Manifestations en Guinée: libéré, un responsable du mouvement FNDC attend désormais son procès
12 mai 2023En Guinée, trois cadres du Front national pour la défense de la Constitution (FNDC), mouvement qui avait été en pointe contre un troisième mandat d’Alpha Condé et qui s’oppose désormais à la conduite de la transition, sont sortis de prison le 10 mai 2023 après 10 mois de détention. Ibrahima Diallo, responsable des opérations du FNDC, revient sur le contexte de sa libération.
Après 10 mois de détention, ils sont sortis de prison le 10 mai 2023 en Guinée : trois responsables du Front national pour la défense de la Constitution (FNDC). Parmi eux, Ibrahima Diallo. Enfermé le 30 juillet, le responsable des opérations du FNDC a finalement été libéré ce mercredi. Un FNDC qui avait été le fer de lance de la contestation au troisième mandat d’Alpha Condé et qui s’oppose désormais à la conduite de la transition.
Ibrahima Diallo a profité de ces premiers moments en famille, rapporte notre correspondant à Conakry,Matthias Raynal. Assis sur le canapé du salon, il est en train de regarder la télévision avec ses proches. La veille encore, il était incarcéré à la maison centrale de Conkary, réputée pour ses conditions de détention difficiles et sa surpopulation carcérale. Là-bas, il est tombé malade, a contracté le paludisme.
Sa sortie de prison, il la doit, dit-il, aux « pressions exercées par les militants du FNDC et ses sympathisants, les citoyens pro-démocratie qui n’ont jamais cessé de se mobiliser afin d’exiger [leur] libération ».
Cette dernière s’est faite en deux temps. D’abord, les chefs religieux sont venus les voir le 8 mai, leur proposant, explique-t-il, un compromis : leur liberté contre l’assurance qu’ils renonceraient à leur lutte citoyenne. Les leaders du FNDC ont refusé.
Puis, le 10 mai, autour de 20h, le directeur de l’administration pénitentiaire vient les voir, porteur d’un message du procureur général de la Cour d’appel. Ils sont libres ! « Mais quelle liberté ? », s’interrogent alors les militants. À l’autre bout du fil, le procureur évoque une liberté sans condition, jusqu’à la tenue de leur procès.
Ibrahima Diallo estime avoir été victime d’une détention arbitraire
Aujourd’hui, Ibrahima Diallo attend avec impatience ce procès. Il est poursuivi pour « participation à un attroupement interdit et pillages », entre autres. Des charges retenues contre lui et ses camarades, suite à l’organisation de plusieurs manifestations pro-démocratie en juillet 2022.
« Oui, nous souhaitons que le procès se tienne parce que nous sommes innocents, et même s’il y a condamnation au cas où, la condamnation ne peut pas dépasser six mois », explique-t-il à notre correspondant à Conakry, Moktar Bah.
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Ibrahima Diallo estime avoir été victime d’une détention arbitraire, après avoir passé 10 mois de prison, sans jugement. Il affirme qu’il va porter plainte contre l’État guinéen. Devant une juridiction locale, mais aussi sous-régionale, à la Cour de justice de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (Cédéao). En attendant, « il est plus que jamais utile de continuer le combat pour la liberté, pour les droits de l’homme et pour la démocratie dans notre pays, quelque soit le prix à payer », dit le responsable du FNDC
Le barreau de Guinée proteste également contre ce qu’il qualifie de « dysfonctionnement de la justice »: « Le barreau de Guinée, en guise de protestation contre les dysfonctionnements relevés, déclare le lundi 15 mai 2023 journée sans audiences sur toutes l’étendue du territoire national », a déclaré Me Mamadou Souaré Diop, bâtonnier de l’ordre des avocats.
Ce boycott des audiences va interrompre aussi le procès des évènements du 28 septembre en cours depuis 8 mois.
Rfi