Guinée: des femmes parlent après une série d’agressions lors de la fête de l’indépendance

Guinée: des femmes parlent après une série d’agressions lors de la fête de l’indépendance

16 octobre 2022 Non Par LA RÉDACTION

La chanteuse Queeneff pose le poing serré, quelques jours après sa vidéo de dénonciation des violences sexuelles lors de la fête d'indépendance le 2 octobre.
La chanteuse Queeneff pose le poing serré, quelques jours après sa vidéo de dénonciation des violences sexuelles lors de la fête d’indépendance le 2 octobre. © RFI/Matthias Raynal

De nombreuses femmes ont été victimes de violences sexuelles lors du 64e anniversaire de l’indépendance en Guinée, le 2 octobre dernier. Des groupes de jeunes hommes, souvent encore adolescents, se sont livrés à des attouchements. Malgré le tabou et la honte qui perdurent, certaines ont décidé de prendre la parole. Ces violences sexuelles ont eu lieu au moment même où s’ouvrait le procès du 28 septembre 2009. Ce jour-là, plus d’une centaine de femmes avaient été violées au stade de Conakry.

On l’a accusée de vouloir faire le buzz pour la sortie de son nouveau clip, alors au micro de RFI, la chanteuse de 27 ans s’en donne à cœur joie pour répondre ses détracteurs. Le 3 octobre, Queeneff poste un témoignage sur les réseaux sociaux. Face caméra, elle raconte les violences sexuelles qu’elle a subies lors des célébrations de l’indépendance : « Vous avez des enfants de moins de 17 ans qui se permettent à toi, femme, si tu n’es pas en pantalon, de te remonter ta jupe ou ton pagne, pour te foutre la main dans les parties intimes… »

Sa vidéo a contribué à libérer la parole. Elle explique comment elle l’a réalisée : « Quand je suis rentrée, j’étais sous le choc et je n’ai pas pu dormir de la nuit »explique la jeune femme. Et dès le matin, elle décide d’en parler, de partager « cette expérience », mais aussi de voir si elle est « la seule indignée par ça ».

Sa vidéo a contribué à libérer la parole. « Sur ma page Facebook, il y a à peu près 50 femmes et hommes qui ont témoigné. Certaines pour des proches, d’autres pour elles. » Elle a reçu aussi des dizaines de messages, parfois violents. « J’ai été insultée, on m’a menacée de mort ou de me violer en me précisant : « il faut que l’on te viole pour savoir de quoi tu parles réellement”. Dans notre société, même si tu as été violée, tu ne dois pas en parler, car ici, c’est honteux d’en parler… C’est eux qui devraient avoir honte. »

En Guinée, de plus en plus de personnes osent dénoncer ces comportements qu’on passait autrefois sous silence. « Je veux que, pour moi et toutes ces femmes qui ont subi ces horreurs… Je veux que justice leur soit rendue. » Queeneff a porté plainte. Elle compte aller jusqu’au bout.

En Guinée, des organisations de la société civile et des personnalités publiques ont signé le 7 octobre dernier une déclaration commune appelant « à agir contre les agressions sexuelles dans l’espace public ». Une pétition en ligne a également été publiée sur le site change.org 

► À écouter aussi : Procès du 28-