Patronat Guinéen /CGE-GUI : Un avenir compris pour le secteur privé !
24 octobre 2023
Évoluant dans une multitude de patronats depuis belle lurette, la fusion du patronat unique des opérateurs économiques guinéen avait fait couler beaucoup d’encre et de salive. Il aura fallu l’arrivée du colonel Mamadi Doumbouya pour y mettre un holà.
Pour la petite histoire, lorsque El hadj Mamadou Sylla, était dans une situation d’incompatibilité avec sa fonction de président de l’UDG, un parti politique, et député à l’Assemblée nationale, c’est ainsi que des membres du Conseil National du Patronat Guinéen (CNP-Guinée) ont convoqué la tenue d’un congrès électif au niveau du CNP-Guinée afin d’élire une nouvelle équipe dirigeante à la tête de cette institution patronale guinéenne.
Mais El Hadj Mamadou Sylla, président sortant d’alors, sans se référer à la majorité et en complicité avec quelques membres du bureau sortant, ont vite fait de programmer la tenue d’un congrès le 23 avril 2016, dans un réceptif hôtelier de la place. Après la programmation de cette mascarade de congrès, selon des membres du CNP-Guinée, Sékou Cissé, vice-président du bureau sortant, a aussitôt porté plainte à la Justice contre le président sortant El Hadj Mamadou Sylla, pour des ‘’irrégularités’’ constatées par rapport à l’organisation du congrès du 23 avril 2016. C’est d’ailleurs pourquoi, la Justice avait demandé aux protagonistes de surseoir à la velléité de l’organisation d’un quelconque congrès avant de statuer sur le différend qui opposait les responsables du bureau sortant du CNP-Guinée.
Contre toute attente,, El Hadj Mamadou Sylla en complicité avec le Groupe des Kaba Guiter ont usé de toute leur force pour défier la Justice guinéenne en organisant le congrès le 23 avril 2016. C’est à la suite de ce congrès que le ministre de la Justice d’alors, avait déclaré que « le congrès qui a élu Kaba Guiter était nul et non avenu ». C’est donc à la suite de cette annulation, que la Justice a ordonné d’organiser un autre congrès crédible et transparent par les fédérations patronales membres du CNP-Guinée, afin d’avoir un bureau légitime. C’est ainsi que, pour respecter la décision de la justice, des fédérations patronales membres du CNP-Guinée ont travaillé pour mettre en place des « commissions d’organisations des Congrès et la validation des fédérations patronales » du CNP-Guinée.
C’est suite donc à cette résolution, que des membres du Conseil National du Patronat Guinéen ont tenu le congrès du 10 Décembre 2016, avec la validation des candidatures de M. Sékou Cissé, vice-président sortant, Mme Domani Doré, ancienne Ministre, El Hadj Dabo et El hadj Mohamed Habib Hann. C’est donc à tous ces pourparlers du congrès du 10 Décembre 2016, qu’El hadj Mohamed Habib Hann, président de l’Association professionnelle des Assureurs de Guinée a été finalement élu à l’unanimité par 29 fédérations sur 39 fédérations patronales membres du CNP-Guinée.
Commença alors des ennuis pour El Hadj Mohammed Habib Hann, à la tête du patronat Guinéen. Car quelques mois plus tard, Sékou Cissé, qui avait contesté le congrès du 23 avril 2016, s’est retrouvé en petit clan avec Kaba Guiter pour signer un protocole d’accord sans l’avis des fédérations patronales membres du CNP-Guinée. D’où naquit la cacophonie et le bicéphalisme au sein du CNP-Guinée. C’est-à- dire deux présidents se retrouvant à la tête du CNP-Guinée, El hadj Mohamed Habib Hann et Kaba Guiter.
La déconfiture du CNP-Guinée a conduit à la naissance de deux autres patronats notamment, la CEPEG et le PAG. Le moins que l’on puisse dire, c’est que le patronat Guinéen est en manque de vision, d’orientation et de leadership. « La tendance à caporaliser le patronat et à s’éterniser à la tête de cette organisation composée de certains béni oui oui », selon un membre du patronat.
Il aura donc fallu l’avènement du CNRD, pour mettre fin à cette confusion. Car dès sa prise du pouvoir, le 5 Septembre 2021, le président de la transition et président du Comité National de Rassemblement pour le Développement (CNRD), le colonel Mamadi Doumbouya avait comme l’une des priorités de sa gouvernance, l’unification du patronat guinéen. Histoire de réunir tous les opérateurs économiques guinéens, autour d’un idéal de développement de la Guinée.
Mais hélas, c’était sans compter avec des esprits malins qui ont tendance à saboter cette noble volonté manifeste du président de la transition, à travers des comportements divisionnistes et opportunistes. Parce que, tout simplement, après l’unification des quatre patronats en un patronat unique qui a donné naissance à la Confédération Générale des Entreprises de Guinée (CGE-GUI), nombreux sont les acteurs du secteur privé qui avaient gardé l’espoir d’un rayonnement du patronat Guinéen à l’instar des autres patronats de la sous-région. Mais aujourd’hui, très malheureusement, il est loisible de constater que la CGE-GUI est confrontée à un problème de leadership et un manque de capacité managériale pour sortir le secteur privé guinéen de l’ornière.
Le président du bureau provisoire de la CGE-GUI, Ansoumane Kaba Guiter, est accusé par certains membres de la CGE-GUI, de gestion « opaque », de prise de décisions unilatérales ; de procéder à des choix des représentants de la CGE-GUI au niveau des institutions sans l’avis présidium de la CGE-GUI. Toute chose qui a provoqué une colère noire chez la plupart des membres du patronat guinéen. Selon nos informations, la gestion de l’actuel président du bureau provisoire est décriée par des acteurs.
Certains affirment n’avoir pas accepté de mettre leur argent pour le fonctionnement de la CGE-GUI par manque de confiance, tandis que d’autres dénoncent que les fonds de la CGE-GUI issus des cotisations de ses membres n’ont pas été bien utilisés. Pis, il semble que depuis deux (2), ce bureau provisoire dirigé par Ansoumane Kaba, n’a encore pu doter la CGE-GUI des Statuts et règlements intérieurs pour mettre le patronat Guinéen sur un bon chemin. Il faut reconnaître que l’amateurisme dans la gestion managériale de Kaba Guiter n’a pas permis au patronat guinéen d’être une entité crédible et émergente pour le développement du secteur privé guinéen.
Après l’ouverture de la séance par le président de la CGE-GUI, les intervenants ont relaté les manquements dans le fonctionnement de l’institution. C’est dans ce contexte que dans son intervention, le premier vice-président de la CGE-GUI, Kerfala Person Camara, a invité ses collègues du patronat à jouer leur partition pour le bien-être du secteur privé Guinéen.
Pour sa part, Ismaël Keïta, vice-président, chargé de la Communication, a parlé des négociations tripartites entre le patronat Guinéen, les centrales syndicales et le Gouvernement sur l’augmentation des salariales des fonctionnaires de Guinée.
Quant à El Hadj Mohamed Habib Hann, vice-président chargé de la Gouvernance, il a rappelé des difficultés auxquelles le patronat Guinéen est confronté:. Il a egalement parlé de gestion opaque avant de déplorer que depuis deux ans e bureau de la CGE-GUI, n’a pas pu doter le patronat Guinéen de statuts, de règlements intérieurs, de manuel de procédure et d’organigramme etc…
Selon lui, cela n’a pas donné de crédits à la CGE-GUI vis-à-vis du Gouvernement Guinéen, des partenaires sociaux, financiers et de développement encore moins le secteur privé Guinéen.
Dans le chapitre des recommandations, le vice-président, chargé de la Gouvernance, Elhadj Hann Mohamed Habib Hann, a sollicité la mise en place d’une commission ad-hoc, composée de juristes et des membres du patronat Guinéen pour l’élaboration des statuts et autres.
Dans la même lancée, le vice-président, chargé de la Gouvernance a recommandé la mise en place de la commission finance afin d’examiner toutes les opportunités nécessaires permettant la mobilisation des recettes et couvrir les besoins du patronat Guinéen. Ensuite une commission développement, afin d’élaborer un plan d’action du patronat pour l’année 2024 et pour les années à venir. Et la commission de fusion des fédérations patronales issues des quatre patronats dissouts.
El Hadj Mansa Moussa, PDG d’une société de la place, a fustigé le manque de considération envers sa personne et l »immobiliisme dans l’organisation du patronat. Avant de donner un délai de deux (mois pour tout remettre à l’ordre au sein de la CGE-GUI ou il va opter pour la dissolution du bureau.
Pour sa part, El Hadj Alseny Barry, a manifesté sa désolation par rapport au manque de consensus et de vision commune au sein du présidium. De même, il a souhaité qu’il ait désormais un programme bien établi afin de permettre à tous les membres du patronat d’appréhender chaque situation posée au sein du patronat avant de convoquer une assemblée Générale. Et c’est pourquoi, il a demandé la mise en place d’une commission de réconciliation au sein du présidium.
De son coté, El Hadj « SONOCO) », PDG du « Groupe SONOCO » a affirmé qu’il n’a pas mis de l’argent et il ne mettra pas un Franc dans le patronat tant qu’il n’aura pas une parfaite organisation au sein de cette structure. D’autres ont fait les mêmes remarques, notamment M. Maka Barry, PDG de Laguipres Sécurité,.
Par ailleurs, El hadj Nana Kourouma, a sollicité l’implication de tous les acteurs pour qu’il ait une parfaite réussite de la CGE-GUI.
Le premier vice -président de la CGE-GUI,Kerfala « Person » Camara a repris la parole, pour etaler sa déception envers le président de la CGE-GUI, Ansoumane Kaba Guiter, par l’incapacité managériale de ce dernier et ses prises de décisions unilatérales qui n’ont abouti à rien pour le bon fonctionnement du patronat Guinéen.
« Il faut signaler cependant que depuis deux ans et quelques mois, la Confédération Générale des Entreprises de Guinée n’a mené aucune activité dans le cadre du développement du secteur privé. Malgré l’immensité du potentiel que la Guinée regorge. En vérité, la CGE-GUI devrait organiser des activités sociaux professionnelles et des foras par secteur d’activités (les mines, l’agriculture ,l’habitat..). Ce qui permettra également de développer le climat des affaires.Mais, malgré toutes ses bonnes initiatives des uns et des autres, tendant à redynamiser le patronat guinéen, il est cependant à déplorer l’attitude du président du bureau provisoire de la CGE-GUI qui ne va pas dans ce sens. Car monsieur Ansoumane Kaba Guiter, au lieu d’organiser des initiatives allant dans le sens du progrès de la CGE-GUI, préfèrerait se balader en participant régulièrement aux différentes activités du Gouvernement et de participer aux foras des autres patronats de la sous-région ». D’autres points d’échec du patronat, c’est la composante de Guinée business forum. Autre constat. C’est la manie de prendre des décisions unilatérales sans consulter les autres membres du patronat. Ainsi que des désignations des personnes non représentatives au compte du patronat. De par son manque de leadership et son incapacité managériale, il n’arrive pas à conduire le patronat vers une dynamique. Ce qui revient à dire sans doute, qu’il y a une perte de confiance au niveau de la CGE-GUI vis-à-vis du Gouvernement, des partenaires sociaux et de développement « , a expliqué un acteur du secteur privé.
« Sa tendance à vouloir demeurer président l’a conduit à exclure sciemment les organisations socioprofessionnelles notamment, l’Association professionnelle des banques, de la microfinance, de la monétique, la Chambre des mines, l’Association professionnelle des industriels de Guinée, l’Association professionnelle de la pêche (industrielle, artisanale etc. L’Association professionnelle de l’agriculture, de l’agro-business et tant d’autres au profit d’un choix sélectif au lieu d’une participation inclusive des différentes organisations socioprofessionnelles et certains acteurs économiques actifs. Un secteur privé composé de près de 10000 entreprises à bord non enregistrées et non restructurées », a laissé entendre un observateur.
La Guinée dotée d’un potentiel de ressources naturelles de plus importantes dans la sous-région, regorgeant de plus de 2/ 3 tiers de la réserve mondiale de bauxite, la réserve de fer dont la teneur est plus importante dans le monde ; riche en diamant et or, manganèse uranium cobalt et tant d’autre, classifiant la Guinée de scandale géologique et de châteaux d’eau d’Afrique. Devant avoir comme vecteur de croissance, le patronat guinéen qui malheureusement n’arrive pas être le flambeau de développement. La plupart des entreprises sont plus des entreprises étrangères que nationales, ce qui permettrait aux entreprises Guinéennes d’être des multinationales.
Il aura fallu les réactions de certains acteurs pour remettre de l’ordre au sein de la CGE-GUI.
Sylla Ibrahima Kalil