Centre National du Cinéma, soutint des réalisateurs de renom – Paulin Soumanou Vieyra, Mamadou Touré (M.T. Camara), Kaba Bah – et fit des salles de cinéma des lieux d’éducation populaire et de conscientisation.

Cet héritage confère à notre pays une légitimité historique et une responsabilité morale dans la relance du cinéma africain.

L’adoption de ce projet de loi vise à :
• reconnaître le rôle pionnier de la Guinée dans le cinéma africain ;
• doter le secteur d’un cadre juridique moderne, garant de sa professionnalisation et de sa régulation ;
• faire du cinéma un levier de développement économique, social et culturel.

Cette loi marque la renaissance du cinéma guinéen.
En tant qu’artiste, j’ai eu l’honneur de réaliser plusieurs films et vidéos, dont celui qui m’a valu le surnom de Mamadou Thug, projeté en novembre 2007 à la Faculté de Médecine de l’Université Gamal Abdel Nasser de Conakry, alors que j’étais encore étudiant.

II. Projet de loi portant protection et valorisation des instruments traditionnels de musique et de danse

La Guinée occupe une place unique dans le patrimoine musical africain.
Dès l’indépendance, elle a fait rayonner son identité à travers la création d’ensembles prestigieux : Les Ballets Africains, le Bembeya Jazz National, le Syli Orchestre National, entre autres.

Mais aujourd’hui, ce trésor culturel est menacé par :
• la disparition des savoir-faire liés à la fabrication artisanale des instruments traditionnels ;
• la marginalisation des artistes traditionnels face à la mondialisation culturelle ;
• l’absence d’un cadre légal assurant la transmission de ces richesses immatérielles.

Adopter cette loi, c’est :
• sauvegarder nos racines culturelles,
• protéger nos maîtres artisans,
• assurer la pérennité d’un patrimoine qui incarne l’âme musicale de notre nation.

Préserver nos instruments traditionnels, c’est préserver la voix même de notre histoire.
En tant qu’artiste passionné de musique, j’ai enregistré ma première maquette, Mamadou Yalti Golé, au studio de Dicki Sum à Yimbaya, entre 2002 et 2004, à l’occasion de la sortie de l’album du groupe Suprem 2MT de Bilia Bah et feu Princ’o. Ce fut pour moi un acte fondateur d’amour pour la musique guinéenne.

III. Projet de loi portant organisation des spectacles vivants en République de Guinée

Les spectacles vivants — concerts, théâtre, danse, cirque, humour — constituent le cœur battant de notre vie culturelle et sociale.
Ce secteur dynamique, porteur d’emplois et de créativité, mérite un encadrement juridique clair, protecteur et promoteur.

Ce projet de loi vise à :
a) structurer un secteur vital de la culture nationale ;
b) protéger les artistes et leurs œuvres ;
c) stimuler l’économie culturelle ;
d) promouvoir la diversité et l’identité guinéenne ;
e) encadrer les spectacles étrangers tout en favorisant les échanges internationaux.

Au-delà du texte, c’est un outil de développement et un levier d’emploi.
Cette loi affirme que la culture n’est pas un luxe, mais une force économique, une expression de liberté et un ciment de cohésion nationale.

En tant que comédien professionnel, j’ai eu l’honneur de représenter la Guinée au Festival Panafricain de Théâtre d’Alger avec le Théâtre National, sous la direction de feu Tantie Magass.
Je suis également humoriste et producteur, détenteur de deux licences professionnelles à travers mon label Soudou Daardja et le centre culturel Ka Werde.

IV. Projet de loi portant statut de l’artiste et des professionnels de la culture

Depuis le 2 octobre 1958, les artistes guinéens occupent une place centrale dans la construction de notre identité nationale.
Sous l’impulsion du Président Ahmed Sékou Touré, la culture devint un pilier de souveraineté et de dignité africaine.

Ce projet de loi vient :
• reconnaître officiellement la contribution des artistes à la Nation ;
• leur garantir une protection sociale et professionnelle ;
• faire de la culture un vecteur de développement économique et humain.

Adopter cette loi, c’est rendre justice à ceux qui portent la mémoire, la parole et l’âme du peuple guinéen.
C’est affirmer que la Guinée place l’humain, la culture et la dignité au cœur de son projet de société.

Et, Monsieur le Président, vous avez au sein de cette institution un artiste dans l’âme, témoin et acteur de cette transformation culturelle.

Ces quatre projets de loi forment un ensemble cohérent, ambitieux et historique.
Ils traduisent la volonté commune du Gouvernement et du Conseil National de la Transition de refonder la politique culturelle nationale sur des bases solides : reconnaissance, protection, professionnalisation et valorisation.

Chers collègues Conseillers,
en votant ces lois, nous posons un acte de renaissance culturelle, celui de réconcilier la Guinée avec sa grandeur artistique et d’offrir à notre jeunesse créative les moyens d’inventer un avenir à la hauteur de notre héritage.

Honorable Mohamed Lamine Diallo alias Mamadou Thug
Artiste, comédien et membre du Conseil National de la Transition