Mali: la CPI condamne l’ex-patron de la police islamique de Tombouctou pour crimes de guerre
27 juin 2024
La Cour pénale internationale (CPI) a condamné ce mercredi 26 juin un chef de la police islamique jihadiste pour des crimes de guerre et crimes contre l’humanité dans la ville sanctuaire malienne de Tombouctou en 2012 et 2013, lors de l’occupation du nord du Mali, par AQMI et Ansar Dine. Abdoul Aziz al-Hassan, 46 ans, a été reconnu coupable notamment de torture et d’atteinte à la dignité de la personne pour des actes commis dans la ville alors sous le joug jihadiste.
« La chambre déclare donc M. al-Hassan coupable de crimes contre l’humanité et de crimes de guerre ». L’ex-chef de la police islamique est donc plusieurs fois coupables pour des actes de persécutions, de torture, des actes inhumains. Un chef de la police zélé, qui faisait appliquer les sentences prononcées par le tribunal islamique à l’encontre de celles qui ne portaient pas le voile, des couples adultères ou à l’encontre de tous ceux qui ne respectaient pas les lois du nouveau pouvoir à Tombouctou.
La chambre de première instance a retenu qu’Abdoul Aziz al-Hassan a participé et ordonné la flagellation en public d’au moins 13 personnes, des châtiments exécutés en public, a rappelé le juge Antoine Mindua.
Selon les témoignages retenus par les juges, Abdoul Aziz al-Hassan flagellaient ses victimes ou ordonnait qu’elles soient fouettées. Certaines femmes ont été enfermées dans un distributeur à billet, proche du siège de la banque qui était devenu son quartier général.
« Al-Hassan a conduit des personnes condamnées sur les lieux où les châtiments étaient administrés. Il a également été présent plusieurs fois lorsque des châtiments publics ont été infligés, en particulier pour des personnes condamnées par le Tribunal islamique. Al-Hassan portait une arme pour exercer certaines de ses fonctions, notamment lorsqu’il participait à l’exécution de châtiments. »
Sentence attendue dans quelques semaines
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Abdoul Aziz al-Hassan a été reconnu coupable de persécution pour des motifs religieux, de mutilations, de torture. L’ex-milicien d’Ansar Dine a en revanche été acquitté des chefs d’esclavage sexuel et de mariage forcé. Les magistrats ne nient pas l’existence de tels actes, mais en substance, ils estiment qu’il s’agissait de crimes de droit commun et qu’ils n’ont pas été commis dans le cadre politique des crimes contre l’humanité.
Il risque néanmoins la perpétuité. La sentence sera décidée dans les prochaines semaines.
Sur la forme, la lecture du jugement était lente, extrêmement décousue. Vêtu d’un boubou jaune et d’un chèche blanc, Abdoul Aziz al-Hassan a patiemment écouté le verdict sans manifester une quelconque émotion.
Nous espérons une condamnation à perpétuité parce que les faits qui ont été commis au nord du Mali, notamment en 2012 et 2013 sont extrêmement graves. La peine doit être à la hauteur de la souffrance des victimes.
rfi
