Guinée: les Bassari, une communauté en quête de reconnaissance

Guinée: les Bassari, une communauté en quête de reconnaissance

27 février 2023 Non Par LA RÉDACTION

En novembre dernier, les Bassari organisaient près de Conakry des activités culturelles afin de se présenter aux Guinéens et à la communauté internationale. Ils forment un peuple ultra-minoritaire en Guinée. Originaires du Fouta-Djalon, dans le nord-ouest du pays, près de Koundara, ils dénoncent les discriminations dont ils sont encore victimes. 

Jean-Pierre Lama Boubane, porte-parole de la communauté Bassari, pose devant une case traditionnelle du village de Guingan. En novembre dernier, les Bassari organisaient près de Conakry des activités culturelles afin de se présenter aux Guinéens et à la communauté internationale. Ils revendiquent leur existence au sein de la société guinéenne. Ils veulent en faire partie tout en conservant leur culture et leurs traditions qui sont aujourd’hui menacées.
Jean-Pierre Lama Boubane, porte-parole de la communauté Bassari, pose devant une case traditionnelle du village de Guingan.

En novembre dernier, les Bassari organisaient près de Conakry des activités culturelles afin de se présenter aux Guinéens et à la communauté internationale. Ils revendiquent leur existence au sein de la société guinéenne. Ils veulent en faire partie tout en conservant leur culture et leurs traditions qui sont aujourd’hui menacées. © Matthias Raynal / RFI

 

Une colline, surplombant un petit village parsemé de cases traditionnelles. « Vous êtes à Guingan, la première commune rurale du pays Bassari. », indique Jean-Pierre Lama Boubane.

Il est le porte-parole de la communauté Bassari, qui a sa propre langue (la langue « onëyanë »), sa propre culture et organisation sociale. « On va descendre au village pour aller à la rencontre de Bassari qui sont venus pour le marché hebdomadaire du village de Guingan. On n’a aucun chiffre précis sur la population de Bassari qui vit en Guinée, mais on les estime à moins de 1 000 », dit-il.

Les Bassari ont des noms de famille qu’ils sont les seuls à porter en Guinée. « Il y a Bangar, Bonang, Bianquinch, Bindia, Bemoune, Bangonine… », énumère Jean-Pierre Lama Boubane.

Calvaire administratif

Il faut ajouter Bidiar, Bies et bien sûr Boubane, le patronyme de notre accompagnateur. Ces neuf noms au total font la fierté des Bassari. Ils sont aussi à l’origine d’un véritable calvaire administratif. « Quand on arrive dans les bureaux de l’État, soit pour les cartes d’identités, soit pour les passeports, on nous dit automatiquement que nous sommes Togolais et on nous demande de fournir une copie du certificat de nationalité de nos parents », raconte Jean-Pierre Lama Boubane.

« Parmi les activités socio-économiques des Bassari, il y a la coupe du bambou. Ce fagot par exemple », dit-il en désignant la marchandise d’un exposant, « il est vendu 25 000 francs guinéens, soit un peu plus de 2,50 euros, pour un produit qui est transporté depuis la brousse jusqu’au marché. Combien faut-il vendre de fagots pour acheter un sac de riz ? Un sac de riz coûte ici plus de 40 euros ! »

Les Bassari vendent aussi du petit artisanat sur les marchés, sont également agriculteurs. Ils constituent une population particulièrement vulnérable. Près de Koundara, sur ses terres, elle est isolée et démunie. « Le système éducatif aussi est défaillant ici. C’est vraiment un peuple qui n’a pas accès à tous les services publics de l’État de Guinée. Et ça doit cesser ! »

 

Rfi