PROJET SIMANDOU : « L’émergence de l’économie guinéenne, ou une nouvelle ILLUSION D’OPTIQUE ?? »( Par Mamadou Barry)

PROJET SIMANDOU : « L’émergence de l’économie guinéenne, ou une nouvelle ILLUSION D’OPTIQUE ?? »( Par Mamadou Barry)

11 février 2025 Non Par Doura

 

Dans ma position de cadre guinée et d’analyste financier, je ne peux pas rester sans partager avec vous mes amis, ma riche expérience d’analyste à la Direction Générale de la Compagnie des Bauxites de Guinée (CBG) à Kamsar, pendant huit (8) ans de Avril 1991 à Février 1999.

Il y a environ 60 ans de cela, naissait la Compagnie des Bauxites de Guinée (CBG) avec :

1. L’Actionnaire A qui était la Guinée avec 49% des actions et;

2. L’actionnaire B qui était Halco, un consortium d’environ huit (8) des plus grosses Sociétés Sidérurgiques au monde avec 51% des parts, donc majoritaire dans la compagnie.

La Guinée, dans cette configuration avait créé une société nationale à 100% guinéenne appelé OFAB (OFfice d’Aménagement de Boké). Cette société nationale devait mettre à la disposition de la compagnie :

A. Le Chemin de Fer pour le transport de la bauxite de la mine de Sangarédi à l’usine de kamsar ;

B. Le Port de Kamsar pour l’exportation de la bauxite ;

C. Le Cité de Kamsar et Sangarédi pour le logement des travailleurs de la compagnie ;

D. L’hôpital de Kamsar pour le traitement médical des travailleurs de la compagnie et leurs familles.

Selon la convention, l’OFAB devrait facturer le CBG pour l’utilisation de ses infrastructures chaque mois. Mais selon cette même convention, la société nationale n’avait pas le droit de faire des bénéfices sur la compagnie.

L’objectif à la fin des accords était que l’OFAB rachète les 51% de Halco pour faire de la CBG une compagnie à 100% guinéenne.

Bien évidemment dans ce processus, il était prévu toute une série de mesures qui sont encore d’actualité, à savoir :

1. Un programme d’africanisation des postes au fil des transferts de compétences et de technologies ;

2. Le fameux Contenu Local qui est devenu l’expression magique et qui devait permettre une réelle appropriation du projet par les populations locales ;

3. Le défi environnemental qui était déjà dans l’esprit des fondateurs du projet pour assurer un couvert végétal approprié après l’exploitation minière ;

4. La formation des jeunes avec l’institut Géo-Mine de Boké pour assurer la relève non seulement au niveau de la CBG, mais aussi sur l’ensemble du territoire national.

Mais avec le Passage du PDG et la gestion calamiteuse du premier régime qui n’avait pour objectif principal que l’élimination physique des cadres et talents de l’époque, y compris les concepteurs du projet CBG.

Ce régime nous avait amené alors à faire face à :

A. Un manque d’infrastructures à tous les niveaux amenant la CBG à s’investir directement dans des secteurs d’activités qui n’avaient strictement rien à voir avec la production de la bauxite ;

B. Par ce manque d’infrastructures et l’implication de la CBG, la compagnie à vu ses coûts de production montés en flèche par rapport à la concurrence Brésilienne, Jamaïcaine et Australienne;

C. Un manque de cadres compétents capables de non seulement penser et planifier, mais aussi et surtout organiser et exécuter dans les moindre détails les programmes à tous les niveaux. Y compris et surtout l’amorce du processus de transformation de la bauxite en alumine et plus tard en aluminium.

Aujourd’hui, le CNRD nous parle des bien faits du projet Simandou comme si la Guinée n’avait jamais rien vu de semblable avec des infrastructures des emplois et un grand partage des richesses générées par cette exploitation.

On a vu le ministre chef de cabinet du président de la transition convoquer les miniers qui arrivent avec des experts, assistants et techniciens de très haut niveau et lui, assis tout seul et parler comme le faisait Sekou Touré à son époque.

Non mes cher amis, face à nos partenaires actuels et futurs, nous n’avons des hommes et des femmes pour répondre aux défis actuels et futurs de la dimension du projet Simandou.

Mais il faut aussi être honnête !!

Le projet Simandou prendra du temps à se mettre réellement en place et les enjeux FINANCIERS sont tels qu’il sera très DIFFICILE, voire simplement IMPOSSIBLE pour la Junte de laisser cette OPPORTUNITÉ de se mettre dans les poches, une COLOSSALE FORTUNE au passage, en guise de butin de guerre !!

ET CELA, ENCORE UNE FOIS EN COMMETTANT LES ERREURS DU PASSÉ ET AU DÉTRIMENT DU PEUPLE !!!

La morale de l’histoire du projet Simandou, c’est que la transition, MANDAT BÉLÉ BÉLÉ NARA !!

Peuple de Guinée, on est très loin de voir la fin du film.

C’était ma modeste contribution au débat.

Mamadou Barry