C’est un partisan d’un Iran plus ouvert vers l’Occident. Le candidat réformateur Massoud Pezeshkian a remporté le second tour de l’élection présidentielle iranienne, samedi 6 juillet, face à l’ultraconservateur Saïd Jalili. Lors du scrutin organisé vendredi, ce député de 69 ans a recueilli 53,6% des voix, selon les autorités électorales.
« Nous tendrons la main de l’amitié à tout le monde, nous sommes tous des habitants de ce pays, nous devrions utiliser tout le monde pour le progrès du pays », a déclaré Massoud Pezeshkian samedi lors de sa première prise de parole en tant que président élu, en remerciant ses sympathisants.
Cette élection, organisée à la hâte après la mort du président ultraconservateur Ebrahim Raïssi dans un accident d’hélicoptère en mai, s’est tenue dans un contexte de mécontentement populaire, face notamment à l’état de l’économie, frappée par des sanctions internationales.
Nul n’aurait initialement parié sur ce député de Tabriz, la grande ville du nord-ouest de l’Iran, lorsque sa candidature a été acceptée par le Conseil des gardiens avec cinq autres candidats, tous conservateurs. Massoud Pezeshkian a cependant reçu le soutien de deux anciens présidents, le réformiste Mohammad Khatami et le modéré Hassan Rohani.
Ce père de famille, qui a élevé seul trois enfants après la mort de son épouse et d’un autre enfant dans un accident de voiture en 1993, se présente comme la « voix des sans-voix » et a promis d’œuvrer pour améliorer les conditions de vie des plus défavorisés. Chirurgien de profession et ancien ministre de la Santé, celui que les Iraniens appellent le « docteur » a cultivé une image d’humilité lors de sa campagne.
Tout en affirmant sa loyauté à la République islamique, il appelle à des « relations constructives » avec Washington et les pays européens, afin de « sortir l’Iran de son isolement ». Il a promis de négocier directement avec les Etats-Unis pour la relance des pourparlers sur le nucléaire iranien, au point mort depuis le retrait américain en 2018, afin d’obtenir une levée des sanctions économiques qui pèsent sur l’Iran.
Massoud Pezeshkian a par ailleurs dénoncé le recours à la force par la police pour appliquer l’obligation du port du voile par les femmes, l’une des causes du vaste mouvement de contestation ayant secoué le pays fin 2022 après le décès de Mahsa Amini, arrêtée pour non-respect du code vestimentaire strict. « Nous nous opposons à tout comportement violent et inhumain (…) notamment envers nos sœurs et nos filles, et nous ne permettrons pas que de tels actes se produisent » a-t-il notamment déclaré.
Le réformateur était arrivé en tête du premier tour, une semaine plus tôt, avec 42,4%, contre 38,6% pour Saïd Jalili, qui avait reçu le soutien du candidat conservateur arrivé à la troisième place.
Alors que l’abstention avait atteint un record au premier tour, la participation au second tour s’est établie à 49,8%, en hausse de près de 10 points. Des figures de l’opposition en Iran et au sein de la diaspora avaient appelé au boycott du scrutin, jugeant que les camps conservateur et réformateur représentent deux faces de la même médaille.
L’élection de Massoud Pezeshkian devrait avoir des répercussions limitées, le président iranien n’ayant que des pouvoirs restreints. Celui-ci est chargé d’appliquer, à la tête du gouvernement, les grandes lignes politiques fixées par le guide suprême, l’ayatollah Ali Khamenei, qui est le chef de l’Etat.
Premier dirigeant étranger à adresser ses félicitations à Massoud Pezeshkian, le président russe, Vladimir Poutine, a dit espérer « un renforcement » des relations entre les deux pays « pour le bien de nos peuples amis ». Pays alliés et lourdement sanctionnés par les Occidentaux, la Russie et l’Iran « coordonnent leurs efforts de manière efficace pour résoudre les questions d’actualité internationale », a-t-il fait valoir.
Le président chinois, Xi Jinping, en a fait de même, alors que Pékin est le plus grand partenaire commercial de Téhéran et l’un des principaux acheteurs de son pétrole sous sanctions. Le Premier ministre indien, Narendra Modi, a appelé à un approfondissement des « chaleureuses et anciennes relations bilatérales » avec l’Iran.
AFP