Guinée: au jardin botanique de Dubréka, les traditions inspirent la médecine moderne

Guinée: au jardin botanique de Dubréka, les traditions inspirent la médecine moderne

13 mars 2023 Non Par LA RÉDACTION

 

C’est un écrin de verdure à la sortie de Conakry où des chercheurs tentent de jeter un pont entre la pharmacopée traditionnelle et la médecine moderne : c’est le jardin botanique de Dubréka qui s’étend sur 14 hectares, entre mangrove et terre ferme. Ici, s’épanouissent des centaines de plantes venues de toute la Guinée et même d’ailleurs. C’est l’Institut de Recherche et de développement des plantes médicinales et alimentaires qui est chargé de veiller sur ce trésor.

 Une vue de Dubreka, près de Conakry. (Image d'illustration)
Une vue de Dubreka, près de Conakry. (Image d’illustration) © RFI/Igor 

 

Une forêt luxuriante, percée de sentiers étroits. Mamadou Saliou Telly Diallo est le chef de l’unité phytochimie de l’institut. Il explique la philosophie du jardin botanique de Dubréka et de sa cinquantaine de chercheurs : « Nous avons au sein de l’institut des tradipraticiens… nous essayons de faire des tests pour voir si ce que dit le guérisseur, sur le plan traditionnel, corrobore les résultats que nous recevons en laboratoire. »

Ici sont menées des recherches sur différentes pathologies : le paludisme, les maladies tropicales négligées ou encore l’hypertension. Pour combattre cette affection chronique, le jardin botanique a trouvé : « Un phytomédicament préparé à base d’une plante médicinale qu’on appelle Hymenocardia acida. C’est une plante que l’on retrouve souvent dans la savane et dans les zones plus ou moins arides, mais qui s’est vraiment avérée efficace contre l’hypertension. Ce médicament est connu sous le nom de Guinex HTA, en l’honneur de la Guinée. »

Un trésor ancestral menacé

La forêt dense qui se trouve derrière le laboratoire, c’est la réserve de matière première de l’institut. Nous y croisons l’un de ses collaborateurs : « Mon nom, c’est docteur Ouo Ouo Sangbé, le tradipraticien, venant de la Guinée forestière ».

Devant lui, il y a des sachets de poudre, des instruments, des cornes d’animaux. Il y a aussi des tubercules : « C’est un tubercule qui guérit les hémorroïdes, la faiblesse physique et sexuelle. »

C’est du taro du lion et il peut se manger cru comme : « En gâteau, en tô comme le manioc, on a tout essayé en évaluation ici ».

« C’est une plante que nous avons domestiquée par le truchement de notre guérisseur qu’il nous a envoyé de la forêt », explique le chef de l’Institut, Mamadou Saliou Telly Diallo.

Aujourd’hui, une double menace pèse sur ce savoir ancestral. Mohamed Sahar Traoré, directeur général adjoint de l’Institut de recherche et de développement des plantes Médicinales et alimentaires de Guinée : « On sait que sur le plan mondial, la biodiversité est en train de s’appauvrir et la première ressource justement de ces savoirs traditionnels, c’est cette biodiversité. La seconde chose, c’est que les détenteurs de ces savoirs traditionnels sont en train de disparaître progressivement. »

Avec la destruction des écosystèmes, le remplacement de l’ancienne génération de guérisseurs par une nouvelle moins qualifiée et qui voit le métier davantage comme un business, combien de temps ce patrimoine résistera-t-il encore ?

 

Rfi