Les suspensions s’enchaînent au Mali pour les médias francophones. Moins de trois semaines après la suspension de la diffusion de LCI pour deux mois, c’est au tour de TV5 Monde de subir une décision de la junte militaire. La chaîne francophone ne sera plus accessible dans le pays pendant trois mois, pour avoir manqué «d’équilibre» selon une décision de la Haute autorité de la communication (HAC) prise ce mercredi 11 septembre.
L’organisme malien reproche à TV5 Monde d’avoir fait état, le 25 août dernier, de la mort d’au moins quinze civils dans des frappes de drone à Tinzaouatène sans prendre en compte la version de l’armée malienne. Une incompréhension pour la chaîne qui, dans un communiqué, «regrette cette situation et notamment de ne pas avoir été saisie par la HAC et de n’avoir pu apporter des explications au regard des faits qui lui sont reprochés». Elle précise d’ailleurs que l’armée n’avait pas encore donné sans version des faits lors de la diffusion de l’information dans le journal Afrique et ce, malgré les sollicitations de la chaîne.
Le Mali s’est tourné vers la Russie
La situation de la chaîne internationale, propriété notamment des groupes de télévision publique français, suisse, belge et canadien, n’est pas un cas isolé. Outre LCI en août dernier, France 24 et Radio France Internationale (RFI) sont définitivement suspendus depuis avril 2022, alors que les deux antennes étaient suivies quotidiennement par 62 % de la population en Afrique francophone en 2023. En février dernier, France 2 voyait également son antenne suspendue pour deux mois.
Les atteintes de la junte militaire à la liberté d’expression ne se limitent pas à la diffusion des chaînes. Alors que plusieurs correspondants de médias étrangers ont quitté le pays, le gouvernement militaire avait aussi interdit aux médias de couvrir les partis politiques.
Ces décisions interviennent dans un contexte tendu entre la France et le Mali. Depuis le coup d’État militaire et la chute du président civil Boubacar Keïta en 2020, la France n’est plus en odeur de sainteté dans le pays. Après avoir rompu l’alliance qui liait les deux pays et les partenaires européens, le Mali s’est tourné vers la Russie et multiplie les attaques contre les intérêts français. Après le départ de l’ambassadeur français en janvier dernier, Paris avait annoncé ses retraits militaires, mettant fin à neuf ans de lutte antijihadiste. Un départ qui avait laissé toute la place aux mercenaires de la milice russe Wagner.
AFP