Lampedusa : plus d’une trentaine de disparus après plusieurs naufrages dans une mer déchaînée

Lampedusa : plus d’une trentaine de disparus après plusieurs naufrages dans une mer déchaînée

7 août 2023 Non Par Doura
Une tempête complique le sauvetage de dizaines de migrants au large de Lampedusa, le 5 août 2023. Crédit : Capture d'écran de la Guardia Costiera
Une tempête complique le sauvetage de dizaines de migrants au large de Lampedusa, le 5 août 2023. Crédit : Capture d’écran de la Guardia Costiera

Les garde-côtes italiens ont secouru 57 survivants après le naufrage de deux embarcations samedi, au large de Lampedusa, alors que la mer était déchaînée. Une trentaine de migrants sont toujours portés disparus. Les exilés seraient partis de la ville de Sfax, en Tunisie.

Sauvetage impressionnant au large de Lampedusa. Près de 60 migrants ont été secourus par les garde-côtes italiens, samedi 5 août, après le naufrage de 2 embarcations à une quarantaine de kilomètres de l’île. Une trentaine d’autres sont portés disparus, selon l’Organisation internationale pour les migrations (OIM).

Les images du sauvetage, partagées par les garde-côtes sur Twitter, révèlent les conditions météorologiques catastrophiques dans lesquelles se sont retrouvés les migrants. Leurs embarcations en métal qui seraient parties jeudi de Sfax, en Tunisie, n’ont pas résisté longtemps aux vagues de plusieurs mètres de haut.

On y voit notamment des dizaines de migrants s’agripper les uns aux autres pour ne pas se noyer, tandis que d’autres tentent de grimper à bord du navire de la Guardia costiera à l’aide de filets placés sur la coque. Des plongeurs ont également sauté dans l’eau pour venir en aide aux migrants.

Un autre groupe de migrants piégé sur des falaises secouru

Alors que le mauvais temps persistait dimanche, les secours aériens italiens sont parvenus à mettre en sécurité 34 autres migrants piégés depuis vendredi soir à Capo Ponente, une falaise de 140m de haut à la pointe ouest de Lampedusa.

Selon l’agence de presse italienne Ansa, les rafales de vent à 60 km/h et la hauteur des vagues ont rendu impossible toute opération de sauvetage maritime ou aérienne pendant 48 heures. Les garde-côtes sont donc restés à distance de la falaise et ont fait descendre des vivres ou encore des couvertures thermiques aux migrants bloqués, tous adultes. Selon le site d’informations italien Quotidiano Nazionale, après l’opération, un homme inconscient et une femme enceinte de 8 mois ont été transportés aux urgences par ambulance.

La ville tunisienne de Sfax se trouve à environ 180 km de Lampedusa, en Italie. Crédit : Google map
La ville tunisienne de Sfax se trouve à environ 180 km de Lampedusa, en Italie. Crédit : Google map

Une enquête sur les naufrages a été ouverte en Sicile. Selon l’AFP, le chef de la police d’Agrigente, Emmanuele Ricifari, chargé de l’enquête, a souligné que le mauvais temps était annoncé. « Ceux qui leur ont permis de partir, ou les ont forcés à partir, sont des fous criminels sans scrupules », a-t-il déclaré aux médias italiens.

« Une mer bien agitée est prévue pour les jours qui viennent. Espérons qu’ils vont arrêter » de faire partir des gens. « Par cette mer, c’est les envoyer à l’abattoir », a-t-il ajouté.

Des corps de migrants retrouvés sur une plage de Sfax

Le bilan de ce week-end devrait rapidement s’alourdir. Dix corps de migrants, « apparemment des ressortissants d’Afrique subsaharienne », ont été découverts sur une plage au nord de Sfax, a déclaré la garde nationale tunisienne dans un communiqué. L’île se situe à environ 180km de Lampedusa.

Les tentatives de traversées de la Tunisie vers l’Italie se sont multipliées depuis le début de l’année avec près de 92 000 migrants arrivés sur les côtes italiennes, soit deux fois plus qu’à la même période de l’an dernier, selon les autorités italiennes.

Depuis le discours xénophobe de Kais Saied en février dernier, les dizaines de milliers de migrants subsahariens, dont la majorité en situation irrégulière, qui travaillaient en Tunisie ces dernières années, ne sont plus du tout les bienvenus.

 

Début juillet, les autorités tunisiennes ont mené des rafles dans plusieurs grandes villes du pays comme Ariana, dans la banlieue de Tunis (Nord) et Sfax, grande ville portuaire au centre du pays. Si le pouvoir tunisien dément ces opérations, les ONG comme Human Rights watch estiment qu’au moins 1 200 migrants et jusqu’à 3 000 d’entre eux auraient été emmenés de force dans le désert à la frontière algérienne ou Libye, pour être expulsés.

Beaucoup d’entre eux ont été battus, se sont fait voler leur argent et confisquer leurs papiers d’identité par les autorités qui n’hésitent pas à détruire leurs téléphones portables.

>> À (re)lire : Elles s’appelaient « Fati » et « Marie » : les corps sans vie pris en photo dans le désert libyen ont été identifiés

Face à ces exactions en hausse, nombreux sont les migrants, qui se tournent vers la mer. Mais la Méditerranée centrale est la route maritime la plus dangereuse pour atteindre l’Europe et les passeurs utilisent de plus en plus souvent des embarcations en métal, très instables en mer, au détriment des barques en bois.

Selon l’OIM, cette route a fait au moins 1 800 morts depuis le début de l’année, dont la moitié des corps repêchés au large des côtes tunisiennes, même si ce chiffre reste largement sous-estimé. Quelque 34 290 autres migrants ont été secourus ou interceptés.

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