Guinée: à Siguiri, comment la ruée vers l’or a transformé la société guinéenne

Guinée: à Siguiri, comment la ruée vers l’or a transformé la société guinéenne

27 mars 2022 Non Par LA RÉDACTION

Un chercheur d'or à Siguiri, en Guinée.
Un chercheur d’or à Siguiri, en Guinée. © Getty Images/Aldo Pavan

La Guinée  subit régulièrement des ruées vers l’or qui transforment profondément la société dans les régions touchées. Dans le Nord-Est, à Siguiri, le phénomène est ancien. Le métal doré attire des Guinéens de tout le pays, mais aussi des étrangers. Avec une promesse : celle d’améliorer leurs conditions de vie du jour au lendemain.

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De notre correspondant à Conakry,

Dans une concession en périphérie de Siguiri. Il fait nuit noire. Ici, l’électricité c’est entre 22h et 2h du matin. « Les gens ont tout laissé, moi-même je me rappelle que durant mon enfance on descendait tous dans le champ pour cultiver le riz. Mais aujourd’hui ce qu’on mange on l’achète », explique un jeune homme, géologue de formation. Il raconte la ruée vers l’or et ses conséquences sur sa région. « Tout le monde s’est mis à l’orpaillage, les parents, les grands-mères, les tantes, il n’y a plus d’agriculture. L’économie est freinée. C’est le puits qui nourrit cette population désormais. »

Le puits, c’est la mine d’or. Kadiatou nous emmène sur une exploitation, à une vingtaine de kilomètres au nord de Siguiri. Là-bas, elle aide sa mère. C’est aussi son job d’étudiante. Une partie des bénéfices lui sert à payer sa scolarité. Elle a 22 ans et répond aux questions en mâchonnant un chewing-gum : « À Bouré Doubaya, la spécificité du village c’est le travail de l’or. »

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Des méthodes semi-industrielles

Sur des kilomètres, pas une plantation, de chaque côté de la piste, une terre retournée, à vif. Il faut fermer les vitres de la voiture pour ne pas respirer la poussière qui s’infiltre partout. Les méthodes sont semi-industrielles. Les orpailleurs achètent des cargaisons de terre qui ont été extraites du sol par un bulldozer. A notre arrivée, la mère de Kadiatou est en train de laver du sable dans une calebasse transformée en batée. « On écrase la roche puis on lave encore et encore pour récupérer l’or. »

Elle vient de trouver 4 grammes d’or qui brille au fond du récipient. Le fruit de deux heures de travail. C’est, elle, la patronne. Elle a quatre employés, l’un d’entre eux est originaire de Guinée forestière. Mais l’or attire aussi des étrangers. Sur le site, il y a deux Burkinabè qui travaillent à leur compte.

« Le Maroc c’est un pays où la médecine est développée. J’aimerais aller là-bas pour poursuivre mes études, si j’en trouve les moyens », dit Justin. Il a 24 ans et pour réaliser son rêve d’étudiant, il est prêt à endurer les conditions de vie spartiates de Bouré Doubaya. « On s’est lancé dans l’orpaillage parce qu’on n’avait aucune autre opportunité. Ce n’est pas le genre de travail qu’on doit faire jusqu’à son dernier souffle. »