Sénégal: une manifestation pour réclamer la criminalisation de l’homosexualité

Sénégal: une manifestation pour réclamer la criminalisation de l’homosexualité

20 février 2022 Non Par LA RÉDACTION

Au Sénégal, une foule s’est regroupée, ce dimanche 20 février, sur la place de la Nation pour demander la criminalisation de l’homosexualité.

Avec notre correspondante à Dakar, Théa Ollivier

Une proposition de loi avait été déposée, au mois de décembre dernier, à l’Assemblée nationale mais avait été retoquée, les parlementaires de la majorité expliquant qu’il existe déjà l’article 319 du Code pénal qui punit les « actes contre nature et les attentats à la pudeur », un message renouvelé par le président de la République, Macky Sall, qui n’a pas convaincu une partie des Sénégalais.

Pancartes à la main en français, en wolof et en arabe, une large foule demande la criminalisation de l’homosexualité. Une proposition de loi avait été déposée par le collectif And Sam Djiko Yi (« Ensemble protégeons nos valeurs ») qui est à l’initiative de cette manifestation.

L’imam Pape Birame Sarr fait partie du directoire de ce collectif de plus de 125 associations. « Notre proposition de loi, dit-il, vise à alourdir la peine. L’homosexualité n’existe pas dans nos valeurs ni dans notre foi. Tout comme la polygamie qui est interdite en France, ici aussi, l’homosexualité est interdite. »

Parmi les manifestants, beaucoup d’étudiants, comme Aminata Sow, qui est en faculté de lettres : « L’homosexualité n’a pas été criminalisée ici, au Sénégal. Il n’y a que l’acte contre nature qui a été pénalisé. C’est un grand problème parce que notre culture ne l’accepte pas. Nos religions ne l’acceptent pas. Nous ne tolérerons pas l’homosexualité ici au Sénégal. »

Pour Seydi Gassama, directeur d’Amnesty International au Sénégal, « les actes contre nature sont déjà très sévèrement pénalisés » par un article de loi, critiqué d’ailleurs par les défenseurs des droits humains, alors que plusieurs personnes ont été arrêtées et condamnées ces dernières années.

Selon lui, cette mobilisation est « une instrumentalisation politique pour affaiblir le pouvoir et pour s’attaquer aux fondements laïcs du pays », à quelques mois des élections législatives qui doivent se tenir le 31 juillet prochain.

rfi