Guinée: à la rencontre des orphelins du Centre de conservation pour chimpanzés [1/2]
20 avril 2022
Vendus comme animaux de compagnie ou tués pour leur viande, les chimpanzés d’Afrique de l’Ouest sont en danger critique d’extinction. Le développement de l’économie et des infrastructures détruit leur habitat à un rythme effréné. Partout, les populations de chimpanzés se sont effondrées depuis les années 1960 et la tendance ne fait que s’accentuer. La Guinée pourrait jouer un rôle central dans la survie de ce grand singe. C’est le pays de la région avec la population la plus importante. Niché au cœur du Parc national du Haut-Niger, le CCC, le Centre de conservation pour chimpanzés, recueille les orphelins de tout le territoire guinéen, avec l’espoir de pouvoir un jour les réintroduire dans la nature.
De notre envoyé spécial à Somoria,
Parcelle de forêt entourée de grillage, doublé d’une clôture électrifiée. C’est l’un des quatre enclos du sanctuaire. « Je vais monter un peu et les ramener par ici si je les trouve. S’il y a un problème, vous reculez simplement dans le chemin », prévient Lucie Paris, la vétérinaire du centre. Un chimpanzé s’approche. « Il vient voir un peu ce qu’il se passe, parce qu’il est curieux. C’est Dan, le mâle qui est pour le moment plus ou moins dominant au sein du groupe. Là, il est en train de vous dire qu’il a un petit problème avec vous », alerte-t-elle.
Le singe se balance de gauche à droite pour indiquer son avis mitigé quant à notre présence. « On va juste se faire un peu plus petit pour avoir l’air moins impressionnants par rapport à lui. Voilà, il se calme », observe Lucie Paris. « En fait, ils communiquent énormément par le corps, par la position du corps et par la gestuelle, et ils nous envoient des messages ; ils nous disent des choses et si on ne répond pas comme il faut, soit on va augmenter la frustration, soit l’énervement », indique-t-elle. « Dans ce groupe-ci, ils sont onze. Ça, c’est un groupe qui est plus ou moins prêt pour être relâché », ajoute la vétérinaire.
Un habitat dégradé par l’homme
Il faut nourrir quatre fois par jour la soixantaine de pensionnaires qui vivent dans le centre. La sonnerie retentit à l’heure du repas. Petit moment de folie pour ces chimpanzés qui s’agitent.
Christelle Colin est la directrice du CCC depuis 2015, à la tête d’une équipe composée d’une trentaine d’employés locaux et de quelques expatriés. « Tous nos chimpanzés arrivent pour la plupart des quatre coins de la Guinée », dit la directrice. « C’est un mélange de beaucoup de facteurs actuellement : le développement de l’industrie minière, le développement des infrastructures routières, le chemin de fer… Ça devient difficile pour la faune en général d’arriver à trouver sa place dans un habitat qui se dégrade extrêmement vite en fait », constate Christelle Colin.
Sur les genoux de Thierno Baldé, soigneur guinéen, il y a un petit orphelin d’un an. « Ça fait deux semaines que je suis avec lui. » Thierno est sa maman de substitution. Il lui a donné un nom. « Tola, ça veut dire “le benjamin” (en fulfulde, ndlr). On ne veut plus que les gens tuent les mamans chimpanzés pour garder les bébés. On espère qu’il sera le tola, le dernier…
Rfi