Guinée : l’ancien ministre Bano Barry dit avoir un rêve pour la Guinée

Guinée : l’ancien ministre Bano Barry dit avoir un rêve pour la Guinée

29 septembre 2023 Non Par Doura
En marge de l’AN 63 de l’indépendance de la Guinée,  des intellectuels,  des élites ont été invités de parler de la Guinée,  de ce qui uni le pays.  Et c’est lors de cette présentation au palais du peuple de Conakry que le sociologue et ancien ministre   professeur Bano Barry a décliné son  rêve pour la Guinée.  Il l’a lu devant le premier ministre,  Bernard Goumou.

« J’AI FAIT UN RÊVE

Monsieur le Premier Ministre ;

Mesdames et Messieurs les membres du Gouvernement ;

Mes très chers sœurs et frères ; 

Monsieur le Premier Ministre ;

À mon âge, on dort peu avec un sommeil léger. Mais il arrive des moments de sommeil et pendant cette période, j’ai rêvé et souhaite le partager avec vous.

Je fais le rêve qu’un jour, les 23 bassins fluviaux, les 400 milliards de m3 d’eau de surface, les 13 milliards de m³ d’eau souterraine et les 1 988 mm/an d’eaux pluviales de la Guinée vont permettre de faire couler de l’eau potable dans les robinets des 33 préfectures, des 38 communes et des 303 sous-préfectures.

Je fais le rêve qu’un jour, les 25 millions d’hectares de terres agricoles et les 13 millions d’hectares de terre arables de la Guinée seront capables d’assurer l’autosuffisance alimentaire, de faire de la Guinée un exportateur de produits agricoles comme avant l’indépendance.

Je fais le rêve qu’un jour, les 300 km du littoral sur l’Atlantique, les 1 165 cours d’eau, les 8 millions de bovins, les 6 millions d’ovins et de caprins, les 140.000 porcins et les 32 000 volailles de races locales de la Guinée permettront de diversifier et de sécuriser l’alimentation du pays.

Je fais le rêve qu’un jour, les 40 milliards de tonnes de bauxites de notre sous-sol seront transformés en alumine et en aluminium pour faire des marmites, des bâtiments, des tables-bancs et des véhicules ici et maintenant à Sangarédi, à Boffa, à Fria et à Conakry.

Je fais le rêve qu’un jour, les 2 milliards de tonnes de fer des monts Nimba, Simandou, du Kalia et de Forécariah permettront de faire élever au ciel les cheminées et les hauts fourneaux des forgerons de la Guinée médiévale. 

Je fais le rêve qu’un jour, les millions de carats de diamant seront taillés à Banankoro et les centaines de tonnes d’or seront raffinés dans le Bouré. 

Je fais le rêve qu’un jour, la Guinée sera traversée par des autoroutes de Kaaka à Mandiana, de Lénkérin à Zoo, de Pamalap à Sansalé et qu’aucun Guinéen ne dira qu’il n’a jamais vu une route bitumée. 

Monsieur le Premier Ministre ;

Je fais le rêve qu’un jour, la jeunesse guinéenne saura que la diversité climatique, topographique et géographique fait de la Guinée une synthèse de l’Afrique de l’Ouest, le plus beau pays d’Afrique qui mérite d’être vu avant de mourir de soif dans le Sahara, de se noyer dans la méditerranée ou le Rio Grande, de finir parquer comme du bétail dans les prisons à ciel ouvert de Lampédousa et que « Footéta n’est pas en couleur ».

Je fais le rêve qu’un jour en Guinée nous utiliserons le train pour aller de Almamya à Tombo à Thuo, de l’Ouest à l’Est du pays pour admirer les cascades de la Soumba à Dubréka, les chutes d’eaux de Biradé, le cours d’eau de Bamban sur lequel il est interdit de faire le linge, le lac de Samaya, les grottes de Tanènè, la rocheuse de Maléa, la zone sacrée de Yatougouly dans le Kania, le Mont Badiar, la dame du Mali, les chutes de Kambadaga, de Ditinn, de Kinkon et de Saala.

Je fais le rêve qu’un jour les jeunes de Guinée vont découvrir dans ce train la savane boisée entrecoupée par les prairies des plaines alluviales qu’inonde chaque année les crues du Milo, du Niandan, du Tinkisso, du Fié et du Sankarani pour fertiliser le sol et nourrir le mandingue. 

Je fais le rêve qu’un jour, les jeunes de Guinée traverseront dans ce train les massifs élevés aux versants souvent abrupts, des plateaux, des plaines de piedmont, des bas-fonds et des vallées inondables de la Guinée des forêts humide de la Guinée forestière.

Je fais le rêve que les jeunes de Guinée prendront ce train pour visiter l’histoire de la Guinée en commençant par la prison coloniale de Fotoba, les ruines du site d’exportation de nos frères vers les Antilles par les négriers, la tombe des 2 officiers français et des 11 tirailleurs tombés à la prise du « Waliou » de Gomba, des grottes préhistoriques à Télimélé, la première capitale du Mali, la demeure de Samory Touré.

Monsieur le premier Ministre ;

Je fais le rêve qu’un jour, les jeunes sauront que leur pays est riche de sa diversité ethnique et culturelle. Qu’un Barry de Timbo est un Keita dans Niani et redevient Soumah dans le Rio Pongo ; qu’un Kaba du Baté devient Sow dans Kébali et un Touré dans le Wassoulou ; qu’un Conté de Waawa devient Bah dans Gongoré. 

Je fais le rêve que tous les jeunes de Guinée sachent que la table de multiplication est à réciter, que la conjugaison est à apprendre, que le vocabulaire s’acquiert par la lecture et que les diplômes sans compétences sont justes des vulgaires papiers sans intérêt.

Je fais le rêve qu’un jour les jeunes de Guinée comprendront que les réseaux sociaux ne sont pas des bureaux, que Tiktok rend Toctoc, que Facebook n’est pas le dictionnaire, que réviser ses leçons est meilleure à WhatsApp. 

Je fais le rêve qu’un jour en Guinée que ne comptera que la compétence, l’honnêteté et l’amour de l’autre pour respecter notre devise : « Travail, Justice, Solidarité ».

Jeunes de Guinée, Monsieur le Premier Ministre, j’espère que vous faites le même rêve que moi.

Je vous remercie