Israël : Tsahal recruterait des demandeurs d’asile, qui «risqueraient leur vie» en échange de titres de séjour permanent

Israël : Tsahal recruterait des demandeurs d’asile, qui «risqueraient leur vie» en échange de titres de séjour permanent

18 septembre 2024 Non Par Doura

Des demandeurs d’asile soudanais à Tel Aviv où des milliers d’entre eux vivent, le 25 octobre 2020.© MENAHEM KAHANA / AFP

L’armée israélienne recrute des demandeurs d’asile africains envoyés dans des opérations militaires dans la bande de Gaza, où ils «risquent leur vie», en échange d’un «statut légal permanent», a affirmé ce dimanche 15 septembre le quotidien Haaretz . Cette procédure, qui n’est pas entièrement décrite en détail par le journal de référence israélien, serait appliquée de «manière organisée» avec l’appui de «conseillers juridiques». Mais, à ce jour, aucun des demandeurs d’asile ayant participé aux combats n’a encore reçu de titres de séjour, révèle des sources sécuritaires.

Au cours de l’attaque du Hamas le 7 octobre 2023, trois demandeurs d’asile avaient été tués. En Israël, les migrants africains ont ensuite exprimé une forte volonté de s’engager dans des centres de commandement civils mais également dans les forces de défense israéliennes. Les responsables militaires y ont vu une opportunité d’«utiliser l’aide des demandeurs d’asile et d’exploiter leur désir d’obtenir un statut permanent en Israël à titre d’incitation. 

À ce jour, 30.000 demandeurs d’asile africains résident en Israël. La plupart d’entre eux bénéficient de statut temporaire sans couverture sociale, néanmoins les personnes mineures et âgées de plus de 60 ans ont accès à une assurance maladie publique depuis le mois de juin 2024.

Une formation militaire de deux semaines

Le quotidien israélien révèle en particulier l’histoire d’un homme, arrivé en Israël à 16 ans et seulement désigné par la première lettre de son nom. A. dispose d’un permis de séjour temporaire qu’il doit renouveler tous les mois à l’Autorité de l’état civil et de l’immigration. Il avait le souhait de s’engager dans l’armée car cela est considéré par beaucoup de demandeurs d’asile «comme le meilleur moyen de s’intégrer dans la société .

Après les premiers mois de la guerre Israël-Hamas, il a été contacté par un homme se présentant comme «officier de police» et qui «cherchait des profils spécifiques pour rejoindre l’armée.» «Ils m’ont dit que c’était une guerre de vie ou de mort pour Israël», indique-t-il. Le responsable israélien lui a assuré qu’il bénéficierait d’une formation de deux semaines avec d’autres demandeurs d’asile. «Si vous suivez cette démarche, vous pourrez recevoir des documents de l’État d’Israël», lui aurait-il ensuite promis«Il m’a demandé de lui envoyer une photocopie de ma carte d’identité et [m’a dit] qu’il s’occuperait de tout le reste», a précisé l’homme.

Le demandeur d’asile a commencé à avoir des doutes sur le temps de formation proposé par l’officier présumé : «je voulais y aller, et j’étais très sérieux à ce sujet, mais j’ai réfléchi : seulement deux semaines d’entraînement et ensuite participer à l’effort de guerre ? Je n’ai jamais manipulé une arme de ma vie ». En raison de ses doutes, le migrant a renoncé à s’engager et ne s’est pas rendu à l’entraînement prévu.

«Une question très problématique»

Des sources militaires citées par le journal Haaretz affirment que des demandeurs d’asile ont été impliqués dans des opérations militaires, dont certaines ont été relayées par les médias. Mais le quotidien précise que leurs missions exactes ne peuvent être rendues publiques. Même si les personnes interrogées sous couvert d’anonymat par le Haaretz expliquent que ces démarches était réalisées dans un cadre légal, il s’agit malgré tout d’une «question très problématique» car« l’appui de juristes ne dispense personne de l’obligation de considérer les valeurs» d’Israël, critique le quotidien, évoquant un défi «éthique».

D’autres sources du journal estiment que le ministère de l’Intérieur voulait recruter les enfants majeurs des demandeurs d’asile, qui étaient scolarisés dans des écoles israéliennes. Le gouvernement a autorisé des enfants de travailleur étrangers à rejoindre l’armée, comme le soldat israélo-philippin Cydrick Garin, réserviste tué à Gaza, dont les parents ont reçu la nationalité israélienne de façon immédiate.

Le Figaro