Les services de secours espagnols ont annoncé jeudi que 41 migrants sénégalais étaient arrivés sur une plage de Tenerife « par leurs propres moyens », après huit jours de navigation. Trois personnes ont dû être hospitalisées pour des « pathologies légères ».
Ils ont navigué pendant huit jours dans l’océan Atlantique. Un groupe de 41 migrants sénégalais, a débarqué, jeudi 13 juillet dans la matinée, sur une plage de l’île de Tenerife, dans l’archipel espagnol des Canaries.
Selon les services de secours espagnols, ces exilés sont arrivés « par leurs propres moyens ». Trois d’entre eux ont été pris en charge et hospitalisés pour des « pathologies légères », ont-ils précisé.
Après avoir interrogé les passagers, la Croix-Rouge a déclaré que l’embarcation était partie des côtes du Sénégal. Parmi les 41 migrants à bord figurent « au moins un mineur », a indiqué un porte-parole à l’AFP.
D’autres canots ont aussi quitté les côtes sénégalaises ces derniers jours, pour tenter de rejoindre les Canaries. Vendredi 14 juillet, la fondatrice de l’ONG Caminando fronteras a annoncé qu’un canot, parti du Sénégal il y a 13 jours, avait fait naufrage au large du Maroc. Selon elle, 20 personnes sont mortes dans l’accident. « Les 40 survivants se trouvent désormais dans la ville de Dakhla », précise la militante.
Dans le même temps, les secours espagnols recherchent toujours trois embarcations parties fin juin du Sénégal, de Kafountine pour l’une et de Mbour pour les deux autres. Caminando fronteras, qui est en contact avec les familles des disparus, avaient annoncé leur disparition le week-end dernier.
Départs en hausse depuis le Sénégal
Selon le maire de Kafountine, David Diatta, « ces migrants ne sont pas de Kafountine, pour la plupart. Ils viennent du reste du Sénégal, mais également de la sous-région, soit de la Gambie, Guinée-Bissau, Guinée-Conkary, et on voit même des Nigériens ».
Une porte-parole du service espagnol de sauvetage en mer Salvamento Maritimo a indiqué qu’un avion a effectué jeudi matin une nouvelle recherche en ratissant la zone, sans succès. « Nous restons en contact » avec les autorités sénégalaises, a signalé cette source, en précisant qu’un avis avait été lancé auprès des navires circulant dans la zone pour les appeler à la vigilance.
Depuis quelques semaines, les départs depuis le Sénégal vers les Canaries se multiplient. Une grande partie de la jeunesse sénégalaise a l’impression qu’aucun débouché n’existe pour elle. Notamment, depuis que « l’État a signé des accords avec les bateaux européens et asiatiques pour la pêche industrielle, dénonce Moustapha Ndiaye, président du groupement des pêcheurs de Mbour interrogé par l’AFP. Il y a moins de poissons et les jeunes partent », poursuit-il.
Selon lui, une dizaine de pirogues seraient parties de la région depuis un mois. Elles partent la nuit, en cachette. Entre juin et septembre, les départs sont plus nombreux. Le vent est plus favorable.
Pour qu’ils ne partent pas, « il faut que nos jeunes aient du boulot »
« La police et la gendarmerie ne peuvent pas arrêter le phénomène de l’immigration clandestine », abonde Mouhamadou Barro, président de la Commission migration de la commune de Mbour. Il note que le phénomène est reparti à la hausse en 2023. Pour l’enrayer, dit-il, « il faut que nos jeunes aient du boulot ».
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Selon les derniers chiffres du ministère espagnol de l’Intérieur, 12 704 migrants sont arrivés illégalement en Espagne au premier semestre, dont une majorité (7 213) aux Canaries, un chiffre en baisse de 11,35 % par rapport à la période correspondante de 2022.
De son côté, Dakar affirme que 260 Sénégalais « en détresse » ont « été secourus dans les eaux territoriales marocaines » entre le 28 juin et le 9 juillet.