Poutine affirme qu’une défaite de la Russie en Ukraine est «impossible»
9 février 2024Cette interview, qui s’est étirée pendant plus de deux heures, avait tout d’un long message adressé à l’Amérique et à l’Occident. Au cours d’un entretien diffusée jeudi 8 février sur Twitter, le président de la Russie, Vladimir Poutine, a affirmé qu’une défaite de son pays en Ukraine était «impossible». Face à la lui, le journaliste conservateur américain Tucker Carlson, ex-présentateur vedette de Fox News, évincé en avril 2023. Leur rencontre a souvent pris une tournure de leçon d’histoire très subjective.
Les deux hommes étaient assis face à face dans des fauteuils blancs, installés dans une grande salle. «Jusqu’ici, il y a eu les vociférations et les cris sur (la nécessité) d’infliger une défaite stratégique à la Russie sur le champ de bataille», a déclaré Vladimir Poutine, candidat à sa propre succession à l’élection présidentielle de mars 2024, sans qu’aucun de ses opposants ne soit en mesure de se présenter. «Mais maintenant ils semblent se rendre compte que c’est difficile à réaliser, voire même impossible. A mon avis, c’est impossible par définition. Ça n’arrivera jamais. Il me semble que maintenant, ceux qui sont au pouvoir en Occident en sont également conscients», a ajouté celui qui a lancé l’invasion de l’Ukraine en février 2022.
«Nous n’avons pas d’intérêts en Pologne, en Lettonie ou ailleurs.»
«Si cette réalisation a été bien comprise, ils doivent réfléchir à la suite. Nous sommes prêts à ce dialogue», a-t-il assuré. Les propos du maître du Kremlin, qui s’exprimait en russe, étaient doublés en anglais. Vladimir Poutine a en outre affirmé qu’il était possible de trouver un accord pour la libération du journaliste américain Evan Gershkovich, détenu en Russie depuis presque un an. «Je crois qu’un accord peut être conclu», a-t-il dit. «Il n’y a pas de tabou pour régler cette question. Nous sommes prêts à la résoudre mais certains termes sont en train d’être discutés via des canaux des services spéciaux.»
Le président russe, dont cette interview est la première qu’il a accordée à un journaliste occidental depuis le conflit en Ukraine, a aussi dit exclure une invasion de la Pologne ou de la Lettonie. «Pouvez-vous imaginer un scénario dans lequel vous envoyez des troupes russes en Pologne?», lui a demandé Tucker Carlson, qui est également un proche de l’ex-président américain Donald Trump.
«Seulement dans un cas de figure, si la Pologne attaque la Russie», a répondu Vladimir Poutine. «Nous n’avons pas d’intérêts en Pologne, en Lettonie ou ailleurs. Pourquoi ferions-nous cela? Nous n’avons tout simplement aucun intérêt (…). Il n’en est pas question», a-t-il ajouté.
Le président russe a en outre affirmé que l’élection d’un nouveau président américain, prévue pour le 5 novembre et qui devrait opposer le républicain Donald Trump au démocrate Joe Biden, ne changerait pas les relations entre les Etats-Unis et la Russie.
«Vous venez de me demander si quelque chose changerait si un autre dirigeant arrivait. Ce n’est pas une question de qui est le dirigeant, de la personnalité d’une personne en particulier», a affirmé Vladimir Poutine. Donald Trump comme Vladimir Poutine ne tarissent pas d’éloges l’un sur l’autre. Trump s’est vanté, sans plus de précisions, de pouvoir résoudre la guerre en Ukraine en 24 heures s’il était réélu.
Le président Biden, lui, a qualifié son homologue russe de criminel de guerre, et affiche un soutien inébranlable à Kyiv. Tucker Carlson a annoncé en grande pompe cette semaine qu’il interviewait Vladimir Poutine.Les médias d’Etat russes ont abondamment couvert la visite du présentateur, publiant notamment des photos de lui à l’aéroport et au célèbre théâtre du Bolchoï.