Proche-Orient: nouveaux bombardements israéliens sur Gaza, violences en Cisjordanie
15 mai 2021
Depuis lundi, les affrontements entre Israël et le Hamas se poursuivent. Les bombardements ont tué 10 personnes d’une même famille palestinienne ce samedi 15 mai à Gaza. Le dernier bilan fait état de 126 morts dans les raids aériens sur l’enclave palestinienne, 10 morts dans des heurts avec l’armée israélienne en Cisjordanie et 9 morts côté israélien.
Depuis lundi et le début des hostilités, Gaza est écrasée sous les bombes de l’armée israélienne, rapporte notre correspondant à Jérusalem, Sami Boukhelifa. Les avions de combats bombardent l’enclave palestinienne. Pas de répit, nuit et jour, les bombes s’abattent, et dans les rues de Gaza où vivent deux millions de Palestiniens sous blocus israélien, les carcasses des immeubles pulvérisés s’accumulent.
Le Premier ministre Benyamin Netanyahu a prévenu que son armée infligerait de sérieux revers au Hamas. L’armée israélienne affirme cibler les positions du Hamas et notamment des sites de lancement souterrains car c’est à partir de ces positions que les groupes armés palestiniens tirent leurs roquettes sur les villes israéliennes. 90 % d’entre elles sont interceptées par le Dôme de fer, le dispositif anti-missiles de l’armée.
J’ai cru que j’allais mourir, toutes les fenêtres de notre maison avaient été détruites. Le verre a explosé et failli me tuer dans mon sommeil.
Témoignages de jeunes habitants de Gaza
Dans les territoires israéliens et palestiniens, les violences se propagent. Depuis plusieurs jours déjà, les villes israéliennes mixtes où vivent Juifs et Arabes sont le théâtre d’affrontements intercommunautaires. La Cisjordanie se soulève également contre les forces d’occupation israéliennes déployées sur place.
Des affrontements qui risquent de se poursuivre. Ce samedi, les Palestiniens commémorent le 73e anniversaire de la Nakba, « la catastrophe ». En 1948, lors de la création de l’État d’Israël, 700 000 Arabes ont été chassés de leurs terres et contraint à un exode forcé.
« Pas encore d’issue politique très claire »
Doublé d’une escalade entre Arabes et Juifs dans plusieurs villes mixtes d’Israël, le conflit atteint un niveau de violence inédit depuis des décennies, selon la police israélienne. Mais quelle est la part de responsabilité du Premier ministre Benyamin Netanyahu ? « Il y a ceux qui disent qu’il n’y est pour rien et qu’il n’a peut-être pas prévu les choses, qu’il n’a peut-être pas envisagé ou qu’il a sous-estimé l’émotion qu’allait susciter l’entrée de policiers israéliens dans la mosquée al–Aqsa. Mais quand on sait le contexte politique, que quelques jours avant, il avait remis son mandat pour former le gouvernement parce qu’il avait échoué à le faire et que c’était le candidat de l’opposition qui était sur le point de réussir cette manœuvre, on se dit que même s’il n’est pas l’organisateur de tout cela, c’est vrai que cela le sert », analyse Denis Charbit, professeur de sciences politique à l’université ouverte d’Israël.
Benyamin Netanyahu pourrait bien tirer parti sur le plan politique de ce regain de tensions. «Ses intérêts, c’est de rester au pouvoir. Mais en même temps, c’est aussi de savoir tirer parti des événements. Et vraisemblablement il y parviendra, puisqu’on a annoncé que Naftali Bennett renonce à l’idée de former un gouvernement d’alternance », estime le professeur avant de conclure : « Il n’y a pas encore d’issue politique très claire, mais Netanyahu, vraisemblablement, a encore une chance de rester au pouvoir pour quelque temps. »
rfi