Guinée: la classe politique dubitative après le départ d’Alpha Condé aux Émirats arabes unis
19 janvier 2022
L’ancien président guinéen a quitté Conakry lundi après-midi 17 janvier à bord d’un vol privé pour Abou Dhabi. Renversé par un coup d’État le 5 septembre 2021, il doit y suivre des soins médicaux. Dans la capitale Conakry, société civile et partis politiques exigent des garanties sur le retour du chef de l’État déchu.
Les partis politiques sont unanimes sur un point : il est « normal » de laisser l’ancien président se soigner à l’étranger. Même si aucune information ne filtre sur son état de santé, Souleymane Keïta, porte-parole du RPG, le parti d’Alpha Condé, exprime son soulagement : « Les photos que nous avons vues du président sont plutôt rassurantes car il marche par lui-même pour aller dans l’avion. Nous sommes plutôt soulagés. »
Les autorités indiquent que des garanties lui ont été données, pour qu’Alpha Condé revienne dans un mois. Alpha Condé bénéficie d’une autorisation à titre « humanitaire » du président de la Transition, le colonel Mamadi Doumbouya, qui s’attend à le voir revenir à Conakry dans un mois. Mais la classe politique est dubitative.
« Est-ce qu’il va revenir ou pas? Cette question à mon sens engage la responsabilité des autorités actuelles du pays. C’est à elle de prendre les garanties nécessaires pour le retour effectif d’Alpha Condé après son séjour médical si la justice en a besoin », remarque Mohamed Tall, le directeur de cabinet de Sidya Touré.
Comptes à rendre
Même inquiétude exprimée par le Front national pour la défense de la Constitution (FNDC), fer de lance des contestations contre le troisième mandat d’Alpha Condé. « Cela ne va pas être un exil doré. La junte au pouvoir va prendre toutes les dispositions pour qu’après son traitement, il puisse regagner le pays. Il faudrait que justice soit rendue à toutes les victimes tombées sous le règne d’Alpha condé. Nous avons enterré 99 victimes », explique Ibrahima Diallo, chargé des opérations au FNDC.
Alseny Sall, porte-parole de l’Organisation guinéenne des droits de l’homme attend l’ex-président de pied ferme pour qu’il puisse se présenter devant la justice : « Il appartiendra au CNRD de garantir son retour au pays en temps opportun dans la mesure où la justice va demander sa présence car il y a déjà des plaintes contre lui auprès de certains tribunaux. Deuxièmement, pendant les dix années de son règne, on a enregistré beaucoup de manifestations politiques et sociales qui malheureusement se sont toutes soldées par beaucoup de morts, des blessés graves. Il était le président de la République, il a vraiment des comptes à rendre par rapport à toute cette situation. »
Pour le CNRD, ce geste permet de répondre à une des conditions exigées par la Cédéao.