Guinée/Dubreka : 3 trafiquants  mis aux arrêts pour trafic de crocodiles puis relâchés à la suite d’une grogne populaire

Guinée/Dubreka : 3 trafiquants  mis aux arrêts pour trafic de crocodiles puis relâchés à la suite d’une grogne populaire

7 décembre 2023 Non Par Doura

Par Mamady Kamisoko

Dans le cadre de l’exécution du projet Appui à la Lutte contre la Criminalité Faunique(ALCRIF), le lundi 04 décembre 2023, deux opérations ont eu lieu dont l’une au quartier Kéitaya ayant conduit à la saisie d’un crocodile illégalement détenu et la seconde dans le village de Taban, sous-préfecture de Tanènè, préfecture de Dubreka.
Les deux opérations ont été menées par une équipe de la Brigade nationale de lutte contre la criminalité sur la faune et la flore du Ministère de l’Environnement et de Développent Durable(MEDD) grâce à l’appui technique, logistique et financier du projet ALCRIF de l’ONG ‘’ Action Citoyenne pour la Protection de l’Environnement(ACPE)’’ qui a d’ailleurs  bénéficié d’un accompagnement du Gouvernement Français à travers le Programme Petites Initiatives(PPI).

En pleine opération, 3 trafiquants  ont été pris lors d’une transaction illégale portant sur 3 crocodiles adultes, espèce animale intégralement protégée par le code de faune sauvage et réglementation de la chasse en Guinée mais aussi par la Convention internationale sur le commerce des espèces de faune et de flore sauvage menacées d’extinction(CITES), autrement appelée la Convention de Washington.

Ainsi, au quartier Kéitaya, à 16 h 28 min de ce lundi 04 décembre, une première équipe de la mission composée de 4 agents de la Brigade nationale et un activiste du projet ALCRIF,  est parvenue à confisquer un crocodile adulte, illégalement détenu dans une concession dont le propriétaire M. Sékou Abdoulaye CAMARA, annonce ignorer l’existence d’une loi interdisant la détention de ladite espèce. Toutefois, une convocation lui a été adressée à se présenter à la Brigade Nationale, puisqu’un principe de droit dit que ‘’ Nul n’est sensé ignoré la loi’’. Or, la détention d’une espèce animale intégralement protégée comme le crocodile est passible de poursuite judiciaire, apprend-on avec les spécialistes du droit environnemental.

Quant à la seconde équipe de la mission au nombre de 6 agents et 2 activistes du projet ALCRIF, elle s’est retrouvée à la même heure du même jour au village de Taban. En pleine opération de transaction illégale portant sur 3 crocodiles dont l’unité se négociait à 800 000 GNF, 2 trafiquants  plus leur acheteur ont été pris main dans la patte par les agents de la mission et conduits immédiatement dans les locaux de l’Unité Préfectorale de la Brigade de lutte contre la criminalité environnementale de Dubreka pour être entendus sur procès-verbal, conformément à la procédure en la matière.
Au moment de la confiscation des 3 crocodiles se trouvant dans une fosse septique, une foule compacte et prête à en découdre avec l’équipe de la mission est venue prendre en otage toute l’équipe en s’opposant catégoriquement à l’opération en cours.
Conséquences, un membre de l’équipe violemment battu, sa chemise déchirée et transformée en chiffon, le pare-brise d’un véhicule  de la mission complètement brisée. Arrivés chez le chef du village où la foule a conduit de force les membres de l’équipe, encerclée par la population  surexcitée, suivis de menaces de morts de part et d’autre, il a été exigé par les habitants la libération immédiate et sans condition des trafiquants  pris en flagrant délit de trafic d’espèces animales intégralement protégées, en occurrence les crocodiles. Faute de quoi, aucun membre de l’équipe ne quitterait  les lieux. Ce qui fut et l’équipe a regagné Conakry tard la nuit du lundi en possession des 3 crocodiles issus du trafic, un acte passible de poursuite judiciaire surtout portant sur une espèce animale intégralement protégée comme le crocodile.
A en croire aux dires de Tamba Fatou OULARE, Coordinateur du projet ALCRIF, cette issue favorable pour préserver la vie des membres de l’équipe de la mission serait, ‘’ la résultante de l’implication personnelle du Point Focal de la Criminalité Faunique auprès du Ministère de la Justice et Garde des Sceaux mais aussi  celle du Procureur de la République près du Tribunal de première instance de Dubreka’’, fait-il savoir.
A rappeler que l’estimation des revenus tirés du trafic des espèces sauvages le place au 4ème  rang mondial des activités criminelles transnationales les plus lucratives, après le trafic de drogues, de contrefaçons et d’êtres humains.
Affaire à suivre….
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