Tunisie : la tension entre habitants et exilés au plus haut à Sfax, un homme tué à l’arme blanche

Tunisie : la tension entre habitants et exilés au plus haut à Sfax, un homme tué à l’arme blanche

5 juillet 2023 Non Par LA RÉDACTION
Le président tunisien Kaïs Saïed à la rencontre de migrants subsahariens à Sfax, en juin 2023. Crédit : Picture alliance
Le président tunisien Kaïs Saïed à la rencontre de migrants subsahariens à Sfax, en juin 2023. Crédit : Picture alliance

Un Tunisien d’une quarantaine d’années a été tué d’un coup de couteau lundi soir à Sfax, dans le centre-est de la Tunisie. La veille, des affrontements avaient opposé des migrants subsahariens à des habitants de Sfax. Depuis plusieurs semaines, les tensions se multiplient entre ces deux populations alors que de plus en plus de bateaux partent pour l’Europe depuis cette ville.

Les tensions entre Tunisiens et migrants subsahariens ont atteint un nouveau degré de violences lundi 3 juillet. Dans la soirée, un homme a été tué lors d’affrontements entre ces deux populations dans le quartier de Sakiet Eddaïer, au nord de Sfax, dans le centre-est de la Tunisie, a appris mardi InfoMigrants.

La victime, âgée de 41 ans, a été mortellement blessée vers 23h par une arme blanche, a précisé Faouzi Masmoudi, porte-parole du Parquet de Sfax, joint par InfoMigrants.

Une enquête a été ouverte, et « trois migrants soupçonnés d’avoir pris part à l’altercation mortelle ont été arrêtés », assure-t-il. Selon les premiers éléments, les exilés seraient originaires du Cameroun.

Peu de temps après, des violences ont éclaté dans plusieurs quartiers de Sfax, a observé le correspondant du Monde sur place. Des jets de pierre ont été lancés, des individus masqués avec des barres de fer ont été aperçus et des maisons ont été incendiées, selon le quotidien du soir.

Affrontements à coups de jets de pierre

Depuis des mois, la ville de Sfax est sous tension en raison de la présence de nombreux exilés candidats au départ vers l’Europe. Dimanche soir, des heurts ont éclaté entre migrants subsahariens et habitants du quartier de Rabd. Les deux camps s’étaient déjà affrontés à coups de jets de pierre, endommageant des véhicules et des habitations. Pour disperser la foule, les gendarmes avaient fait usage de gaz lacrymogène. Plusieurs personnes ont été blessées dans l’incident, dont des membres des forces de l’ordre, d’après le porte-parole.

Une semaine plus tôt, des centaines de manifestants avaient protesté à Sfax pour réclamer le départ des migrants irréguliers de la ville. Sur les pancartes, on pouvait y lire : « Protéger Sfax », « Expulsions », « Sfax n’est pas un point de passage ». La commune est le point de départ d’un grand nombre de traversées illégales vers l’île italienne de Lampedusa, distante d’environ 150 km.

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L’agression du Tunisien lundi soir a eu lieu sur la route principale qui mène à une des plages d’où partent les embarcations de migrants. La zone est régulièrement un lieu d’affrontements entre des Tunisiens et des exilés. « Des amis qui habitent dans les environs me disent souvent que des barrages sont érigés par des habitants pour interdire aux Noirs de passer », explique à InfoMigrants Éric*, un Ivoirien qui vit en Tunisie depuis au moins cinq ans. « Il arrive aussi que des jeunes Tunisiens se regroupent et aillent de maison en maison, occupées par des Subsahariens, pour les vandaliser et voler leurs effets personnels comme de l’argent et des téléphones portables », ajoute le jeune homme, qui évite en ce moment de se promener dans la rue de peur d’être agressé.

Recrudescence des violences

Depuis des années, les Subsahariens se plaignent du racisme en Tunisie. Mais leur situation s’est encore détériorée ces derniers mois à la suite du discours raciste du président Kaïs Saïed, pourfendant l’immigration clandestine et la présentant comme une menace démographique pour son pays. Le chef de l’État a affirmé, le 21 février dernier, que la présence de « hordes » d’immigrés clandestins venant d’Afrique subsaharienne était source de « violence et de crimes ».

Des propos que le chef de l’État a réitéré lundi 26 juin, parlant de migrants qui « terrorisent » les citoyens.

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Fin février, plusieurs ONG locales et internationales avaient dénoncé « les discours de haine et d’intimidation contre les migrants [d’Afrique subsaharienne] diffusés sur les réseaux sociaux qui contribuent à la mobilisation contre les groupes les plus vulnérables et alimentent des comportements violents à leur encontre ».

Fin mai, un migrant béninois de 30 ans a été mortellement poignardé lors d’une attaque menée par un groupe de jeunes Tunisiens dans un quartier populaire à Sfax.

Infomigrants