Le Prix de la Trahison : Quand l’Opportunisme Enterre l’Honneur
12 février 2025
Je suis la trahison. Je suis cet être sans colonne vertébrale, sans mémoire et sans honneur. Hier, je criais haut et fort mon amour pour la démocratie, je dénonçais l’injustice, je marchais aux côtés de ceux qui rêvaient d’une Guinée libre et prospère. J’étais au cœur des luttes, hurlant contre l’arbitraire, exigeant l’alternance, défendant la liberté de la presse, la justice pour les victimes de la répression. J’étais aux côtés de Cellou Dalein Diallo et de l’UFDG, convaincu que notre pays méritait mieux qu’un régime d’oppression.
Mais aujourd’hui, regardez-moi. J’ai retourné ma veste. Je suis devenu le pantin d’un régime putschiste. Moi qui réclamais la démocratie, me voilà en train de justifier l’injustifiable. Moi qui dénonçais l’arbitraire, je ferme aujourd’hui les yeux sur les assassinats, les détournements, la gabegie financière.
Pourquoi ai-je changé ? Parce que le confort du ventre est plus fort que la dignité. Parce qu’un poste bien payé, un 4×4 climatisé, quelques billets distribués sous la table valent plus que mes anciens principes. Parce qu’au fond, je n’ai jamais été un militant de la justice, mais un opportuniste en attente de la bonne occasion.
Voyez-moi dans mes nouvelles fonctions : je défends ce que je combattais hier. Je justifie les exactions au nom de la « transition ». Je trouve des excuses aux arrestations arbitraires. Je ris en voyant mes anciens compagnons croupir en prison, eux qui n’ont pas su « s’adapter » comme moi. Je suis un maître dans l’art du double discours.
J’étais hier du côté des victimes. Aujourd’hui, je suis du côté des bourreaux. Demain, je prétendrai avoir été manipulé. Je jouerai la carte de l’ignorance. Je dirai que je ne savais pas, que je n’étais pas d’accord, que j’ai été obligé. Et je tenterai de me recycler ailleurs, prêt à vendre mon âme une fois de plus.
Je suis la trahison. Je suis la honte de ce pays. Mais tant qu’il y aura des hommes sans principes, je prospérerai. Jusqu’au jour où la vérité et la justice me rattraperont.
« Quand l’appât du gain devient plus fort que l’honneur, l’homme vend son âme au plus offrant et trahit même son ombre. » Proverbe africain.
Abdoul Karim Diallo,
_L’honneur se perd là où la conscience s’achète._