Guinée: un an après la prise de pouvoir de la junte, un bilan économique en demi-teinte

Guinée: un an après la prise de pouvoir de la junte, un bilan économique en demi-teinte

7 septembre 2022 Non Par LA RÉDACTION

Benjamin BK, vendeur de poulets sur le marché de Coléah à Conakry.
Benjamin BK, vendeur de poulets sur le marché de Coléah à Conakry. © Matthias Raynal / RFI

C’est l’heure du bilan en Guinée, après un an de gestion du pays par la junte. Douze mois après le coup d’État, comment se porte l’économie ? Les observateurs notent des points positifs comme l’amélioration de l’état des routes, la reprise du commerce entre Conakry et Dakar après la réouverture de la frontière. Autre indicateur rassurant, la monnaie semble enfin se stabiliser. Pourtant, les Guinéens ont encore bien du mal à sentir des effets bénéfiques sur leur quotidien.

De notre correspondant à Conakry,

La vie est chère, davantage même selon certains, que sous le président déchu Alpha Condé. Covid-19, guerre en Ukraine, la Guinée n’a pas échappé aux crises mondiales. Les prix se sont envolés sur le petit marché de Coléah.

Dans sa minuscule boutique, Benjamin BK fouille dans un congélateur à moitié vide. Pas besoin de stocks, les clients se font rares. Au mois de juin, les grossistes ont augmenté leurs prix et l’ont obligé à vendre son poulet entier 35 000 francs guinéens, environ 4 euros. Une augmentation de 15% du jour au lendemain. « Même les fonctionnairesceux qui travaillent au ministère ici, ils achetaient beaucoup avant, mais ça a changé, ça a baissé, explique Benjamin. Avant, beaucoup de personnes avaient la possibilité d’acheter, mais actuellement, avec 35 000 francs, vous ne pouvez plus acheter beaucoup de choses. »

Si les autorités ont tenté de mettre en place des mesures pour contenir l’inflation, comme la baisse des droits de douane sur certains produits de première nécessité, la hausse des prix a atteint tout de même 11% au mois d’avril. « À l’arrivée du CNRD, tout le monde était excité, poursuit Benjamin, on pensait que ça allait changer, mais malheureusement ce n’est pas le cas. »

« Tout est cher ! »

À l’entrée du marché, Diaka Diané se permet encore un petit plaisir : honorer chaque mois son abonnement à une chaîne payante. Cette mère célibataire est en colère : « Ça va barder ! Tout est cher ! Au marché, c’est difficile de trouver quelque chose. De manger même, c’est vraiment difficile. »

Un autre client, Mamadou Diallo acquiesce : « Je suis d’accord avec elle, parce que je sais ce que je laisse à la maison chaque jour. Je suis père de famille, je dois nourrir cinq enfants comme ça. Chaque jour, tu dois manger 100 000 francs sans les gagner ! »

À 200 mètres, au bord de la route de Donka, Amadou Barry Oury, agent de la santé publique, attend un taxi pour partir au CHU Ignace Deen : « Je paye généralement 2 000. Le prix a doublé depuis l’augmentation du carburant, ça fait mal ! ». C’était au mois de juin, le litre de l’essence était passé de 10 000 à 12 000 francs guinéens, provoquant des manifestations par endroits.