Raila Odinga, l’éternel candidat du Kenya, est décédé en Inde
15 octobre 2025L’opposant historique kényan Raila Amolo Odinga, figure emblématique de la vie politique du pays depuis plus de quatre décennies, est décédé en Inde, où il suivait des soins médicaux, ont confirmé plusieurs sources proches de sa famille ce mercredi.
Agé de 80 ans, Raila Odinga laisse derrière lui un héritage politique considérable, marqué par une lutte acharnée pour la démocratie, la justice sociale et le multipartisme au Kenya.
Une figure historique de la politique kényane
Fils du premier vice-président du Kenya indépendant, Jaramogi Oginga Odinga, Raila Odinga appartenait à l’une des plus grandes dynasties politiques du pays.
Né en 1945 à Maseno, dans l’ouest du Kenya, il s’était imposé comme la voix de l’opposition et le symbole de la résistance au pouvoir autoritaire, notamment sous le régime de Daniel arap Moi.
Il a passé plus de huit ans en prison dans les années 1980 pour son implication présumée dans le coup d’État manqué de 1982 contre le président Moi — un épisode qui l’a propulsé sur la scène politique nationale.
L’éternel candidat à la présidence
Raila Odinga a tenté à cinq reprises d’accéder à la magistrature suprême (en 1997, 2007, 2013, 2017 et 2022), sans jamais être élu.
Ses partisans l’appelaient affectueusement “Baba” (le père), “Agwambo” (Acte de Dieu) ou encore “Tinga” (le tracteur), symbole de son parti politique.
En 2008, il avait été nommé Premier ministre à la suite d’un accord de partage du pouvoir avec le président Mwai Kibaki, après des violences postélectorales qui avaient fait plus de 1 000 morts et déplacé des centaines de milliers de personnes.
Malgré des revers successifs dans les urnes, il était resté le principal opposant du pays, mobilisant des foules immenses et inspirant une génération entière de militants politiques.
De rival à allié de Kenyatta
Longtemps adversaire du président Uhuru Kenyatta, fils de Jomo Kenyatta, Raila Odinga avait surpris tout le monde en 2018 en scellant avec lui une réconciliation historique, connue sous le nom de “The Handshake”.
Ce rapprochement avait mis fin à des années de tensions et ouvert la voie à un projet de réforme constitutionnelle baptisé Building Bridges Initiative (BBI), finalement invalidé par la justice kényane.
Lors de la présidentielle de 2022, Odinga s’était de nouveau porté candidat sous la bannière de la coalition Azimio la Umoja, soutenu par Kenyatta. Il avait toutefois été battu par William Ruto, actuel président.
Un héritage politique et familial durable
Marié à Mama Ida Odinga, Raila était père de quatre enfants : feu Fidel, Rosemary, Junior et Winnie.
Son fils aîné, Fidel Odinga, était pressenti pour poursuivre la lignée politique familiale avant son décès tragique en 2015.
Issu de l’ethnie Luo, Raila Odinga s’était donné pour mission de briser le plafond historique qui avait jusqu’ici empêché les Luo d’accéder à la présidence kényane.
Une icône panafricaine
Raila Odinga n’était pas seulement un homme politique : il était aussi une figure panafricaine respectée, défenseur de la bonne gouvernance et de l’unité du continent.
Il a représenté le Kenya dans de nombreuses missions diplomatiques et a joué un rôle clé au sein de l’Union africaine, notamment comme haut représentant pour les infrastructures en Afrique.
Hommages et réactions
Les réactions affluent depuis l’annonce de son décès.
Le président William Ruto a salué sur les réseaux sociaux « un patriote infatigable, un combattant pour la démocratie et un homme dont la passion pour le Kenya restera à jamais gravée dans l’histoire ».
De nombreux leaders africains, dont Uhuru Kenyatta et Julius Malema, ont également rendu hommage à celui qu’ils qualifient d’« homme du peuple et de la liberté ».
Un vide immense
Raila Odinga laisse derrière lui un vide politique considérable.
Pour des millions de Kenyans, il incarnait l’espoir d’un pays plus juste et plus uni.
Même sans avoir accédé à la présidence, “Baba” aura profondément marqué le destin du Kenya moderne.
La Rédaction de Guinee3.net



