Guinée: les avocats du procès du massacre du 28 septembre 2009 sont en colère
30 mai 2023
Et ils l’ont fait savoir à qui de droit en boycottant les audiences qui devaient se tenir lundi 29 mai, obligeant le président du tribunal criminel à renvoyer le procès à la semaine prochaine. Toutes tendances confondues, ils exigent de l’État une aide juridictionnelle puisque, selon eux, leurs clients n’ont pas les moyens de les prendre en charge.
Outre de meilleures conditions de travail en salle d’audience, les avocats exigent de l’État une aide juridictionnelle pour combler, selon eux, le manque à gagner qu’ils perdent en restant trois jours ouvrables sur cinq au tribunal criminel.
« Nous sommes à ce procès depuis plus de huit mois. Nous sommes toujours là auprès de nos clients, ce qui constitue pour nous un manque à gagner. Tous les autres dossiers du cabinet en souffre, le client en souffre, nous même nous en souffrons », plaide Me Lancinet Sylla, avocat de Toumba Diakité.
C’est pourquoi dit-il, les avocats ont sollicité la bienveillance du Garde des Sceaux pour évaluer leur cas. Une demande restée vaine, selon lui. « Au cours d’un entretien avec lui, il nous a demandé de lui faire des propositions qu’il prendra en charge dans le budget du procès du 28 septembre. Mais plutôt que de faire face à nos préoccupations, il s’est mis à dire qu’il ne devrait rien aux avocats, que l’État ne devait rien aux avocats. »
Cette situation ne risque-t-elle pas de mettre en péril la poursuite du procès ? Réaction de Alsény Sall, porte-parole de l’organisation guinéenne de défense des droits de l’homme.
« Ce serait vraiment dommage pour toute la Guinée et je pense que cela n’est ni à l’avantage des victimes, ni des autorités et ni même de la communauté internationale, c’est pourquoi nous interpellons les partenaires internationaux qui sont membres du comité de pilotage à s’impliquer et à apporter leur soutien pour que cette situation soit débloquée pour que ce procès continue. »
Sollicité à plusieurs reprises par RFI, le ministre de la Justice Alphonse Charles Writh a refusé de répondre à nos questions.
RFI