Le scrutin européen a provoqué un séisme. Les électeurs français ont voté pour élire leurs représentants à Bruxelles lors des élections européennes dimanche 9 juin.
Le Rassemblement national est arrivé largement en tête devant la majorité présidentielle, selon notre estimation Ipsos, incitant Emmanuel Macron à prononcer la dissolution de l’Assemblée nationale. Franceinfo vous résume ce qu’il faut retenir de ces européennes.
Le RN largement en tête et « prêt à exercer le pouvoir »
Les sondages l’avaient annoncé : la liste du Rassemblement national est celle qui a obtenu le plus de suffrages en France lors de cette élection européenne, et de loin. La liste menée par Jordan Bardella a recueilli près de 31,5% des voix selon notre estimation Ipsos.
Quelques minutes après l’annonce des premières estimations, Jordan Bardella a réclamé à Emmanuel Macron « de nouvelles élections législatives », une demande formulée depuis plusieurs semaines par anticipation d’une victoire du RN. « L’écart inédit entre la majorité présidentielle et le premier parti d’opposition traduit un désaveu cinglant et un rejet clair de la politique conduite par Emmanuel Macron et son gouvernement », a estimé le président du Rassemblement national dans un discours.
« Nous sommes prêts à exercer le pouvoir si les Français nous font confiance », a ensuite déclaré Marine Le Pen après l’annonce de la dissolution de la chambre basse du Parlement par Emmanuel Macron. « Je ne peux que saluer cette décision qui s’inscrit dans la logique des institutions de la Cinquième République », a déclaré la cheffe de file des députés RN.
Emmanuel Macron annonce la dissolution de l’Assemblée
Ce scrutin européen a des répercussions majeures au niveau national. Emmanuel Macron a annoncé la dissolution de l’Assemblée nationale, lors d’une allocution diffusée une heure après l’annonce des estimations de résultats.
« J’ai entendu votre message (…) et je ne les laisserai pas sans réponse », a déclaré le président de la République, après que la liste de la majorité présidentielle menée par Valérie Hayer n’a pas dépassé 14,7% des suffrages. « Je ne saurais donc, à l’issue de cette journée, faire comme si de rien n’était », a ajouté Emmanuel Macron, qui précise que les deux tours des élections législatives à venir se tiendront le 30 juin et le 7 juillet.
L’annonce a provoqué des réactions diverses, certains responsables y voyant la « seule solution » ou un marqueur de « la déroute cinglante du macronisme », quand d’autres ont dénoncé « un jeu extrêmement dangereux avec la démocratie et les institutions ».
Les socialistes et les insoumis progressent, les écologistes s’effondrent
A gauche, une seule liste s’est hissée sur le podium. La liste PS-Place publique menée par Raphaël Glucksmann a obtenu 14% des suffrages, et finit ainsi en troisième position en France. Le candidat s’est dit « fier » de son score, mais a déclaré n’avoir « pas l’âme à la fête » après le score élevé du Rassemblement national, qu’il a promis de « combattre ».
La France insoumise réalise de son côté une performance légèrement supérieure à celle de 2019 : la liste menée par Manon Aubry a recueilli environ 10,1% des voix, selon notre estimation Ipsos. La tête de liste a vu dans ces résultats une preuve de la « défaite et la déroute cinglante du macronisme », mais martelé que « la page de l’ère Macron (…) ne doit pas se tourner avec le Rassemblement national ».
Les écologistes, en revanche, dégringolent par rapport à leur score de 2019. La liste menée par Marie Toussaint n’a recueilli que 5,5% des voix, un score qui ne lui permet d’envoyer que cinq eurodéputés à Bruxelles, alors que le groupe écologiste au Parlement européen comptait 12 élus français. La tête de liste a concédé une « défaite (…) sèche » et « amère » et affirme avoir « sous-estimé la force des lobbies et la bataille culturelle qui est menée en permanence contre nous et le vivant ».