Une visite éclair pour négocier une « paix durable ». Emmanuel Macron s’est rendu à Washington (Etats-Unis), lundi 24 février, pour plaider la cause de l’Europe face à Donald Trump, alors que son homologue américain a opéré ces dernières semaines un rapprochement avec la Russie de Vladimir Poutine. Après avoir longuement abordé la question de la guerre en Ukraine, qui entre dans sa quatrième année de conflit avec la Russie, les deux présidents ont également évoqué les droits de douane entre les Etats-Unis et le Vieux Continent.
Blagues, énergiques poignées de main, petits compliments et gestes d’affection… Derrière l’apparence d’une franche camaraderie, le président français est reparti de la Maison Blanche sans promesse ferme de protection américaine pour les troupes que les Européens sont prêts à déployer en Ukraine, une fois la paix conclue. Voici ce qu’il faut retenir de cette rencontre.
Emmanuel Macron met en garde Donald Trump contre une « capitulation » forcée de l’Ukraine
Malgré d’énormes divergences qui persistent sur le fond, Emmanuel Macron s’est dit « convaincu qu’il y avait un chemin » avec Donald Trump pour mettre fin à la guerre en Ukraine. Le président français a toutefois estimé qu’un accord de paix ne pouvait signifier une « capitulation » de Kiev et a insisté sur la nécessité d’apporter des « garanties de sécurité » pour éviter que le président Vladimir Poutine ne repasse à l’attaque.
« Nous voulons un deal rapide, mais pas un accord qui soit fragile », a dit le chef d’Etat français. Il a aussi estimé, lors d’une interview en anglais à la chaîne de télévision Fox News(Nouvelle fenêtre) après la rencontre, qu’une « trêve » était possible « dans les semaines à venir ». « Une trêve sur les infrastructures [de transport] aériennes et maritimes », a précisé Emmanuel Macron. Et « si elle n’est pas respectée, ce sera la meilleure preuve que la Russie n’est pas sérieuse » dans sa volonté de mettre fin au conflit, a-t-il poursuivi.
Un accord sur les minerais ukrainiens « très proche »
Le président américain a estimé que la signature d’un accord avec l’Ukraine sur l’accès des Américains aux minerais du pays était « très proche ». Il y voit une manière pour les Etats-Unis de récupérer les dépenses engagées pour soutenir militairement Kiev depuis l’invasion russe en 2022.
Une visite de Volodymyr Zelensky à Washington envisagée dans les jours à venir
Donald Trump, qui a multiplié ces dernières semaines les déclarations provocantes à l’égard de son homologue ukrainien, a évoqué une venue de Volodymyr Zelensky à la Maison Blanche afin de ratifier un accord sur les minerais ukrainiens. Cette visite pourrait avoir lieu « cette semaine ou la suivante », a-t-il déclaré.
La question de l’envoi de troupes européennes en Ukraine abordée
Donald Trump, qui mise avant tout sur son dialogue avec le président russe Vladimir Poutine pour faire cesser les combats, a aussi lancé que ce dernier serait d’accord avec le déploiement futur de troupes européennes en Ukraine. Il est toutefois resté évasif sur les garanties de sécurité qu’apporterait éventuellement Washington pour ces soldats.
De son côté, Emmanuel Macron a assuré que « les Européens [étaien]t prêts à aller jusqu’à l’envoi de troupes » pour vérifier que « la paix est bien respectée », affirmant aussi que l’Europe était prête à « renforcer » sa défense – une demande constante de son interlocuteur américain. « Quand on parle de troupes, on en parle le lendemain de la négociation d’une discussion de paix durable », a précisé le président français. Il a assuré que « la solidarité et le soutien américains » seraient « indispensables », en cas de déploiements « de forces de paix sur le sol ukrainien ».
Emmanuel Macron « espère avoir convaincu » Donald Trump d’épargner l’UE sur les droits de douane
Outre le conflit ukrainien, le président français a également plaidé la cause de l’Union européenne face à la marée de nouveaux de droits de douane promis par Donald Trump. Le président américain accuse notamment les pays de l’Union européenne – qui exportent davantage vers les Etats-Unis que l’inverse – de se comporter de manière « injuste » avec son pays.
« Notre volonté, c’est qu’il y ait une concurrence juste », « équitable », entre « nos industries », « des échanges plus fluides et encore davantage d’investissements » de part et d’autre de l’Atlantique, a-t-il affirmé. Les discussions se poursuivront « entre nos ministres, nos équipes, pour clarifier les sujets qui doivent l’être » sur le plan commercial, a-t-il ajouté. « J’espère l’avoir convaincu », a glissé le président français après son entrevue, dans son interview sur la chaîne américaine Fox News. De son côté, le président Donald Trump a affirmé que les droits de douane qu’il souhaite leur imposer seraient appliqués « selon le calendrier prévu ».
Francetvinfo.fr