La Hamas confirme la mort de son chef , Yahya Sinouar

Dans un communiqué, le Hamas a officialisé la mort de Yahya Sinouar, tué la veille par l’armée israélienne à Rafah, dans le sud de la bande de Gaza. Le mouvement palestinien a dit « pleurer un homme qui était l’un des plus nobles et des plus courageux, un homme qui a consacré sa vie à la Palestine ». Khalil Hayyé  du Hamas menace 《 les otages israéliens ne seront pas libérés, tant que l’agression contre la bande de Gaza se poursuivra, et que nos prisonniers dans les prisons israéliennes ne seront pas relâchés. Le Hamas continuera sa lutte jusqu’à l’établissement d’un État palestinien sur toute la terre palestinienne, avec Jérusalem comme capitale.

Khalil Hayyé, responsable au sein du Hamas, a déclaré, dans une prise de parole télévisée, que le chef du mouvement, Yahya Sinouar, est « mort en héros et martyr », en luttant contre l’armée israélienne.

L’armée israélienne a annoncé que « sur base d’une évaluation de la situation », elle avait décidé de mobiliser « une autre brigade de réservistes » au Liban-Sud. Cela permettra, selon un tweet d’Avichay Adraee, porte-parole arabophone de l’armée, « de poursuivre les combats contre le Hezbollah » et d’accomplir les « objectifs de la guerre », y compris le retour des habitants du nord d’Israël.

L’armée n’a pas précisé quelle brigade serait mobilisée. Ces réservistes vont rejoindre plusieurs divisions déjà présentes le long du front libanais et impliquées dans l’offensive au Liban-Sud.

La situation au Liban-Sud :

– Après les frappes israéliennes de ce matin, deux personnes de la famille Mroué ont été tuées à Zrariyé, ainsi que trois à Jouwaya, où les secours continuent de fouiller les décombres.

– Des frappes israéliennes ont ciblé Zrariyé, Charkiyé, Nabatiyé el-Faouqa, Yohmor el-Chakif, Zaoutar el-Charkiyé, Aïta el-Jabal et Habbouch.

– Des tirs d’artillerie ont frappé Ramiyé, Kouzah et Aïta el-Chaab.

L’armée israélienne a annoncé avoir envoyé une autre unité militaire supplémentaire à Jabalia, le plus grand des huit camps de réfugiés historiques de Gaza, où les habitants ont déclaré que les chars avaient fait exploser les routes et les maisons alors qu’ils pénétraient plus loin dans le territoire, rapporte Reuters.

Les habitants de Jabalia, dans le nord de Gaza, ont précisé que les chars israéliens avaient atteint le cœur du camp, utilisant des tirs aériens et terrestres nourris, après avoir traversé les banlieues et les quartiers résidentiels. Ils ont ajouté que l’armée israélienne détruisait quotidiennement des dizaines de maisons, parfois depuis les airs et au sol et en plaçant des bombes dans les bâtiments puis en les faisant exploser à distance.

L’armée israélienne affirme que son opération à Jabalia vise à empêcher les combattants du Hamas de se regrouper pour de nouvelles attaques.

Les habitants ont déclaré que les forces israéliennes avaient effectivement isolé les villes de Beit Hanoun, Jabalia et Beit Lahiya, à l’extrême nord de Gaza, de la ville de Gaza, bloquant les mouvements, à l’exception des familles qui respectaient les ordres d’évacuation et quittaient les trois villages.

La mort du chef du Hamas, Yahya Sinouar, ouvre l’opportunité « d’un chemin vers la paix » au Proche-Orient et d’un « meilleur avenir à Gaza, sans le Hamas », a dit le président américain Joe Biden, en visite à Berlin, rapporte l’AFP.

Avec l’élimination par Israël du dirigeant du mouvement palestinien « s’ouvre, espérons-le, la perspective » d’un cessez-le-feu à Gaza et celle d’un « accord sur la libération des otages » détenus depuis le 7 octobre 2023, a déclaré de son côté le chancelier Olaf Scholz en recevant M. Biden.

L’armée israélienne a annoncé « l’élimination » du commandant du Hezbollah du secteur de Taybé au Liban-Sud. Dans un message sur X, le porte-parole arabophone de l’armée israélienne, Avichay Adraee a déclaré que Mohammad Hussein Rammal avait été ciblé par l’armée de l’air sur la base des directives de la 98ème division, présente sur le terrain.

Faisant le point sur la situation au Liban-Sud, Avichay Adraee a également indiqué que « les forces de la 7è Brigade ont trouvé et détruit des lance-roquettes », et que les 36 et 91e divisions continuent leurs « opérations » terrestres dans le Sud, où elles ont « trouvé de grandes quantités d’armes » appartenant au Hezbollah.

Un responsable du Hamas a assuré que le mouvement ne pouvait « pas être éliminé » malgré la mort de ses dirigeants, sans toutefois confirmer que son chef, Yahya Sinouar, avait été tué à Gaza, rapporte l’AFP.

« Il semble que Israël pense que tuer nos dirigeants signifie la fin de notre mouvement et de la lutte du peuple palestinien » mais « le Hamas est un mouvement mené par des gens cherchant la liberté et la dignité et cela ne peut pas être éliminé », a déclaré à l’AFP Bassem Naïm, membre du bureau politique du Hamas.

Le porte-parole de la Finul au Liban, Andrea Tenenti, a déclaré à Genève que « la dévastation et la destruction de nombreux villages au Liban le long de la ligne bleue et même au-delà sont choquantes ». Il a ajouté que les positions des Casques bleus avaient été ciblées à plusieurs reprises au Liban, « mettant les soldats de la paix en danger ». « Nous avons été ciblés à plusieurs reprises, cinq fois délibérément », rapporte Reuters.

Lors d’une conférence de presse, Andréa Tenenti a ajouté que la Finul devait rester au Liban, assurant que « le moral des Casques bleus était toujours élevé ». Interrogé sur l’usage possible par la Finul de l’auto-défense contre l’armée israélienne, M. Tenenti a répondu qu’elle pourrait être utilisée, mais qu’il était important de réduire les tensions.

Concernant enfin le drone abattu jeudi au large des côtes libanaises, le porte-parole a précisé qu’il était « arrivé du Sud », avait fait le tour du navire de la Finul, duquel il s’est rapproché de « quelques mètres ».

Le Kremlin s’est dit « inquiet » des « conséquences pour la population civile » après la mort du chef du Hamas, Yahya Sinouar, tué dans une opération israélienne à Gaza, rapporte l’AFP.

« L’essentiel pour nous, ce sont les conséquences pour la population civile que nous observons », a déclaré le porte-parole de la présidence russe, Dmitri Peskov. « La catastrophe humanitaire observée à Gaza et au Liban est un sujet qui nous préoccupe beaucoup », a-t-il ajouté, cité par les agences de presse russes qui l’interrogeaient sur la réaction russe à la mort de Sinouar.

Le chef de la diplomatie française s’est félicité d’une « inflexion » dans la rhétorique du Premier ministre israélien, exhortant à saisir le moment après l’élimination de Yahya Sinouar, le cerveau des attaques sanglantes du 7 octobre 2023 contre Israël qui a déclenché la guerre à Gaza.

« Je constate une inflexion dans le discours de Benyamin Netanyahu qui hier, (…) a annoncé (…) le début de la fin » de la guerre à Gaza, a déclaré Jean-Noël Barrot, sur France Inter. « Je souhaite que ce soit le moment de la fin de la guerre à Gaza, et le moment où la région s’engage résolument dans la direction de la paix », a-t-il ajouté, soulignant que la sécurité d’Israël ne pouvait « durablement être garantie qu’à condition que le dialogue et la diplomatie prennent le pas sur la force ».

De son côté, le Hezbollah a revendiqué un tir de roquettes sur la caserne israélienne de Yoav, dans le Golan syrien occupé.

La situation au Liban-Sud, selon les informations de notre correspondant dans le Sud, Mountasser Abdallah :

– Une frappe aérienne israélienne a visé Zrariyé, dans le caza de Saïda, tuant une personne et en blessant une autre.

– Des frappes ont ciblé Chaaïtiyé et Jouwaya (Tyr), ainsi que deux maisons de la périphérie de Khiam et Ebel el-Saqi (Marjeyoun).

– Des avions de chasse ont franchi le mur du son au-dessus de Saïda, provoquant deux bangs hypersoniques.

Les sources de notre correspondant rapportent également que des affrontements ont lieu entre le Hezbollah et l’armée israélienne à l’intérieur du village libanais de Aïta el-Chaab. Le Hezbolla a annoncé à plusieurs reprises hier avoir frappé des troupes israéliennes dans cette localité.

Le porte-parole du bureau humanitaire de l’ONU a déclaré que les forces israéliennes ont utilisé des tactiques mortelles et de guerre en Cisjordanie, soulignant de graves préoccupations, rapporte Reuters.

L’armée israélienne a appelé les habitants d’une vingtaine de villages du Liban-Sud à évacuer au nord du fleuve Awali, au niveau de Saïda, en prévision d’opérations armées contre le Hezbollah.

Dans un message publié sur X, le porte-parole arabophone de l’armée, Avichay Adraee, a appelé les habitants de Kouzah, Beit Lif, Yater, Jabal el-Botm, Zebqine, Marwahine, Chihine, Oum el-Tout, Boustane, Zaloutiyé, Zahiriyé, Matmoura, Majdel Zoun, Chamaa, Tayr Harfa, Abou Chach, Jibbein, Bayad, Mansouri, Kafra, Alma el-Chaab et Naqoura à quitter les lieux. Ces villages sont principalement situés dans le caza de Tyr, le long de la partie ouest de la Ligne bleue.

« Toute personne se trouvant près de membres, infrastructures ou armements du Hezbollah met sa vie en danger », a-t-il écrit, disant « interdire tout déplacement vers le Sud ».

Le Premier ministre libanais sortant Nagib Mikati s’est insurgé contre les propos du président du Parlement iranien Mohammad Ghalibaf, publiés la veille dans un entretien, et dans lequel il a laissé entendre que Téhéran serait prêt à négocier avec Paris une application de la résolution onusienne 1701 concernant le Liban-Sud.

Dans un communiqué, M. Mikati s’est dit « surpris » par la déclaration faite par le chef du Législatif iranien dans son entretien avec le quotidien français Le Figaro. Cette prise de position « constitue une ingérence flagrante dans les affaires libanaises et une tentative d’établir une tutelle inacceptable sur le Liban », a écrit le Premier ministre sortant.

Il a dans un second temps demandé au chef de la diplomatie, Abdallah Bou Habib, de convoquer le chargé d’affaires iranien à Beyrouth.

Avec Orientlejour