SPORT – En 2001, le magazine France Football le plaçait dans les 100 personnalités du football français qui allaient compter dans les années à venir… et 22 ans plus tard, Philippe Diallo se retrouve propulsé (par intérim) à la tête de la Fédération française football (FFF). Une arrivée dans la lumière pour cet homme de l’ombre qui fait suite à la mise en retrait ce mercredi 11 janvier du président Noël Le Graët, empêtré dans une énième polémique après ses propos outranciers à l’égard de Zinédine Zidane ainsi qu’une multiplication de témoignages sur des comportements au mieux sexistes et au pire pouvant être qualifiés de harcèlement.
Jusqu’ici vice-président délégué de la FFF, Philippe Diallo, 59 ans, est aussi discret que son CV est rempli. Né en 1963 à Saint-Nazaire, il est le fils du boxeur sénégalais Souleymane Diallo. Amoureux du ballon rond, il a tenté sa chance dans les équipes jeunes du FC Nantes, avant d’abandonner les crampons pour rejoindre les bancs de Sciences Po. Une école dont il ressortira spécialiste du droit public et du droit des affaires.
C’est lorsqu’il devient directeur général de l’Union des clubs professionnels de Football (UCPF) en 1992 qu’il retrouve finalement son amour de jeunesse pour ne plus le quitter. Il restera à la tête de l’organisme pendant 29 ans, jusqu’en 2021. En parallèle, il s’illustre en tant que juge unique à la Fifa à partir de 2003 (un poste qui sert à trancher les contentieux) et prend la tête de Cosmos, l’organisation représentative des patrons du milieu du sport dix ans plus tard, en 2013.
« Un type brillant » apprécié par les dignitaires du foot
Philippe Diallo intègre la « 3 F » en rejoignant la liste de Noël Le Graët lors de la réélection du dirigeant breton en mars 2021. Trésorier général au sein du comité exécutif (Comex) de la Fédération, il grimpe dans l’organigramme en devenant vice-président délégué en décembre 2021, en remplacement de Brigitte Henriques, élue, elle, à la tête du Comité national olympique sportif (CNOSF).
Signe de son influence en coulisses, le nom de Philippe Diallo est revenu à plusieurs reprises dans la presse au moment de trouver un homme pour occuper des postes stratégiques. Ce fut le cas par exemple en 2016, lorsque la Ligue professionnelle de football (LFP) se cherchait un président pour succéder à Frédéric Thiriez. Et cela sans que Philippe Diallo n’ait officiellement fait acte de candidature, ni clamé de quelconques ambitions dans les médias.
Car ce sont ses confrères qui s’occupaient de lui faire bonne presse. L’ancien président de l’UCPF, Guy Cotret, louait par exemple en 2016 auprès de nos confrères du site Football 365 « une référence dans le monde des institutions ». Et d’ajouter : « C’est un garçon apprécié par ses compétences. Il connaît parfaitement bien les textes, il est très présent au niveau de la vie institutionnelle du football. (…) Et puis il a une bonne écoute des clubs, de ses adhérents. »
Auprès de cette même source, l’ancien dirigeant du club du Havre et actuel président de l’UCPF, Jean-Pierre Louvel saluait quant à lui un « homme de consensus » qui est « reconnu par tous ».
Et même son de cloche ces jours-ci du côté de la FFF, où il semble ne pas faire moins bonne impression. « Diallo est un type brillant, proche du foot professionnel, il a fait très belle impression aux assemblées fédérales quand il était trésorier », estime ainsi une source proche de la « 3F » à l’AFP.
« La bonne personne au bon endroit »
Pour Frédéric Jaillant, ancien journaliste et chargé de communication à la LFP sous la présidence Thiriez, Diallo est « l’une des personnalités les moins connues du football français mais sans doute l’une des plus puissantes et des plus influentes. Il est à la fois pragmatique et politique ». Et d’ajouter auprès de l’AFP : « Ce sera un anti-Le Graët dans la communication. Son truc, ce ne sont pas les grandes phrases qui vont diviser le monde du football. Il s’exprimera peu et, quand il le fera, ce sera quand il aura quelque chose à dire. »
Ces derniers mois, le vice-président délégué s’était en effet attaché à déminer les nombreuses polémiques entourant la fédération. Et cela en annonçant entre autres une réflexion pour créer un fonds d’indemnisation des victimes d’accidents du travail sur les chantiers du Mondial au Qatar.
À présent à la tête de la fédération (au moins) jusqu’au prochain comité exécutif, Philippe Diallo aura pour mission de redonner de la stabilité à une instance fragilisée. « Il n’a aucun relais, il ne pourra pas rester, il fera juste l’intérim », juge toutefois une autre source proche de la FFF. A contrario, Frédéric Jaillant décrit un homme « ambitieux de par sa formation et son background », qui sera difficile à déloger maintenant qu’il est aux manettes. « Une fois qu’il sera en poste, on verra que c’est “the right man at the right place” (la bonne personne au bon endroit, ndlr), ce sera une évidence pour tout le monde. »