La junte au pouvoir au Mali « navigue à vue, d’échec en échec », a lancé, vendredi 2 septembre, la cheffe de la diplomatie française Catherine Colonna, quelques semaines après le retrait militaire de la France de ce pays en proie au djihadisme et à la violence.
« Au Mali, nous voyons progresser les groupes terroristes armés dans tout le pays, les Maliens déplacés par milliers », a-t-elle dit devant les ambassadeurs français réunis à Paris pour leur conférence annuelle. « Le régime, auteur d’un double coup d’Etat, s’en prend un jour au Danemark, le lendemain à la Côte d’Ivoire, et toujours à la France, pour tenter de faire oublier qu’il navigue à vue, d’échec en échec, attelé à un groupe de mercenaires russes », a-t-elle poursuivi.
La France, dont les relations avec la junte malienne au pouvoir depuis 2020 sont devenues exécrables, a achevé son départ du pays le 15 août, après neuf ans d’engagement militaire contre les djihadistes.
Les autorités maliennes se sont depuis tournées vers la Russie pour le soutien militaire, avec des « instructeurs » que Paris et Washington accusent d’être des mercenaires du sulfureux groupe Wagner.
« Nouvelles concurrences »
En Afrique, « de nouvelles concurrences se manifestent, certaines de façon agressive ou sans scrupule », a déclaré Mme Colonna, alors que la France et la Russie sont aussi engagées dans une guerre informationnelle, particulièrement au Mali.
Fin avril dans ce pays, un drone français avait surpris des mercenaires mettant en scène un faux charnier à proximité d’une base française, pour faire accuser Paris de crimes de guerre. « Il faut démonter les manipulations et couper court aux mensonges, il faut aussi reprendre la maîtrise de notre propre récit, de notre image », a lancé la ministre, évoquant un « enjeu stratégique ».
« C’est à nous de faire la démonstration que nous sommes le bon partenaire, le plus fiable, le plus respectueux », a déclaré Mme Colonna, assurant que Paris était déterminé à « agir avec les Etats et dialoguer directement avec les sociétés civiles ».
« Nous resterons présents auprès des Etats africains qui le souhaitent, et en soutien des besoins qu’ils expriment souverainement », a-t-elle répété.
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