Mosquée Cheik Abdou Rahim : une partie de l’histoire du Cheik écrit par Paul Marty
11 mars 2023À l’occasion de l’inauguration de la mosquée Cheik Abdoul Rahim intervenu vendredi 10 Mars 2023 à Labé, nous nous sommes plongés dans une partie de l’histoire de ce Cheik , écrit par Paul Marty dans l’islam au Fouta Djallon. Ce livre avait été écrit par la Français avant le décès du Cheik entre 1936 . On a pu dénicher quelques lignes de Tierno. Extrait :
Koula-Mawnde dans la province de la Kassa-Saala (Labé), est un village réputé dans tout le Fouta pour la science de ses marabouts et l’efficacité de leurs amulettes. « Elles sont toutes bonnes à Koula et à Karantagui », dit le Foula du Labé. Dans le domaine des études, c’est, paraît-il, la grammaire arabe, qui est l’objet d’un enseignement de choix à Koula. Cette renommée maraboutique parait remonter à Alfa Oumarou, de la famille des Nyogeyanke (Dialluɓe), Karamoko de grande valeur, qui s’est éteint vers 1875. Alfa Oumarou se rattachait au Chadelisme des premiers Foula. II laissa plusieurs fils dont: Tierno Aliou, Tierno Madiou , Tierno Saliou , Tierno Mamadou Bobo et Tierno Abdoul Rahimi.
Tierno Aliou a consacré définitivement la réputation des gens de Koula. C’était un marabout très savant, et qui s’était spécialisé dans le mysticisme des diarooje et dans les pratiques de magie. Koula devint un centre important de pèlerinages.
Il mourut en août 1910, laissant ses pouvoirs spirituels à son frère Tierno Madiou; celui-ci, plus effacé, mourut peu après, en janvier 1912, n’ayant pas eu le temps de donner sa mesure.
Le huitièmes fils de Alfa Oumarou hérita de la baraka paternelle, mais non de son wird. Jusqu’à lui, les gens de Koula sont sadialia. Tierno Abdoul-Rahimi est tidiani. Il fut en effet l’élève et le disciple religieux de Al-Hadji Lamine de Bantiŋel. Sous son pontificat, Koula abandonna le Chadelisme et se fait donner le wird de son nouveau marabout.
Né vers 1855 à Koula-Mawnde et y résidant toujours, Tierno Abdou Rahimi est aujourd’hui un grand et maigre vieillard, à la longue barbe blanche, aux grands yeux enfiévrés, à l’air profondément ascétique.
Il vit enfermé dans sa case et n’en sort que le vendredi pour aller présider les prières de la mosquée. Il évite le contact de ses semblables, à l’exemple de son frère aîné, Tierno Aliou, qui refusa un jour de voir l’Almamy de passage à Koula. Cheik Abdou Rahimi ne va pas si loin toutefois et se présente à Labé, quand il le faut. Il a continué à Koula la tradition des diarooje, institués par ses prédécesseurs, et les dirige lui-même. On voit que, bien que tidiani, le marabout de Koula a conservé les pratiques sadialia. Tierno Abdoul-Rahimi compte de nombreux disciples.
D’abord son père, Tierno Moktarou, qui, resté sadialia et émigré à Wendou Koula, reçoit ses instructions. Tierno Moktarou, né vers 1865, a été reçu avec les plus grands honneurs par les gens de Wendou qui lui ont construit une belle case, artistement travaillée. Il a ouvert une école coranique et préside les diarooje de Wendou.
Ensuite, les enfants de ses frères aînés ont abandonné la Voie chadelia de leur père pour venir au Tidianisme de leur oncle.
Enfin Cheik Abdou-Rahimi compte des talibés dans beaucoup de villages et foulasso du Labé: à Popodara, Tourabouya, Diountou, Buruwal-Kassa, Sempeten, Hooreyabi, Diari et Kissian; dans les foulasso Sambayaɓe, Ndantaari, Koragui, Pellel, Billi, Boukari et Pamoyi. Le chef et le marabout le plus influent de Kassian, Modi Billo, né vers 1860, et Tierno Abdoul, né vers 1840, sont ses disciples.
A Douka-Nyogeyaɓe, dans la province de la Kassa-Saala, Tierno Daara mérite une mention spéciale. Né vers 1867, il a fait ses études à Dara-Labé, auprès de son oncle le Karamoko fameux, Tierno Mamadou Dondé. Il se fit ensuite affilier au Tidianisme par Tierno Abdou Rahimi. C’est un marabout intelligent, assez instruit, exempt de tout fanatisme. Il dirige une école coranique d’une dizaine d’élèves et aide au recensement de son canton.
A signaler encore à Tunturun, dans la province de Hoore-Dimma, Mamadou Ɓoye, né vers 1862, et Amadou Tunturun, né vers 1865, de la famille Sansiliyanke (Feroɓɓe), chefs des principaux groupements tidiania du canton, Karamoko de valeur, et disciples d’Abdou Rahimi.