Ghana: sur les traces de Kwame Nkrumah en Guinée

Ghana: sur les traces de Kwame Nkrumah en Guinée

27 avril 2022 Non Par LA RÉDACTION

 

Vue de la villa habitée par Kwame Nkrumah durant 6 ans à Conakry.
Vue de la villa habitée par Kwame Nkrumah durant 6 ans à Conakry. © RFI/Matthias Raynal

Il y a 50 ans, jour pour jour (le 27 avril 1972), disparaissait Kwame Nkrumah, premier dirigeant du Ghana indépendant. L’homme politique était aussi un penseur dont l’œuvre panafricaniste continue d’inspirer le continent. De 1966 à sa mort en 1972, il vit en exil à Conakry. Reportage sur les traces de Kwame Nkrumah et de son séjour guinéen.

De notre correspondant à Conakry,

Une plaque discrète à l’entrée d’une villa. Voilà ce qu’il reste de Kwame Nkrumah à Coléah, où il a passé cinq ans. Un ancien du quartier se souvient. « Kwame Nkrumah, pour le voir, il fallait descendre en bord de mer. Il s’arrêtait souvent là-bas, mais il était craintif. Il vivait dans la hantise que quelqu’un vienne pour lui régler son compte. Il était un peu paranoïaque », se souvient-il.

Et il a de quoi être méfiant. Il a échappé à sept tentatives d’assassinats. Une coupe afro, mangée par la calvitie, Kwame Nkrumah descend de l’avion accueilli par son ami, son allié Ahmed Sékou Touré. Au Ghana, les militaires ont pris le pouvoir. Nous sommes le 2 mars 1966, Kwame Nkrumah vient d’atterrir à l’aéroport international de Gbessia-Conakry.

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« Nkrumah n’était pas isolé… »

Une salve de 21 coups de canon salue l’arrivée de celui qui occupe la fonction de co-président de la Guinée. « Sékou Touré lui avait fait cet honneur donc il faisait des allocutions politiques… », se rappelle Justin Morel Junior, journaliste guinéen, né en 1950. « Il voulait encore du pouvoir et il avait envie de revenir, mais les forces qui l’avaient obligé à quitter le Ghana restaient beaucoup trop solides. »

Mody Sory Barry, écrivain, a travaillé sur l’œuvre de Kwame Nkrumah. « Pendant son séjour à Conakry, Nkrumah n’était pas isolé, contrairement à ce que pensent certains », explique-t-il. « À cette époque, la Guinée est très fréquentée, tous les mouvements de libération viennent dans le pays et passent du temps chez Nkrumah. Et puis, Nkrumah est un intellectuel. Ici, il s’est consacré à l’écriture. Il a rédigé cinq ouvrages à Conakry. Son séjour a été très fécond. »

« Une atmosphère lourde, profonde, sublime »

Le 27 avril 1972, il meurt d’un cancer. « Le peuple était en deuil, le pays aussi. C’était une atmosphère lourde, profonde, sublime », décrit Justin Morel Junior« C’était la disparition d’un homme dont l’existence allait rester une symphonie inachevée, un regret pour ce qu’il aurait pu faire, ce qu’il aurait pu être, pour lui et pour les autres. »

Un hommage officiel lui est alors rendu au Palais du Peuple, puis au Stade du 28 -Septembre, avant que sa dépouille ne regagne son pays d’origine