«Si je parle, je meurs.» Ce sont les mots inscrits sur une affichette qu’il s’est scotché sur le ventre. Comme une centaine d’autres journalistes camerounais, Prince Nguimbous a rendu un dernier hommage lundi à son confrère assassiné Martinez Zogo, dont le corps a été retrouvé dimanche à une quinzaine de kilomètres au nord de Yaoundé.
De nombreux journalistes camerounais sont venus déposer fleurs et bougies devant le siège de la radio privée Amplitude FM dont il était le directeur général et où il animait Embouteillage, une émission quotidienne qui dénonçait des affaires de corruption, mettant en cause des personnalités importantes, dans un pays dirigé d’une main de fer depuis plus de quarante ans par le président Paul Biya.
«Jusqu’à quand durera cette imposture ?»
Arsène Salomon Mbani Zogo, 51 ans, dit «Martinez», avait été kidnappé le 17 janvier devant un poste de gendarmerie dans la capitale. Cinq jours plus tard, son corps est retrouvé sans vie, nu, mutilé et en état de décomposition. Les autorités locales affirment qu’il a subi «d’importants sévices». L’International Press Institute, organisation de défense de la liberté de la presse basée à Vienne, a exhorté les autorités camerounaises à «enquêter rapidement sur le meurtre horrible et veiller à ce que les coupables soient traduits en justice». Une requête réitérée par l’Union européenne, qui «condamne fermement le meurtre», selon sa porte-parole Nabila Massrali.