La justice tunisienne a ouvert lundi une enquête après des heurts entre migrants d’Afrique subsaharienne en situation irrégulière et des habitants de Sfax, dans le centre-est de la Tunisie. Depuis des mois, des tensions secouent la ville, connue pour être un lieu de départ des embarcations de migrants.
Dans la nuit du dimanche 2 au lundi 3 juillet, des affrontements ont opposé des migrants subsahariens à des habitants du quartier de Rabd, à Sfax, dans le centre-est de la Tunisie. Les jeunes se sont affrontés à coups de jets de pierre, a indiqué à l’AFP le porte-parole du parquet de Sfax, Faouzi Masmoudi. Des véhicules et des habitations ont été endommagés par des flammes.
Aucune victime n’est à déplorer mais certaines personnes ont été blessées, selon la presse locale. La police est intervenue sur les lieux de l’incident, et a fait usage de gaz lacrymogène pour mettre fin aux heurts.
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Une enquête a été ouverte pour déterminer les responsables et les causes de ces violences, a précisé Faouzi Masmoudi.
La ville de Sfax est le point de départ d’un grand nombre de traversées illégales vers l’île italienne de Lampedusa, distante d’environ 150 km.
Discours virulents du président
La présence des migrants en situation irrégulière suscite un mécontentement de plus en plus prononcé chez les habitants de cette commune, qui réclament leur départ. Dans les quartiers populaires de la ville, où habitent généralement les exilés, des violences verbales et physiques éclatent souvent entre les deux parties.
Le week-end dernier, des centaines de manifestants avaient protesté contre les exilés à Sfax, au son de slogans comme « Protéger Sfax », « Expulsions », « Sfax n’est pas un point de passage »…
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Ces violences se sont multipliées après un discours le 21 février du président Kaïs Saïed pourfendant l’immigration clandestine et la présentant comme une menace démographique pour son pays. Des propos que le chef de l’État a réitéré lundi 26 juin, parlant de migrants qui « terrorisent » les citoyens.
Fin février, plusieurs ONG locales et internationales avaient dénoncé « les discours de haine et d’intimidation contre les migrants [d’Afrique subsaharienne] diffusés sur les réseaux sociaux qui contribuent à la mobilisation contre les groupes les plus vulnérables et alimentent des comportements violents à leur encontre ».
Fin mai, un migrant béninois de 30 ans a été mortellement poignardé lors d’une attaque menée par un groupe de jeunes Tunisiens dans un quartier populaire à Sfax.
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