Une nouvelle mise en garde. Le secrétaire d’État Antony Blinken a répété mercredi à Jérusalem au Premier ministre Benyamin Netanyahou que Washington s’opposait toujours à un assaut israélien sur la ville de Rafah, dans le sud de la bande de Gaza, selon un porte-parole du département d’État. Un projet auquel l’État hébreu refuse toujours de renoncer, malgré les cris d’alerte internationaux.
Lors d’un entretien avec le dirigeant israélien, Antony Blinken a « réitéré la position claire des États-Unis à propos de Rafah » concernant l’assaut terrestre sur la ville, a déclaré Matthew Miller. Les discussions entre les deux hommes, d’abord en tête-à-tête, puis élargies à leurs collaborateurs, ont duré deux heures et demi. Le secrétaire d’État a multiplié au cours des dernières semaines, comme le président Joe Biden, les déclarations hostiles à ce projet
Une opposition affichée également par de nombreuses autres capitales et par l’ONU, qui craignent un carnage parmi les quelque 1,5 million de civils qui s’y entassent, en grande majorité des déplacés. « La vérité est qu’une opération terrestre à Rafah sera tout simplement une tragédie sans nom », a mis en garde mardi soir le chef des Affaires humanitaires de l’ONU, Martin Griffiths, quand le patron de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) Tedros Adhanom Ghebreyesus a mis en garde contre une « catastrophe humanitaire ». Le président de l’Autorité palestinienne a quant à lui appelé Washington à empêcher un « désastre » à Rafah
« Entrer dans Rafah, avec ou sans accord »
Mais Benyamin Netanyahou refuse toujours de renoncer à ce projet d’offensive. Le Premier ministre israélien a répété mardi qu’il était déterminé à mener un assaut terrestre à Rafah, ville qu’il considère comme le dernier bastion du Hamas dans la bande de Gaza. « L’idée d’arrêter la guerre avant d’avoir atteint tous nos objectifs est hors de question. Nous allons entrer dans Rafah et y éliminer les bataillons du Hamas, avec ou sans accord » de trêve, a-t-il dit.
Antony Blinken, qui effectue septième mission au Moyen-Orient depuis le début de la guerre, a par ailleurs salué une « amélioration » de l’acheminement de l’aide à Gaza depuis qu’Israël avait autorisé en avril, sous pression américaine, l’ouverture de plus d’accès au territoire palestinien. Et appelé Benyamin Netanyahou à poursuivre sur cette voie, a indiqué le porte-parole, cité par le média américain ABC News. Après le froid de l’hiver, les familles déplacées à Rafah subissent à présent la chaleur qui monte, et se trouvent menacées, sans eau courante, par la propagation des maladies et la famine.
De son côté, le chef de la diplomatie française Stéphane Séjourné s’est rendu mardi en Israël pour rencontrer son homologue Israël Katz, et les discussions devaient porter sur le « risque d’offensive à Rafah sur laquelle (la France) a déjà marqué une très, très forte opposition », selon une source diplomatique française. « J’ai réaffirmé notre position pour mettre un terme à l’escalade ; libération des otages, cessez le feu, désescalade au Liban », a aussi indiqué le ministre des Affaires étrangères français.
Le secrétaire d’État américain s’est dit par ailleurs déterminé à arracher dès « maintenant » un accord de trêve entre Israël et le Hamas. Il a appelé le mouvement palestinien à accepter la dernière proposition en date, qui prévoit une trêve pendant 40 jours ainsi que l’échange d’otages enlevés pendant l’attaque du 7 octobre et emmenés à Gaza contre des prisonniers palestiniens incarcérés par Israël.
Selon Matthew Miller, Antony Blinken a discuté de cet accord de trêve avec le Premier ministre israélien et estimé que « c’est le Hamas qui barre la route au cessez-le-feu ». D’après un responsable israélien, Israël attendra jusqu’à « mercredi soir » une réponse du Hamas avant de décider s’il enverra une délégation au Caire en vue d’un possible accord.
Au 7e mois d’une guerre dévastatrice déclenchée par une attaque sans précédent du mouvement islamiste palestinien Hamas le 7 octobre contre Israël, les bombardements aériens israéliens sur la bande de Gaza ne connaissent aucun répit, faisant ces dernières 24 heures au moins 33 morts, selon le ministère de la Santé du Hamas.
AFP