« Pour ce qui est de la date, on verra ce que le dialogue proposera. » Pressé de donner la date de l’élection présidentielle, dont il avait décrété le report, le président sénégalais Macky Sall s’est exprimé jeudi 22 février, devant des médias du pays. Il a dissipé les incertitudes sur son départ à l’échéance de son mandat, le 2 avril, mais a laissé en suspens la date du scrutin. Au pouvoir depuis 2012, le président sortant a provoqué l’une des plus graves crises politiques traversées par son pays depuis des décennies en décidant début février de reporter la présidentielle, initialement prévue le 25 février.
Le Conseil constitutionnel a finalement opposé son veto à cet ajournement et au maintien du président à son poste jusqu’à l’installation de son successeur, demandant aux autorités d’organiser le vote « dans les meilleurs délais ». Macky Sall avait alors promis de mener « sans tarder les consultations nécessaires » à l’organisation du scrutin, sans jamais donner de nouvelles dates.
Face aux tensions dans le pays et sous la pression des candidats, le président sortant a déclaré suspendre la décision sur la date du scrutin à des discussions qui se tiendront à partir de lundi avec les candidats et les autres acteurs politiques et sociaux. « Au sortir du dialogue mardi, il faut qu’on ait une date », a-t-il déclaré jeudi.
A la fin de son mandat, « le Conseil constitutionnel prendra le relais »
Interrogé sur l’éventualité que l’élection se tienne d’ici au 2 avril, date de la fin de son mandat, Macky Sall a répondu : « je ne le pense pas ». A cette date, « ma mission se termine à la tête du Sénégal », a-t-il confirmé, visiblement piqué au vif par le soupçon qu’il puisse chercher à se maintenir en poste. Si les Sénégalais ne peuvent se rendre aux urnes d’ici au 2 avril, c’est le Conseil constitutionnel qui prendra le relais, a-t-il dit. « Il appartiendra au Conseil constitutionnel de dire ce qui doit être fait », selon le chef de l’Etat.
Dans une volonté d’apaisement, Macky Sall s’est déclaré disposé à la clémence envers ses anciens adversaires, envisageant la possibilité de grâces ou d’une loi d’amnistie. « Oui, je suis prêt à aller aussi loin pour que tous bénéficient de ce pardon et que le Sénégal aille vers ces élections de manière apaisée », a-t-il déclaré au sujet d’une éventuelle libération de l’opposant antisystème Ousmane Sonko. Concernant un autre opposant, Bassirou Diomaye Faye, le président sortant a évoqué la possibilité de « bénéficier d’une liberté provisoire pour répondre à l’appel du dialogue », a-t-il dit.
Plusieurs centaines de détenus ont été relâchées depuis la semaine dernière, contribuant à une fragile détente.