Les douleurs d’un père de famille qui perd son bébé

Les douleurs d’un père de famille qui perd son bébé

1 septembre 2021 Non Par LA RÉDACTION

Tu avais à peine 51 minutes de vie sur cette terre et la sage femme me disait « Prends-le en photo. Immortalise ce moment »
J’avais peur !
Entre toi qui n’avait pas ouvert les yeux depuis ta venue au monde et cette ambulance qui roulait à très vive allure en direction de Donka, mon inquiétude était palpable.
Je sortis mon téléphone pour te prendre en photo quand à ce moment précis tu ouvris les yeux et me fixai droit dans les yeux. Un sourire déchirai mon visage en deux au même moment que tu entrais dans ma galerie photo (image 1).
Joie et bonheur me décrivaient pour la toute première fois. « Il a su que Papa voulait le prendre en photo » me disais-je intérieurement sur mon p’tit nuage.

Petit ange, par ce regard tu me parlais certainement. Peut-être ne voulais-tu pas que je t’emmène là-bas à l’INSE (Institut de Nutrition et Santé de l’Enfant – INSE) ? Là où les fourmis et cafards se baladent dans vos habits en plein jour, là où vous faites la rotation dans une seule machine, où ceux et celles qui ont jurés le serment d’Hippocrate n’ont aucune considération pour les parents qui vous accompagnent, …
Bref, tu me le disais dans le regard sans que je ne le comprenne. Moi pourtant qui maîtrise à la perfection le langage non verbal.

11
C’est le nombre de jours que tu as décidé de nous consacré.
11 jours de bonheur inimaginable. Mais aussi, …
11 jours durant lesquels tu voulais que nous découvrions le véritable visage du système sanitaire de ton adorable pays.
11 jours que maman et grand-mère dormaient à même le sol sous ce hangar abandonné servant d’abris, sous les moustiques et la pluie qui s’invitait sans permission. Elles n’étaient pas seule à vivre ce calvaire.
11 jours pour nous montrer que dans cette capitale de 1,66 millions d’habitants il n’y avait qu’UNE SEULE COUVEUSE dans LA SEULE UNITÉ D’URGENCE NEO-NATALE d’un pays à 12,77 millions d’habitants.

Étais-tu venu pour que le monde sache ton histoire ?

Petit ange, pour qu’on te mette dans la couveuse, il fallut l’insistance de ta grand-mère et des disputes entre elle et une sois-disant docteure. Il n’y avait pas mieux pour entamer ton aventure. Pourtant après 48h dans ladite couveuse tu allais très bien (image 2). Tu devais rester dans cette machine, tu étais mieux là-bas.

Petit ange, tu avais passé 3 jours sans injection alors que tous tes amis prématurés la recevait. parce que ceux qui t’avaient accueillis avaient omis de le mentionner dans ton dossier. Là encore, c’est ta grand-mère qui avait fait un énorme tapage en le découvrant. Nous avions contacté tous les grands médecins et responsables à Donka (y compris le Directeur du centre) à cause de toi. Il ne me manquait que le numéro du Président de la Republique.
Les autres parents t’appelaient « Garçon MAMI, le sauveur » car c’est grâce à toi que tous les berceaux avaient été nettoyés et désinfectés malgré le taux très élevé de décès journaliers. Aussi grâce à toi que le véritable suivi des enfants avait commencé.
Il y’avait tant d’irrégularités et d’incohérences dans ce centre. Mais c’était notre petit secret. Personne ne le saurait car même s’ils le savaient, il ne feraient rien.

Petit ange, avant toi de nombreuses familles se sont plaint de cet endroit mais rien y fait ! Ton adorable pays est comme cela.

Hier, ton oncle et moi t’avions mis sous terre. J’ai prié pour toi et pour ceux que tu as laissé là-bas à l’INSE.

Que de là où tu es, tu veilles sur maman qui est inconsolable et l’aide à pardonner.

Ton histoire, le monde le saura.

Vas en paix petit ange !
Maman et moi-même ne t’oublierons jamais
🙏🏾