Mining Indaba: les compagnies minières s’adaptent, malgré les coups d’état

Mining Indaba: les compagnies minières s’adaptent, malgré les coups d’état

22 février 2024 Non Par LA RÉDACTION

Malgré une succession de coups d’État en Afrique ces dernières années, c’est « business as usual » pour les compagnies minières : les affaires continuent et les entreprises s’adaptent pour collaborer en bonne intelligence avec les gouvernements de transition. Une flexibilité essentielle pour maintenir l’exploitation des gisements dans lesquels elles ont effectué de lourds investissements.

Au Gabon, Eramet avait temporairement interrompu ses opérations suite au coup d’État du 30 août dernier. Mais tout est depuis rentré dans l’ordre et le groupe français entend même augmenter ces prochaines années la production de sa mine de manganèse de Moanda, exploitée en partenariat avec l’État gabonais.

« Aujourd’hui, les opérations tournent, et elles tournent bien, se réjouit même Virginie de Chassey, membre du comité exécutif d’Eramet. On travaille avec les autorités, et donc il n’y a pas de raisons objectives, pour l’industriel que nous sommes, qui ne fait pas de politique, de changer la trajectoire. »

Des putshs et des réformes

Les putschistes ont généralement en tête les revenus que les mines permettent de débloquer. L’une de leurs priorités, à leur arrivée au pouvoir, est souvent de rassurer les acteurs du secteur, comme en Guinée, ou encore au Mali. Mais ces changements apportent aussi leurs lots de réformes. Par exemple, le nouveau Code minier mis en place par Bamako n’affecte pas directement la mine d’or de Fekola déjà en activité, mais a créé quelques accrocs pour B2Gold.

Son PDG Clive Johnson affirme être « très à l’aise là-bas », mais une bonne collaboration avec le gouvernement en place. « Les autres permis sur notre ceinture vont dépendre du Code minier de 2023, explique-t-il. Nous prévoyons une production plus faible cette année, en partie parce que nous n’avons pas pu obtenir un permis à temps pour amener de la matière supplémentaire. »

Et la discrétion est de mise. L’entreprise française productrice d’uranium Orano entend bien poursuivre ses activités au Niger, mais a refusé de s’exprimer à ce sujet.

Sanctions informelles

Par ailleurs, les compagnies minières doivent aussi faire face à la dégradation du contexte sécuritaire : trois employés de B2Gold sont récemment décédés au Mali dans l’attaque d’un convoi.

Au Soudan, l’entreprise Perseus a acquis une mine d’or en 2022, après le coup d’État, mais avant le début de la guerre. Outre les risques sur le court terme, les difficultés s’accumulent aussi sur la durée selon Martijn Bosboom avocat général pour le groupe australien : « Les sanctions sont bien sûr un risque sur le long-terme. Mais aussi les sanctions « informelles » avec les fournisseurs qui ne veulent pas traiter avec le pays et les banques qui ne veulent pas nous aider à envoyer de l’argent pour payer nos employés. De plus, nous avons rapidement dû faire comprendre que nous étions neutres, que nous ne prenions pas parti, pour aucun camp. »

Les partenaires comme les États-Unis continuent de marteler que le rétablissement de la démocratie – qui apporte plus de stabilité et de la transparence selon eux – reste nécessaire.

Rfi