Madagascar : « J’ai dû partir dans un lieu sûr car ma vie est en danger », confirme le président Andry Rajoelina

Madagascar : « J’ai dû partir dans un lieu sûr car ma vie est en danger », confirme le président Andry Rajoelina

13 octobre 2025 Non Par Doura

 

Andry Rajoelina, annonce ce lundi 13 octobre qu’il a bien quitté le palais présidentiel de Iavoloha à Madagascar. Les rumeurs circulaient depuis hier déjà sur les réseaux sociaux mais la Présidence niait, malgré la confirmation de RFI, le départ du chef de l’Etat malgache. Dans son allocution ce lundi soir, Andry Rajoelina assure qu’il l’a fait « pour sa sécurité ».

« Mon intégrité physique était menacée, un coup d’Etat se préparait, j’ai dû quitter Madagascar pour ma sécurité« , déclare le président Andry Rajoelina, ce lundi 13 octobre, sur ses réseaux sociaux. Il s’est exprimé durant 26 minutes et confirme être « dans un lieu sûr et que des gens cherchent à le tuer », sans donner plus de précisions.

Rajoelina est « dans un lieu sûr »
Andry Rajoelina ne démissionne pas et assure avoir refusé l’appui militaire de plusieurs pays tiers dans cette crise que traverse son pays.

Une partie des forces de sécurité ainsi que des hommes de confiance, restés fidèles au Président, auraient averti : « On préfère que vous restiez vivant plutôt que de vous voir mourir en héros, on vous demande donc de partir dans un endroit où vous serez sain et sauf car quelqu’un veut vous tuer à Iavoloha, m’a-t-on dit, a raconté Andry Rajoelina dans son allocution. J’ai appelé plusieurs chefs d’Etat et les responsables de la SADC m’ont demandé si je voulais des renforts de militaires à Madagascar comme ça s’est passé en Éthiopie par exemple mais j’ai dit non », détaille le président.

Le président a aussi insisté sur le fait que le pays doit rester dans le cadre Constitutionnel « afin de ne pas subir des sanctions de la communauté internationale ». Andry Rajoelina a réitéré son appel à l’unité nationale et à prendre ses responsabilités pour redresser le pays.

Il affirme continuer à « être en mission » pour trouver des solutions pour le pays, notamment en matière d’énergie.

Il n’y a qu’une seule issue pour résoudre ces problèmes, c’est de respecter la Constitution en vigueur dans le pays.

Andry Rajoelina, président de la République de Madagascar

Discours reporté à deux reprises
La prise de parole d’Andry Rajoelina, très attendue par le peuple malagasy, a été reportée à deux reprises, en raison de l’arrivée d’un « groupe de soldats armés » au siège de la TVM, la télévision publique, a indiqué la Présidence. Le chef de l’État devait initialement s’adresser à la nation à 20 heures, heure de La Réunion, mais s’est finalement exprimé peu avant minuit.

Le discours n’a pas été diffusé à la télévision publique mais uniquement sur VIVA, la chaîne officielle du Président ainsi que sur les réseaux sociaux. L’allocution a été reprise par d’autres chaînes privées.

 

Depuis quel pays s’adresse-t-il au peuple ?
Andry Rajoelina a quitté le pays le 12 octobre. Selon les éléments publiés par Madagascar Aviation sur sa page Facebook, l’hélicoptère du président a quitté le Palais présidentiel de Iavoloha et a atterri sur l’île de Sainte-Marie dans l’Est de Madagascar. Quelques minutes plus tard, il embarque à bord d’un avion de l’armée française, un CASA CN235, qui était déjà sur place, à destination de La Réunion.

Le président démissionnaire s’est ensuite rendu à Dubaï, à bord d’un avion privé de la compagnie allemande Vistajet (vol H5721).

Reste à savoir si Dubaï n’était qu’une simple escale ou si le président Rajoelina y séjourne en ce moment. Il n’a donné aucun détail à ce sujet.

Des manifestants attendaient la démission
La déception est vive chez certains manifestants, car dès l’annonce de cette prise de parole, les hypothèses quant à une possible démission fusaient. Sur les réseaux sociaux, ils espéraient une démission du président, plusieurs centaines d’entre eux avaient exprimé leur joie sur la place du 13 mai.

 

Des prisonniers politiques libérés
Un peu plus tôt dans la journée, huit prisonniers politiques ont été libérés suite à une remise totale de peine accordée par le chef de l’État malgache, selon un décret signé le 12 octobre 2025. Cette remise gracieuse totale de peine suscite des interrogations de plusieurs observateurs sur un éventuel accord entre les deux présidents. Deux des bénéficiaires sont d’anciens officiers français.

Parmi les personnes concernées figurent trois individus impliqués dans l’affaire Apollo 21 : Paul Maillot Rafanoharana, sa compagne Voahangy Andrianandrianina, ainsi que Philippe Marc François. La liste comprend également Jean Luc Djavojozara, ancien maire d’Antsiranana, et le député Sylvestre Mahavitara, tous deux incarcérés dans des affaires à caractère politique. L’opérateur économique Mbola Rajaonah, détenu depuis plusieurs années dans des affaires de fraude fiscale, figure aussi parmi les bénéficiaires de cette mesure. Enfin, deux journalistes, Roland Hubert Rasoamaharo, dit Lola, et Fernand Cello, ont également été libérés.

Emmanuel Macron « ne confirme rien »
Interrogé par RFI, le président français ne confirme pas l’exfiltration mais dit apporter son soutien aux Malgaches. « Je veux dire la grande préoccupation qu’est la nôtre, dire l’amitié de la France à l’égard du peuple malgache », indique Emmanuel Macron. Je pense qu’il est très important que l’ordre constitutionnel, la continuité institutionnelle soient préservés à Madagascar, parce qu’il en va de la stabilité du pays et des intérêts de la population », poursuit le chef de l’Etat.

Des députés demandent une procédure constitutionnelle
Des parlementaires de l’opposition annoncent la convocation d’une session extraordinaire de l’Assemblée nationale, ce mardi 14 octobre 2025. L’objectif est d’enclencher une procédure d’empêchement du Président de la République, précisent-ils. »Le pouvoir que nous exerçons aujourd’hui nous a été confié par le peuple, et c’est en son nom que nous agissons. C’est donc dans le strict respect de ce mandat populaire que nous avons décidé d’ouvrir cette session », a indiqué la députée Hanitra Razafimanantsoa. Une collecte de signatures est actuellement en cours auprès des parlementaires afin de réunir le nombre requis pour officialiser la démarche et parvenir à un consensus.

« Une tentative de prise du pouvoir illégale »
Andry Rajoelina avait dénoncé dans un communiqué « une tentative de prise du pouvoir illégale et par la force, contraire à la Constitution et aux principes démocratiques en cours sur le territoire national ». Le colonel du CAPSAT, Michael Randrianirina, a répondu que la décision de son unité de rejoindre les manifestants ne constituait pas une tentative de putsch. « Nous avons répondu aux appels du peuple, mais ce n’était pas un coup d’Etat », a-t-il déclaré.

La Réunion 2´1ere