Mali: au moins une dizaine de morts, dont des enfants, dans des frappes de drone de l’armée à Kidal
8 novembre 2023
L’armée malienne reconnaît avoir procédé à des frappes de drone, mardi matin, à Kidal. Les FAMA disent avoir neutralisé plusieurs pick-up de « terroristes » et n’annoncent pas de bilan, dans un communiqué publié mardi soir. Les rebelles du CSP, qui contrôlent la ville, annoncent eux un bilan provisoire de 14 morts dont huit enfants et six notables, ainsi qu’une trentaine de blessés dont 21 enfants. Des sources civiles, notamment médicales, ont fait état à RFI d’une dizaine de morts dont plusieurs enfants. Kidal, dans le nord du Mali, est l’enjeu d’une bataille entre les rebelles du CSP, dont Kidal est le fief, et l’armée malienne. Au cœur de cette bataille : le camp de la Minusma.
Les trois frappes de drone de l’armée malienne ont visé le camp laissé libre il y a une semaine par la Minusma, investi dans la foulée par le CSP et dont l’armée malienne entend s’emparer : une bombe est tombée à l’intérieur de ce camp, les deux autres à l’extérieur, dont une à proximité d’une école.
Selon les sources jointes par RFI, les enfants tués à l’extérieur du camp s’en étaient approchés pour jouer pendant leur récréation et pour trouver des objets à emporter. Plusieurs personnalités civiles ont également été tuées dans ces frappes, dont un chef communautaire, un membre de l’autorité intérimaire de Kidal, un chef d’entreprise…
Le CSP assure qu’aucun de ses combattants ne figure parmi les victimes. Les rebelles du Cadre stratégique permanent condamnent des « pratiques terroristes » et demandent à la Turquie de revoir sa politique de vente de drones aux autorités maliennes de transition et au groupe russe Wagner.
Mardi soir, les Forces armées maliennes ont publié un communiqué affirmant avoir mené des frappes contre des « cibles terroristes dans l’ex-camp de la Minusma ».
Le camp onusien avait déjà été la cible de frappes de drone, il y a trois jours, qui n’avaient alors pas fait de victime.
L’armée malienne et ses supplétifs du groupe paramilitaire russe Wagner entendent déloger le CSP du camp onusien pour en prendre possession. Ils ont lancé une offensive terrestre vers Kidal début octobre, mais la colonne de véhicules militaires stationne depuis un mois dans la zone d’Anefis, à une centaine de kilomètres au sud de Kidal. Les Fama sont également présents à Tessalit, plus de 200 kilomètres au nord de Kidal.
Pour le moment, c’est donc essentiellement par voie aérienne que l’armée peut attaquer les positions des groupes rebelles. Mais en milieu urbain, le risque de frapper non seulement des combattants du CSP mais aussi des populations civiles est élevé. Sollicitée par RFI, l’armée malienne n’a pas donné suite et n’a pas communiqué officiellement à ce stade.
Joints par RFI, les habitants de Kidal ne cachent pas leurs craintes devant cette menace aérienne. « Personne n’est à l’abri », confiait hier un Kidalois qui a envoyé sa famille se réfugier en Algérie.
Dans leurs récents communiqués, l’armée malienne comme les rebelles du CSP ont appelé les populations à s’éloigner des zones de combat. À Kidal, les lieux les plus à risque sont l’aéroport et les camps militaires.