Guinée: la nostalgie agraire des possesseurs de jardins dits «tapade»

Guinée: la nostalgie agraire des possesseurs de jardins dits «tapade»

21 février 2023 Non Par LA RÉDACTION

 

La poétesse et sociologue, Zeïnab Koumanthio Diallo, montre sa récolte de coton.
La poétesse et sociologue, Zeïnab Koumanthio Diallo, montre sa récolte de coton. © Matthias Raynal / RFI

Derrière le joli musée du Fouta-Djalon se cache un écrin de verdure en pleine ville. « On est dans le jardin, je dirai, botanique du musée », souligne Zeïnab Koumanthio Diallo. Elle est la directrice générale de ce haut lieu de la culture foutanienne. Elle est aussi poétesse et sociologue.

« Les tapades, ce sont de petits jardins familiaux qui sont développés autour des cases dans les concessions, car le Peul veut avoir tout chez lui, par lui-même, pour lui-même. Et donc là-dedans, on retrouve énormément de choses, c’est-à-dire tout ce dont la famille a besoin dans l’immédiat pour se nourrir, se vêtir et participer aux cérémonies. Il y a des plans de cotonnier qu’on sème un peu partout. Le cotonnier pousse très vite et on ne l’entretient presque pas. Une fois que la plante a pris son départ, il n’y a plus rien à faire. » dit-elle.

Une tradition qui se perd peu à peu

Zeïnab nous montre son cotonnier. Du haut de ses six ans, son tronc domine la tapade. « Malheureusement, il y a très peu de tapades dans les centres-villes aujourd’hui. Quand on s’éloigne un peu, à dix kilomètres seulement dans la campagne, on les retrouve et c’est magnifique », s’exclame Zeïnab Koumanthio Diallo.

La tradition se perd peu à peu. Les habitants du Fouta-Djalon, quand ils en ont les moyens, préfèrent les maisons modernes aux cases traditionnelles et les cours en béton. « On peut voir la récolte si vous voulez. Je vais vous montrer et vous allez constater par vous-même que c’est un bon coton. »

Zeïnab Koumanthio Diallo va chercher chez elle un sac plastique bien rempli. « Voilà, ça, c’est une seule récolte. Touchez, c’est extrêmement moelleux, c’est beau. » Il y a au moins un kilo, peut-être deux, pense Zeïnab. À la question de savoir si l’on peut faire une chemise avec, Zeïnab Koumanthio Diallo répond : « Bon, l’évaluation va être difficile [rires], mais je crois que c’est un peu petit pour penser à une chemise. »

 

RFI