Ce sont des images quotidiennes en Ukraine, où la guerre dure depuis maintenant plus de 14 mois : les obsèques de soldats se succèdent à Kiev, alors que les combats tuent des centaines de militaires chaque jour. Sauf que ces obsèques-là ont une particularité : dans le cercueil se trouve Christopher Campbell, un Américain. Une première depuis le début du conflit.
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« C’était sa dernière volonté, et c’était notre devoir de la respecter », affirme Iva Savina, sa fiancée, droite dans son costume traditionnel ukrainien, face au prêtre et aux soldats réunis. « Il voulait que je veille sur lui », confie-t-elle. Ancien soldat américain engagé en Irak, Christopher Campbell était arrivé en Ukraine au début de l’invasion russe, pour servir dans la légion internationale de l’armée de Kiev. Il a été tué le 6 avril dernier dans la très meurtrière bataille de Bakhmout. « Il était devenu un Ukrainien parmi les Ukrainiens », assure sa fiancée.
« Il voulait montrer qu’il n’y a pas que des Ukrainiens qui combattent ici, mais que le monde entier est avec nous. »
Iva Savina, fiancée de Christopher Campbellà franceinfo
« Gloire au héros ! »
Dans l’église, ce n’est pas l’hymne américain qui retentit, mais bien celui de l’Ukraine. La famille du soldat n’a pas pu venir à Kiev. Un déplacement trop dangereux, selon le gouvernement américain. « La dernière fois que je l’ai vu, c’était deux jours avant sa mort à Kharkiv. On a eu seulement un jour et une nuit ensemble. Je l’ai interrogé sur ce qu’il vivait là bas et c’est la seule fois où je lui ai demandé de rester avec moi, se souvient de son côté Iva Savina. Je sentais qu’il avait beaucoup changé, comme tous les hommes là-bas. Les horreurs qu’il affronte, c’est terrifiant. »
Gleb Tischenko est l’un des premiers à avoir accueilli Christopher Campbell en Ukraine dans son organisation d’aide aux soldats. Et pour lui, la formule ukrainienne ‘gloire au héros !’ n’est pas galvaudée concernant son ami. « Il est mon héros parce qu’il avait 27 ans et la vie devant lui pour faire des études, trouver un bon travail qui lui fasse bien gagner sa vie, avoir une famille, un chien ou un chat. Et il a décidé de venir ici pour nous aider, défendre la démocratie et les Ukrainiens », salue-t-il.
Au début de cette guerre, l’armée ukrainienne affirmait que 20 000 soldats étrangers étaient venus s’engager dans ses rangs. On estime leur nombre aujourd’hui à environ 3 000.