Guinée: «Ma fille a cessé de respirer dans l’ambulance», témoigne la mère de Marie-Angèle, tuée le 4 novembre

Guinée: «Ma fille a cessé de respirer dans l’ambulance», témoigne la mère de Marie-Angèle, tuée le 4 novembre

9 novembre 2023 Non Par LA RÉDACTION

 

Au moins 9 personnes ont été tuées le 4 novembre 2023 à Conakry dans une opération commando au cours de laquelle des hommes lourdement armés ont fait provisoirement sortir de prison l’ex-dirigeant du pays Moussa Dadis Camara et trois codétenus. Parmi les victimes, Marie-Angèle, 6 ans, qui se trouvait à bord d’une ambulance, en direction de l’hôpital de Kaloum. Arrêté à un barrage par des militaires, le véhicule a été visé par des tirs. La mère de la fillette témoigne pour RFI.

L’ambulance qui a été visée par des tirs le 4 novembre 2023 . 

Il était 4h du matin, samedi dernier, la mère de Marie-Angèle traverse Conakry dans une ambulance toutes sirènes hurlantes. Son mari vient d’avoir un accident. Avec ses trois enfants, elle l’accompagne à l’hôpital. Mais sur la route, au niveau du pont du 8-Novembre, un pick-up bloque le passage. La mère de Marie-Angèle explique : « On est restés là-bas, j’ai dit : ‘‘normalement, ils devraient nous laisser passer, parce que nous sommes dans une ambulance, nous sommes en urgence ! » ».

D’une voix monocorde, elle fait le récit de ce face-à-face effrayant : « On est restés 2, 3, 4 minutes comme ça, on a entendu les tirs, la première balle a touché ma fille. » Marie-Angèle est alors touchée à la poitrine : « Ma fille, c’est dans l’ambulance même qu’elle a cessé de respirer. » La maman craque : « Je suis complètement traumatisée, parce que c’est Dieu qui nous a sauvés, sinon on allait tous mourir ce jour. J’ai pensé que… (Elle pleure). Marie-Angèle, elle avait 6 ans et demi. Six ans et demi… »

La mère dit ne pas avoir vu le ou les tireurs, à cause de l’obscurité. La justice guinéenne a annoncé l’ouverture d’une enquête. Le porte-parole du gouvernement n’a pas répondu aux demandes d’interview de RFI.

Les événements liés à l’attaque du commando lourdement armé, le 4 novembre, ont, selon un dernier bilan fait au moins six blessés par balle, selon le procureur général. Il a fait état également de neuf morts. Parmi eux, quatre militaires et trois membres du commando. Deux civils ont aussi été tués : Marie-Angèle donc et un infirmier, tous deux à bord de l’ambulance, arrêtée à un barrage par des militaires et visée par des tirs.

Rfi