Mali : Bamako touchée par le blocus jihadiste sur le carburant

Mali : Bamako touchée par le blocus jihadiste sur le carburant

8 octobre 2025 Non Par Doura

 

Au Mali, la crise du carburant qui touchait déjà plusieurs régions du pays atteint désormais la capitale, Bamako. Depuis début septembre, les jihadistes du Jnim, affiliés à al-Qaïda, multiplient les attaques contre l’importation de carburant, incendiant presque quotidiennement des camions-citernes, comme ce fut encore le cas le 6 octobre près de Sikasso. Les villes de Kayes, Ségou, Mopti et Gao connaissent depuis des semaines de graves difficultés pour se ravitailler, et Bamako, jusque-là relativement épargnée, subit maintenant les mêmes contraintes.

Des stations fermées et de longues files d’attente

Dans la capitale, de nombreuses stations-service ont dû fermer. Les quelques points ouverts sont pris d’assaut par les automobilistes, formant des files interminables, parfois jusque tard dans la nuit. « Tout le monde craint qu’il n’y ait bientôt plus d’essence », confie un habitant, tandis qu’un autre raconte voir des voitures en panne sèche ou des motos poussées dans les rues.

Malgré ces difficultés, certains quartiers parviennent encore à se procurer du carburant aux prix officiels (775 francs CFA pour l’essence et 725 pour le gasoil), bien que des tarifs plus élevés apparaissent parfois, notamment en périphérie.

Une inquiétude croissante parmi les habitants

Pas de pénurie totale pour le moment, mais l’angoisse monte. « C’est déjà très difficile, et si cela continue, il n’y aura bientôt plus rien », avertit un Bamakois. La réglementation interdit de stocker de l’essence dans des bidons, ce qui complique encore la situation.

Un économiste malien rappelle que « les hydrocarbures représentent le premier poste d’importation du pays, environ un tiers. Le Mali se ravitaille principalement via le Sénégal et la Côte d’Ivoire, par des axes routiers régulièrement ciblés par les groupes armés. » Selon lui, « la demande reste stable, mais l’offre est partielle et incertaine. »

Des mesures annoncées pour sécuriser l’approvisionnement

Vendredi dernier, le ministre de la Sécurité, le général Daoud Aly Mohammedine, a annoncé à l’issue d’une réunion du Comité interministériel de gestion des crises et catastrophes la mise en place prochaine de « mesures fortes » pour garantir l’approvisionnement du pays, tout en appelant les Maliens à garder leur calme. L’armée escorte déjà certains convois, mais les attaques persistent. Dans la région de Mopti, des notables ont tenté, avec l’appui des services de renseignement, d’établir un dialogue avec le Jnim pour lever le blocus, sans succès pour l’instant.

Diarra Transports présente ses excuses

Dans une vidéo diffusée lundi soir, Nah Diarra Coulibaly, directrice de la compagnie malienne Diarra Transports, a présenté ses excuses « à tous les clients, à tous les Maliens et à tous les musulmans » pour les désagréments causés par l’arrêt des activités du groupe depuis six semaines et demie. Diarra Transports était directement visée par le Jnim dans son annonce du 3 septembre concernant le blocus de Kayes et Nioro du Sahel.

Témoignages des habitants

Un habitant de Bamako décrit les difficultés : « Toutes les stations sont fermées sauf quelques-unes. Ce matin à 5h, j’ai essayé d’aller faire le plein, mais j’ai dû faire demi-tour devant une centaine de personnes en file. »

Il poursuit : « Les motos sont en panne, les transports collectifs ont fortement diminué, à peine 30 % circulent. Faute de carburant, les gens n’arrivent pas à rejoindre leur travail. La capitale ne produit rien localement, tout vient de l’extérieur. Si la situation persiste, nous serons privés de denrées alimentaires. Les autorités doivent agir pour soulager la population. »


Avec Agence