Ouverture de la frontière Sénégalo-Guinéenne : La communauté guinéenne se mobilise
8 juillet 2021Par Abdoulaye KAMARA(Correspondant) – C’est à croire que la majorité des commerçants et transporteurs qui s’activent au marché hebdomadaire de Diaobé sont de nationalité guinéenne. Plusieurs centaines de compatriotes du Président Alpha Condé s’étaient donné rendez-vous, mardi dernier, à la salle des réunions de la mairie de cette cité du département de Vélingara (Sud du pays) pour confier leurs difficultés et préoccupations quotidiennes depuis plus d’un an à Chérif Mohamed Abdallah Aïdara, président du Groupe organisé des hommes d’affaires pour la promotion et la protection des droits des opérateurs économiques (Goha). Difficultés qui sont nées de la fermeture de la frontière terrestre entre le Sénégal et la Guinée Conakry. L’homme d’affaires serait très introduit auprès des chefs d’Etat de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao) et aurait beaucoup d’influence dans les milieux d’affaires de la sous-région. «Je suis venu vous écouter. Je sais que vous souffrez beaucoup, mais il me faut avoir plus d’éléments pour porter vos messages, porter le plaidoyer là où il le faut pour trouver une solution à ce douloureux problème lié à la fermeture de la frontière entre le Sénégal et la Guinée», a introduit l’opérateur économique guinéen, invité par ses compatriotes commerçants et transporteurs établis à Diaobé. Dans cette tribune offerte par la mairie hôte, commerçants, transporteurs, jeunes et femmes se sont exprimés ou du moins ont pleuré sur leur sort. «Nous avons tout perdu, camions définitivement à l’arrêt, moteurs et pneus complètement usés. Nous sommes obligés de passer par le Mali pour rallier la Guinée ou le Sénégal. Nous ne pouvons plus nous rendre en Sierra-Leone pour acheter ou convoyer certains types de marchandises. Les pertes sont énormes», a déploré le porte-parole des transporteurs.
Près de 85% des Guinéens impactés
Les commerçants de leur côté expliquent : «C’est la faillite totale. Il faut passer par le Mali pour rallier la Guinée et vice-versa avec tout ce que cela comporte comme surcoût et tout le monde ne peut pas s’offrir ce grand détour. Nous ne pouvons plus avoir certains types de marchandises comme l’huile de palme, la cola, etc.» Une Dame embraie : «Nous vivons un drame familial. Nous sommes séparées de nos époux et enfants depuis longtemps. Certains hommes ne peuvent plus rejoindre la 2ème épouse restée en Guinée. Nos enfants ont repris le chemin de l’émigration clandestine, alors qu’ils gagnaient bien leur vie à Diaobé.»
Des éléments de plaidoyer suffisants pour donner des idées à l’homme d’affaires, Chérif Mohamed Abdallah Aïdara, qui a déclaré : «La Cedeao a tout intérêt à trouver une solution pour l’ouverture de cette frontière. Ici viennent 7 nationalités de la sous-région. La Cedeao a le devoir de protéger ses fils, leur assurer le principe de la libre circulation des biens et des personnes dans cet espace. Pour ce qui concerne la Guinée, 80% des opérateurs économiques et transporteurs qui fréquentent Diaobé sont de ce pays. Cette crise a affecté près de 85% de la population guinéenne, selon des informations que nous avons reçues. Vous voyez donc que tous les Etats membres de la Cedeao ont intérêt à ce que la frontière ouvre. Ils en sont conscients, parce que des jalons sont posés dans ce sens. Ce sera pour bientôt, nous l’espérons.»
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