L’Ukraine a-t-elle tenté d’attaquer le Kremlin avec un drone, sur ordre des Etats-Unis ? C’est ce qu’a affirmé la Russie, jeudi 4 mai, une hypothèse rejetée par les Occidentaux, Washington en tête. Et alors que la contre-offensive ukrainienne se précise, les destructions de drones par Kiev se multiplient. Franceinfo fait le point sur ce qu’il faut retenir de la journée sur le conflit russo-ukrainien.
Explosion de drones au-dessus du Kremlin : Moscou accuse, Washington réplique
Mercredi, Moscou a affirmé avoir intercepté deux de drones ukrainiens qui visaient le Kremlin, dénonçant une tentative d’assassiner le président Vladimir Poutine. Jeudi, un grand flou entoure toujours cette tentative de frappe supposée, la plus spectaculaire imputée à l’Ukraine depuis le début de l’offensive russe en février 2022.
Les autorités russes n’ont rendu publique aucune preuve et il est impossible d’authentifier les vidéos diffusées par certains médias russes sur lesquelles on peut voir un petit drone s’approcher du Kremlin puis exploser dans une gerbe de flammes. L’Ukraine a en tout cas fermement démenti tout lien avec cette affaire, accusant même la Russie de l’avoir « mise en scène » pour justifier une possible escalade à venir du conflit, là aussi sans apporter d’éléments probants.
« Les efforts de Kiev et de Washington pour nier toute responsabilité sont totalement ridicules. Les décisions concernant de telles attaques ne sont pas prises à Kiev mais à Washington », a déclaré jeudi le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, sans toutefois étayer ses accusations. Les Etats-Unis « n’ont rien à voir dans cette affaire », a rétorqué John Kirby, le porte-parole du Conseil de sécurité nationale de la Maison Blanche. Le chef de la diplomatie européenne, Josep Borrell, a quant à lui exhorté Moscou à ne pas utiliser cette attaque ukrainienne présumée « comme une excuse pour poursuivre l’escalade » dans le conflit.
La sécurité renforcée à Moscou avant les célébrations du 9 mai
Les mesures de sécurité vont être « renforcées », a assuré le porte-parole du Kremlin, tandis que se profilent les célébrations du 9 mai marquant la victoire sur l’Allemagne nazie en 1945. A Moscou, le grand défilé militaire prévu sur la place Rouge est maintenu et Vladimir Poutine y prononcera un discours, selon son porte-parole.
Le ministère russe des Affaires étrangères a estimé jeudi que « les activités terroristes et de sabotage des forces armées ukrainiennes » prenaient « une ampleur sans précédent ». Les attaques se sont en effet multipliées ces derniers jours, avec en particulier plusieurs incursions de drones et de spectaculaires sabotages ferroviaires. Jeudi, des drones ont ainsi frappé deux raffineries de pétrole dans le sud-ouest de la Russie, près de l’Ukraine. Dans la soirée, un autre a été abattu près d’une base aérienne russe à Sébastopol, en Crimée annexée.
Kiev dit avoir abattu une vingtaine de drones, avant sa contre-offensive
Sur le terrain, les frappes russes redoublent d’intensité depuis plusieurs jours, le département d’Etat américain déclarant en avoir recensé 145 depuis le 1er mai. L’Ukraine, qui affirme achever ses préparatifs en vue d’une grande offensive, a dit avoir abattu jeudi une trentaine de drones explosifs envoyés par la Russie.
Dans la soirée à Kiev, victime d’une vague d’attaques la nuit précédente, des déflagrations ont à nouveau été entendues par des journalistes de l’AFP, le maire de la capitale, Vitali Klitschko, signalant « des explosions et des incendies ». Toutefois, dans une mise au point quelques heures plus tard, l’armée de l’air ukrainienne a reconnu avoir dû détruire un de ses propres drones, un Bayraktar TB2 (de fabrication turque), « au cours d’un vol régulier dans la région de Kiev ».
L’intensification des attaques intervient à un moment où l’Ukraine affirme avoir terminé ses préparatifs en vue d’une vaste offensive de printemps annoncée depuis des semaines. Les rumeurs vont bon train parmi les analystes sur la date de cet assaut et sur ses cibles, avec en tout cas le but affiché de reconquérir les territoires occupés dans l’est et le sud.
Volodymyr Zelensky réclame la création d’un tribunal spécial pour le crime d’agression
Pendant son déplacement à La Haye (Pays-Bas), où siège la Cour pénale internationale (CPI), Volodymyr Zelensky a appelé à créer un tribunal spécial pour punir le « crime d’agression » russe, « le début du mal ». Il a aussi dit que l’Ukraine, « réaliste », ne s’attendait pas à entrer dans l’Otan tant que le conflit continuerait à faire rage, tout en pressant ses alliés occidentaux de poursuivre « le plus rapidement possible » les livraisons d’armes.
Une enquête ouverte en Allemagne après des fuites sur une possible visite de Volodymyr Zelensky
La police berlinoise a annoncé avoir ouvert une enquête sur la divulgation par l’un de ses membres dans la presse d’informations d’une éventuelle visite en Allemagne de Volodymyr Zelensky. L’enquête porte sur un « soupçon de trahison de secret », après des informations parues mercredi dans le quotidien berlinois BZ sur une éventuelle visite du président ukrainien le 13 mai à Berlin. Dans son édition de mercredi, la BZ, citant un membre de la police berlinoise, affirmait que Zelensky devait atterrir le 13 mai à Berlin et être reçu avec les honneurs militaires le 14 par le chancelier allemand Olaf Scholz puis par le président Frank-Walter Steinmeier.