Haïti : qui est « Barbecue », puissant chef de gang qui menace le pays de « guerre civile » ?

Haïti : qui est « Barbecue », puissant chef de gang qui menace le pays de « guerre civile » ?

8 mars 2024 Non Par LA RÉDACTION

 

Jimmy Chérizier, ancien policier devenu chef de gang le plus puissant de Port-au-Prince, menace le pays de « guerre civile ». Il réclame la démission du président par intérim, Ariel Henry.

Jimmy Chérizier, surnommé « Barbecue », est le chef de la famille des G9, l'alliance de gangs la plus puissante de Port-au-Prince à Haïti.
Jimmy Chérizier, surnommé « Barbecue », est le chef de la famille des G9, l’alliance de gangs la plus puissante de Port-au-Prince à Haïti. © Odelyn Joseph/AP/SIPA

Le chaos règne en Haïti. La menace d’une « guerre civile » sanglante dans ce petit pays des Caraïbes a été brandie par un influent chef de gang ce mardi 5 mars, si le Premier ministre Ariel Henry, et président par intérim, ne présente pas sa démission.

« Si Ariel Henry ne démissionne pas, si la communauté internationale continue de le soutenir, nous allons tout droit vers une guerre civile qui conduira à un génocide », a déclaré à la presse Jimmy Chérizier. Ce dernier appelle à renverser Ariel Henry depuis sa nomination au pouvoir en 2021, à la suite de l’assassinat de Jovenel Moïse. Il aurait dû quitter ses fonctions au début du mois de février.

« Nous devons nous unir. Soit Haïti devient un paradis pour nous tous, soit un enfer pour nous tous », a clamé le chef de gang, armé et équipé d’un gilet pare-balles, entouré d’hommes cagoulés.

Un ancien policier devenu chef de gang

Depuis ces derniers jours, les bandes criminelles, qui contrôlent la majorité de la capitale Port-au-Prince, s’en prennent à des sites stratégiques d’Haïti comme l’aéroport international, les prisons ou des bâtiments de police. Des troupes armées ont notamment attaqué deux prisons du pays samedi, libérant plusieurs milliers de détenus.

Au moins une dizaine de personnes sont mortes pendant l’évasion des prisonniers. Au lendemain de ces attaques, la capitale haïtienne a été contrainte de déclarer l’état d’urgence et un couvre-feu pendant 72 heures pour limiter le chaos.

À la tête de ces bandes armées, réunies dans une alliance criminelle sous le nom de « la famille G9 », se trouve Jimmy Chérizier, un ancien policier de 46 ans. Selon Le Figaro, il faisait partie d’une unité d’élite chargée de la lutte contre les gangs pendant une quinzaine d’années avant de rejoindre l’autre côté en 2018.

Un révolutionnaire face à la corruption

D’après Le Parisien, entre 2017 et 2018, Jimmy Chérizier a été accusé de violations des droits humains après avoir participé à des exécutions sommaires de civils lors d’opérations antigang. Selon Courrier international, il aurait notamment pris part au massacre de La Saline, le pire qu’ait connu Haïti en plus de dix ans. Il a été révoqué de ses fonctions un mois après le drame.

Peu après, Jimmy Chérizier va progressivement s’imposer comme chef de gang et devenir le plus puissant de Port-au-Prince. Avec des milliers d’hommes à son service, et la multiplication d’actions violentes, il est visé par des sanctions de la part de l’ONU, qui l’accuse de « saper la paix, la stabilité et la sécurité d’Haïti et de la région », rappelle la chaîne de télévision La 1ère.

À lire aussi Violences à Port-au-Prince : « Parfois, il y a collusion entre la police et les gangs »De son côté, Jimmy Chérizier, originaire du quartier de Delmas 6, se présente comme un révolutionnaire et un bienfaiteur face aux « politiques corrompus ». « Mon objectif, c’est éliminer, arrêter les politiciens corrompus. Nous devons changer toute notre classe politique pour construire un nouveau Haïti », affirmait-il en juillet dernier au Figaro.

Accusé de brûler ses adversaires

Un curieux surnom qualifie l’ancien policier : « Barbecue », qui évoque, selon ses dires, une période de son adolescence lorsqu’il vendait de la viande grillée avec son oncle dans les rues de la capitale haïtienne.

Une version remise en doute par les observateurs d’Haïti, qui estiment que c’est son habitude de brûler ses adversaires qui lui a valu ce surnom. Les attaques de Jimmy Chérizier sont régulièrement signées de violents incendies et de victimes brûlées vives.

Le conseil de sécurité de l’ONU doit se réunir à huis clos à ce propos ce mercredi 6 mars. Selon l’Agence France-Presse (AFP), Maria Isabel Salvador, représentante des Nations unies en Haïti, leur fera à distance un point sur la situation.

AFP