Table ronde sur la Guinée à Dubaï : le discours du premier ministre Bernard Goumou

Table ronde sur la Guinée à Dubaï : le discours du premier ministre Bernard Goumou

16 février 2024 Non Par LA RÉDACTION

Monsieur le Président du Conseil National de la Transition

Monsieur le Conseiller du Président de la République ,

Monsieur l’ancien Premier ministre, Cher aîné Kabinet Komara,

Éminents représentants des Émirats Arab Unis

Mesdames et messieurs les membres du Gouvernement,

Monsieur le ministre du Commerce et de l’industrie du Mali

Mesdames et messieurs les Chefs des délégations des pays et institutions financières, partenaires au développement de la Guinée,

Mesdames et messieurs les opérateurs économiques,

Mesdames et messieurs les représentants de la société civile,

Distingués Invités,

Mesdames et messieurs,

La République de Guinée, son Président, le Général Mamadi DOUMBOUYA, ma délégation et moi-même sommes honorés par la générosité de l’accueil et la qualité de l’hospitalité qui nous sont réservés par le Président des Emirats Arabes Unis son Altesse Mohammed bin Zayed AL Nayan ( Que Dieu lui Garde – Que Dieu lui protège), ainsi que par son Gouvernement.
Son leadership inspire pour avoir fait des Emirats Arabes Unis un écrin admiré et convoité par le monde entier. Notre présence ici en dit long sur nos ambitions à relever le défi du développement de notre pays, la République de Guinée et combien nous apprécions votre soutien pour l’organisation de la présente table ronde de haut niveau des bailleurs de fonds, des représentants des pays amis et des institutions financières internationales qui ont répondu favorablement à notre invitation.
La présence ici des autorités de Émirats Arabes Unies aux côtés d’éminents dirigeants du monde des affaires et de la société civile, témoigne de leur engagement ainsi que celui de toutes et tous en faveur du développement et de la prospérité de la Guinée. Ce défi, nous le relèverons ensemble car la République de Guinée se montrera à la hauteur des enjeux et méritera la confiance qui sous-tend son engagement.
Aussi, mon Président de la République, Son Excellence le Général Mamadi DOUMBOUYA, Président de la République de Guinée vous transmet, par ma voix, ses vœux de succès pour les présentes rencontres. Puisse les échanges fructueux inscrits à l’agenda de cette table ronde permettre à la Guinée de poser avec la communauté internationale les bases d’un partenariat stratégique mutuellement audacieux ponctué pas seulement d’annonces mais de contributions substantielles pour le financement du Programme de Référence Intérimaire (PRI) 2022-2025.
Distingués invités,

La présente table ronde s’ouvre dans un contexte marqué par des événements qui appellent notre investissement collectif pour l’avènement d’un monde de paix et de progrès social face aux poussées djihadistes au Sahel, aux multiples questionnements sur le rôle de la CEDEAO, aux tensions entre l’Ukraine et la Russie, à la crise au Proche-Orient… Il nous apparait plus que jamais de marquer l’importance de la diplomatie et de la coopération dans la recherche de solutions de paix durables pour notre région ouest-africaine, et, au-delà, pour le monde.
La République de Guinée, forte de son histoire œuvrera toujours pour la paix et la solidarité entre les peuples tout en appelant à une coopération gagnant-gagnant plus élargie dans le but d’un changement qualitatif de paradigme au bénéfice de nos populations.
Distingués invités,

Le 5 septembre 2021, sous l’égide du Comité National du Rassemblement pour le Développement (CNRD), notre pays a pris un tournant décisif afin :
De lutter contre la corruption et l’arbitraire ;
D’améliorer le bien-être des populations ;
De rétablir l’Etat de droit ;
De rendre le pays plus attractif à l’investissement pour une croissance durable et inclusive ;
D’offrir de meilleures perspectives à la jeunesse et aux femmes.
Ainsi, les Autorités ont adopté la Charte de la Transition qui consacre les valeurs et principes devant guider la Transition et ses organes. C’est sur cette base que les institutions de la Transition ont été installées et le gouvernement nommé afin d’assurer la continuité de l’État et la fourniture des services publics de base.
Afin d’éviter un pilotage à vue à la suite de l’expiration du Programme National de Développement Economique et Social (PNDS) 2016 – 2020, le gouvernement a élaboré le Programme de référence intérimaire (PRI). Le PRI est une loi adoptée par le Conseil National de la Transition, organe législatif, et promulguée le 30 décembre 2022 par le Président de la République. Il est le cadre programmatique des actions de développement au cours de la période 2022-2025.
Les axes du PRI sont alignés sur la Charte de la Transition et les grands agendas internationaux de développement dont la Vision 2050 de la CEDEAO, l’Agenda 2063 de l’Union Africaine, les Objectifs du Développement Durable (ODD) à l’horizon 2030.
Ces axes prennent en compte les besoins du pays:

l’édification d’un État resilient doté d’institutions stables et fortes ;
le rattrapage du retard du pays dans le domaine des infrastructures ;
la gestion des mutations transformationnelles (comme la transition démographique, la digitalisation, la diversification de l’économie, les changements climatiques) ;
le renforcement des capacités humaines.
Distingués invités,

Les deux résultats recherchés à travers la réalisation du PRI :
La création durant la Transition des conditions de paix et de sécurité ainsi que celles d’un environnement institutionnel et macroéconomique stable.
L’organisation d’élections libres, crédibles et transparentes, à la satisfaction de toutes les parties prenantes.
Dans sa structuration, le PRI se décline en cinq (5) points adossés à la Feuille de route du Gouvernement:
La rectification institutionnelle ;
Le cadre macroéconomique et financier ;
Le cadre légal et la gouvernance ;
L’action sociale, l’emploi et l’employabilité ;
Les infrastructures, la connectivité et l’assainissement.
Distingués invités,

Les premières actions entreprises par le Gouvernement portent sur la rectification institutionnelle (axe 1 du PRI). Il s’agit de la réconciliation nationale et le dialogue avec la communauté internationale pour un retour à l’ordre constitutionnel.
La reconciliation nationale était nécessaire en raison du niveau des fractures du tissu social sur plusieurs décennies. C’est dans cette perspective que des Assises nationales se sont tenues à travers tout le pays et à l’étranger. Il s’en est suivi la mise en place de plateformes de dialogue politique et social permettant au gouvernement d’échanger d’une part, avec les partis politiques et la société civile, d’autre part, de négocier les réformes sociales avec les syndicats et le patronat.
Les pourparlers engagés avec la communauté internationale, notamment la Communauté Économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) ont permis d’aboutir à un compromis dynamique sur le Chronogramme de la Transition pour un retour à l’ordre constitutionnel.
En plus de l’installation et du bon fonctionnement de tous les organes de la Transition, la permanence du dialogue est un gage de paix et de cohésion sociale au niveau national. Elle instaure un climat de confiance avec la communauté internationale. Ces initiatives constituent pour nous des prérequis indispensables au déroulement des autres étapes du chronogramme de la Transition sur lesquelles, le Gouvernement déploie de façon constamment des efforts.
Distingués invités,

Conformément aux orientations du Président de la République, les arrangements institutionnels nécessaires à la bonne gouvernance politique de la Transition, doivent aller de pair avec une gestion macroéconomique saine. C’est pourquoi, le Gouvernement s’attache, à travers l’axe 2 du PRI, à préserver les grands équilibres financiers de l’État au moyen d’une gestion monétaire prudente, d’un endettement contrôlé et des finances publiques assainies.
L’activité économique, mise à mal par deux années de COVID-19 et la volatilité de la conjoncture internationale, a été relancée grâce à des réformes structurelles dans les secteurs de croissance (énergie, agriculture, transport, digital, développement humain, gestion des ressources naturelles et climat). Mais les besoins restent encore énormes, pour accroître la productivité et améliorer la compétitivité extérieure globale de la Guinée.
Dans l’agriculture, le gouvernement a apporté un soutien massif à la mécanisation, à la fourniture d’intrants et à l’accompagnement technique des agriculteurs. Il s’est donné, comme priorité d’assurer la sécurité alimentaire. La stratégie a consisté à:
augmenter les rendements agricoles,
protéger le pouvoir d’achat des populations;
élargir les partenariats commerciaux pour garantir l’approvisionnement du pays.
Les productions, entre autres, de céréales et de tubercules ont bondi, permettant à la Guinée d’être deuxième producteur de riz en Afrique de l’Ouest en 2023.

L’environnement des affaires a été rendu plus propice pour les activités tant des privés nationaux que des investisseurs étrangers. Le code des investissements révisé est devenu plus attractif. Le code minier a été modernisé et la lutte contre la corruption et l’impunité ont été intensifiées avec la mise en place de la Cour de Répression des Infractions Économiques et Financières (CRIEF).
employabilité » est la réponse du gouvernement aux défis liés à la faiblesse du capital humain et du capital social. La finalité est d’investir plus et mieux dans l’Homme, à toutes les phases de son cycle de vie, afin de lui donner les moyens de devenir un membre productif d’une société plus juste.

C’est à cette fin que le gouvernement met l’accent sur :

la définition et la mise en œuvre d’une stratégie efficace de réduction de la pauvreté ;
la mise en œuvre de la Politique Nationale de l’Emploi (PNE) ;
la promotion de l’emploi et de l’entrepreneuriat ;
l’amélioration de l’employabilité et de l’emploi des jeunes;
la promotion de l’égalité du genre et de l’autonomisation des femmes, ainsi que des filles.
Les attentes légitimes du peuple guinéen dans le domaine social particulièrement pour les femmes et les jeunes, ont amené le gouvernement à consentir des investissements importants dans les domaines de la protection sociale, de la santé, et de l’éducation. En guise d’exemple, c’est par le biais du département ministériel, en charge de l’enseignement technique, qu’est formée une main-d’œuvre qualifiée pour répondre aux besoins des investisseurs.

Distingués invités,

Les autorités de la transition sont conscientes qu’il faut renforcer les bases matérielles du développement tout en gérant au mieux le capital naturel du pays. Ils comptent à travers cette intervention, poser les fondations nécessaires à la croissance économique, à l’amélioration du niveau de vie et au développement social des pays. En investissant dans ces bases matérielles, nous voulons créer un environnement propice à la productivité, à l’innovation et à la durabilité.
C’est en cela, que le gouvernement consacre à travers l’axe 5 « Infrastructures, connectivité et assainissement » du PRI, une part importante des dépenses publiques d’investissement aux infrastructures physiques telles que les routes, les ponts, les ports, les réseaux électriques, les systèmes d’approvisionnement en eau potable, les télécommunications, ainsi que les infrastructures sociales telles que les centres de santé, les salles de classes et les logements sociaux.
Le Gouvernement s’est assigné également pour objectif à travers cet axe, d’élaborer et mettre en œuvre des politiques et stratégies environnementales et d’aménagement du territoire pour:
le renforcement de la sécurité foncière ;
la gestion du potentiel de pollutions, des nuisances et des risques affectant la santé des populations ;
la conservation des potentiels écologiques de la Guinée ;
la prévention et la gestion des catastrophes naturelles et des urgences environnementales ;
la promotion d’une économie bleue et verte basée sur une agriculture plus écologique. Le gouvernement étudie également les modalités de mise en place d’un mécanisme de tarification du carbone pour le secteur minier.
Distingués invités,

Pour la mise en œuvre du PRI, le gouvernement a identifié 64 projets dont 55 (soit 86%) concourent à la réalisation de l’axe 5 « Infrastructures, connectivité et assainissement ». Seuls les projets disposant d’une étude de faisabilité sont soumis à la présente table ronde.

Le coût total de ces projets est de 16,6 milliards de dollars, dont un montant de 2,1 milliards dollars est recherché auprès des partenaires publics. Le gouvernement a fait l’option de réaliser 11 des projets disposant d’études de faisabilité, en mode PPP pour un montant de 14,5 milliards de dollars.

Au total c’est un montant de 4,3 milliards de dollars que le Gouvernement recherche auprès de vous les partenaires. Ce besoin ne tient pas compte de l’incidence financière de l’incendie du dépôt de carburant. Il ne tient pas compte aussi des financements recherchés à travers les PPP. Il comprend :

le coût des nouveaux projets disposant d’études dont le financement est recherché sous forme de dons ou de prêts, soit 2,1 milliards de dollars ;
le gap résiduel de financement pour la mise en œuvre sur la période 2024-2025, du PRI.
Conformément à la vision du Chef de l’État qui aspire à l’ouverture de la République de Guinée au reste du monde, le gouvernement a consolidé les relations du pays, avec ses partenaires bi et multilatéraux bien qu’étant en transition. A cet égard je voudrais espérer des engagements financiers fermes des pays amis ainsi que des institutions internationales de financement du développement.
L’option de financer les projets soumis à la présente table ronde, en mode PPP repose sur la solidité du cadre légal et règlementaire des PPP de la République de Guinée ainsi que sur les réussites du pays en ce domaine.
Pour le gouvernement, le secteur privé est un partenaire incontournable dans la mobilisation de ressources pour la réalisation des projets structurants. Il le considère comme l’une des sources alternatives pour sa stratégie de diversification du financement du développement.
Mesdames et messieurs,

Les efforts engagés à travers le PRI 2022-2025, sont en train de produire des effets globalement positifs, malgré la persistance des crises endogènes et exogènes. Cette résilience qu’affiche ainsi l’économie guinéenne, est rendue possible grâce à :
une gouvernance volontariste axée sur les résultats ;
une gestion macroéconomique saine ;
un assainissement des finances publiques ;
un agenda de réformes structurelles ambitieux ;
la mise en œuvre d’un cadre légal performant pour la réalisation des partenariats public-privé (PPP).
Ces performances, ont conforté la position des autorités de la Transition dans les négociations avec de grands groupes australiens et chinois qui ont abouti à la signature d’un contrat d’exploitation du gisement de fer de classe mondiale du SIMANDOU en co-entreprise. Ce projet, d’un investissement d’environ 20 milliards de dollars aura un impact significatif sur le taux de croissance de notre PIB.

Distingués invités,

Il est important de noter que les enjeux sont énormes et les défis à relever par la Transition sont immenses. Ils se situent au niveau institutionnel, infrastructurel et transformationnel. Il peuvent être relevés , nous en avons fait la démonstration par une gestion pragmatique de notre économie qui s’est distinguée par sa résilience malgré les chocs provoqués par les crises internationales politiques et économiques ainsi que les changements climatiques.

Quant à la sécurité nationale, des dispositions légales, réglementaires et sécuritaires ont été prises afin de garantir les investissements, l’intégrité du territoire face aux menaces de la grande criminalité et du terrorisme. Un renforcement des forces de protection civile est aussi engagé afin de répondre aux conséquences des désastres naturels ou industriels.

Distingués invités,

Dans les périodes de réformes et de refondation, le leadership est essentiel pour la conduite des affaires de l’Etat. Le Chef de l’Etat, Son Excellence le Général Mamadi DOUMBOUYA a fixé le cap : poser les fondements nécessaires pour propulser la République de Guinée dans la catégorie des nations qui comptent dans les prochaines décennies.

C’est un cap qui ne changera pas, nous en sommes capables car il est celui de tout un peuple. L’histoire de notre pays que nous assumons pleinement et fièrement, les populations laborieuses, la jeunesse, le potentiel naturel constituent le fervent de cette vision. Une vision du Chef de l’Etat pour mettre la République de Guinée sur une trajectoire pour devenir en 2050 « le symbole d’une nation avec laquelle il faudra compter »

Chers partenaires,

Engagez-vous maintenant avec un pays d’avenir, vous ne le regretterez pas.

Je suis convaincu qu’ensemble, demain sera meilleur pour vous et pour nous. Nous y sommes prêts sans complexes, ne ratez pas ce important rendez-vous pour nous mais également pour vous.

En renouvelant encore ma profonde gratitude à tous ceux qui nous ont honorés de leur présence, je déclare ouverte la table ronde sur le financement du Programme de Référence Intérimaire (PRI) pour la période 2022-2025, et souhaite qu’elle aboutisse à des engagements concrets pour chaque projet présenté.

Vive la coopération internationale

Dieu bénisse la République Guinée, les Guinéennes et les Guinéens

Je vous remercie !