Golfe de Guinée: un pétrolier danois attaqué par des pirates au large de Pointe-Noire
29 mars 2023
Un pétrolier danois sous pavillon libérien a été attaqué par des pirates au large du Congo-Brazzaville dans le golfe de Guinée et le contact a été perdu depuis trois jours avec l’équipage de 16 marins, a annoncé mardi son armateur.
Lors de cette attaque intervenue samedi soir à 138 milles nautiques à l’ouest du port de Pointe-Noire, dans les eaux internationales, des pirates ont pu monter à bord du Monjasa Reformer et « la totalité de l’équipage s’est mis en sécurité dans la +citadelle+ » (refuge blindé, ndlr) du navire, a indiqué l’armateur Monjasa.
Aucune communication avec les marins de ce ravitailleur maritime, long de 134 mètres et d’une capacité de 13.700 tonnes, n’a eu lieu depuis, affirme la compagnie dans un communiqué.
Selon les autorités congolaises, trois hommes ont attaqué le bateau, qui se trouvait dans le secteur pour approvisionner des navires en carburant.
« Ce sont trois hommes qui l’ont pris en otage et depuis lors l’équipage n’est plus joignable », a dit un responsable du port de Pointe-Noire contacté par l’AFP.
L’armateur a confirmé ne pas avoir de nouvelles depuis samedi soir, sans pouvoir dire si l’équipage était ou non pris en otage.
« Les communications sont actuellement coupées et nous travaillons avec les autorités locales pour établir une communication et comprendre la situation à bord », précise son communiqué.
Au moment de l’incident, signalé à 22H39 GMT, le navire était immobilisé avec 16 membres d’équipage à bord, selon Monjasa.
Contacté par l’AFP, l’armateur, qui emploie 568 personnes à travers le monde, a indiqué n’avoir aucune information supplémentaire à communiquer, notamment sur les nationalités des marins.
Selon la presse danoise, ce ne sont pas des ressortissants du pays nordique.
Route maritime cruciale
Un « avis de disparition de navire a été émis pour que les bateaux de passage nous signalent s’ils le rencontrent », a déclaré à l’AFP Noel Choong, chef du centre de signalement des actes de piraterie du Bureau maritime international (BMI) en Malaisie.
« Nous encourageons les autorités côtières disposant de ressources à nous aider. Nous avons besoin d’une coopération régionale », a-t-il ajouté.
Route maritime cruciale bordant des pays riches en hydrocarbures, le golfe de Guinée, qui s’étend sur 5.700 kilomètres entre le Sénégal et l’Angola, a été pendant plusieurs années le nouveau point noir de la piraterie mondiale.
Mais les attaques ont baissé dernièrement grâce aux efforts conjoints des pays côtiers et d’Etats européens.
Le Danemark, importante puissance de marine marchande via son géant Maersk, avait notamment envoyé une frégate à l’automne 2021. La mission avait été marquée par une fusillade avec des pirates présumés qui avait coûté la vie à cinq d’entre eux.
En 2022, seulement une vingtaine d’accrochages ont été recensés dans le Golfe de Guinée, selon le Maritime Information Cooperation & Awareness Center. Il y en avait eu 52 en 2021 et 115 en 2020, selon l’organisme d’expertise en sûreté maritime basé à Brest en France, qui y a vu un exemple « encourageant ».
Depuis le début de l’année, deux attaques ont été rapportées dans la zone, la dernière, le 2 mars, selon le BMI.
L’affaire du Monjasa Reformer montre que « les problèmes de piraterie au large de la côte ouest de l’Afrique sont loin d’être résolus », a estimé mardi l’Association danoise des armateurs.
Avec la guerre en Ukraine, « nous comprenons parfaitement (…) que la capacité militaire navale du Danemark soit nécessaire ailleurs », a-t-elle ajouté. Mais, selon elle, les pays ayant des navires dans la région, européens « en particulier, devraient coordonner davantage leur présence, afin de couvrir au mieux cette vaste zone ».
La plupart des attaques de ces dernières années ont été menées par des malfrats nigérians qui se lancent à l’assaut des navires à bord d’embarcations rapides. Certains ont capturé de plus grands navires de pêche qu’ils utilisent comme base pour leurs vedettes rapides afin d’effectuer des raids plus loin en mer.
AFP